Cette semaine aura été celle d’un bras de fer d’une exceptionnelle intensité entre le gouvernement et la société. La grève reconductible continue et s’étend à de nouveaux secteurs inhabituels. Une jonction entre classes moyennes et milieux populaires s’opère dans une revendication sociale commune. Les pratiques et rencontres interprofessionnelles se multiplient sur le terrain. Ce sont alors des mots et des pratiques partagés qui en résultent et font culture commune. La jeune classe salariée est celle des « 80% d’une classe d’âge au bac ». Ça s’entend ça se constate. C’est la génération qui se sait sans avenir professionnel dans ce modèle économique. Ce sont aussi bien des fois les premières générations clairement et irréversiblement déclassées par rapport à leurs parents. Les premiers qui ont une claire conscience des discriminations dont ils font souvent l’objet.
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les médias inspirent désormais une méfiance très bien ancrée. Et c’est vital pour nous. Une fois que cet émetteur est neutralisé, nous n’avons plus rien en face de nous. C’est bien la raison pour laquelle a commencé pour nous froidement et méthodiquement il y a désormais plus de dix ans une lutte idéologique sans faiblesse. François Delapierre et moi, nous demandions d’identifier comme un « parti médiatique » répétant des slogans, des éléments de langage et des campagnes de diabolisation. Le « Parti médiatique » selon l’expression d’Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, les théoriciens du populisme a évidemment mené sa propre bataille de dénigrement contre les insoumis et leur porte-parole mais aussi contre tout ce qui bouge dans le pays contre le libéralisme. Il s’est arc-bouté pour introduire sans cesse des débats venimeux et sans issue. On ne doit pas sous-estimer le mal qu’ils ont fait dans ce domaine, ni les digues qu’ils ont rompues sciemment ! Qui peut oublier les accusations la semaine dernières contre les « islamo-syndicalistes », les accusations de « terrorisme » contre les grévistes. Sans oublier naturellement le sketch sans fin de l’accusation d’antisémitisme à tout propos, balayant tout et n’importe qui. Rien de tout ça n’est devenu possible sans que les médias aient auparavant banalisé le pire vocabulaire sur la scène publique.