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Le sommet où le modèle allemand s’est bloqué
Le sommet européen qui a décidé la répartition des grands postes qui structurent l’Union européenne a été aussi riche en rebondissements qu’une crise politique ouverte dans un Etat-Nation. C’est la première fois qu’un tel sommet dure autant. Et qu’il connait un tel retournement de situation. Tout cela a été dilué en France par une opération médiatique d’extase qui fonctionna comme une diversion. Ici ce fut sur le thème des femmes à la tête des grands postes. Naturellement c’est très marquant. Moins nouveau qu’il y parait dans une zone où les femmes ont déjà été avec Merkel chancelière d’Allemagne et, avec Thatcher, de Grande-Bretagne. Ce furent de salutaires précédents ! Ils ont montré combien l’argument des femmes qui « font de la politique autrement » est vide de sens. Femmes et hommes politiques font la politique du programme de leur parti. Mais c’est un franchissement de cap important que cela soit dorénavant ainsi au sommet de l’Union européenne. Pendant l’extase médiatique française, la presse européenne fut plus critique et acide de bien des façons. Car toute l’Union s’est fait rouler par un marchandage sans visée connue pour l’avenir. Et les apparents bénéficiaires du marché conclu, c’est-à-dire les gouvernements français, allemand ou espagnol ressortent bien malengroins en dépit des apparences.
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Ce mépris pour toutes les régulations étatiques est en train de muter. Désormais, de nombreux signes indiquent la volonté de ces multinationales de remplacer les Etats. Récemment, Facebook a posé les pierres pour s’en attribuer deux des plus importantes caractéristiques. Début juillet, son patron, Mark Zuckerberg, a annoncé la création d’ici la fin de l’année d’une « cour suprême » de la plateforme. Composée de juristes et de personnalités qualifiées choisies par son entreprise, cette instance mondiale aurait pour tâche de trancher les cas de modération les plus litigieux. Et donc de produire une jurisprudence et donc un droit mondial dont la source serait privée.
Quelques semaines plus tôt, le 18 juin, Facebook avait annoncé le lancement de sa propre cryptomonnaie utilisables pour toutes les transactions en ligne. Le pouvoir de battre monnaie est depuis des siècles une prérogative des Etats. C’est même, avec le monopole de la violence une compétence qui a fondé les constructions étatiques. Le projet des GAFA n’est pas seulement de tricher avec les Etats mais de les remplacer. Ils peuvent compter sur les libéraux de France et d’ailleurs pour leur faciliter la tâche.