Régis Portalez est un homme dangereux. Heureusement, la Garde des Sceaux et le procureur du tribunal de grande instance de Paris, son relais répressif zélé, veillent et sont décidés à le mettre hors d’état de nuire.
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Pendant sa scolarité, et comme tous ses condisciples il portait dans les cérémonies, officielles ou non, le fameux uniforme bleu très foncé (noir?) assorti du bicorne à cocarde avec l’épée au côté. Ce n’est pas un uniforme militaire, simplement une tenue civile que la tradition autorise à porter une fois l’école quittée, dans les occasions qui le méritent : cérémonies familiales, mariages, réunions d’anciens élèves etc. etc. Il se trouve que Régis Portalez a été touché par le surgissement du mouvement des gilets jaunes, et qu’il a souhaité faire part à cette France d’en bas de sa solidarité et de sa gratitude. Parce que ce diplôme prestigieux, il le doit évidemment à son talent, mais aussi aux citoyens de ce pays qui l’ont financé. Il a trouvé logique de saluer leur combat pour la dignité et de leur dire merci et quel meilleur moyen que de se rendre dans une de leurs manifestations, revêtu de cet uniforme si reconnaissable. On imagine aisément que sentimental, il a aussi pensé au précédent dont rend compte le célébrissime tableau de Delacroix « la liberté guidant le peuple » ou apparaît sur la barricade le bicorne d’un de ses condisciples de 1830. Un peu tendu au départ il se demandait ce que serait l’accueil. Ce fut chaleureux, fraternel et reconnaissant pour ce message de si belle allure qui disait beaucoup.
Que n’avait-il fait malheureux ! Fraterniser avec la foule haineuse, oser dire à la France d’en bas qu’il n’y a qu’une seule France, exprimer une opinion politique contraire à celles d’Emmanuel Macron ? Mais Monsieur, non seulement c’est interdit, mais c’est une infraction pénale qui doit être réprimée sans pitié. ...