La quasi-totalité des candidats aux élections européennes revendiquent une fibre écologiste, tandis que l’idée de « banque européenne du climat » bénéficie d’un relatif consensus. L’économiste Thomas Porcher s’interroge sur la réalité que masque cet affichage dans les programmes électoraux.
Thomas Porcher est économiste, membre du collectif Les économistes atterrés. Il a publié Traité d’économie hérétique : en finir avec le discours dominant (Fayard, 2018) et participé à Macron : un mauvais tournant (Les économistes atterrés, Les Liens qui libèrent, 2018).
...
il ne faut pas être naïf. Derrière ces chiffres, il y a beaucoup d’effets de manche démagogiques. Peut-on penser sérieusement que LREM ou le PS vont sortir des centaines de milliards d’euros pour l’Europe alors que, lorsque ces partis gouvernent en France, ils n’arrivent jamais à trouver de l’argent pour l’écologie ? Rappelons qu’en 2018, la deuxième plus forte réduction de fonctionnaires a frappé le ministère de la Transition écologique. Idem pour le PS, qui avait réduit les dotations du ministère de l’Écologie, entraînant le limogeage de Delphine Batho lorsqu’elle s’en était plainte.
...
Ce qui est bien avec la « banque du climat », c’est que ça ne dérange personne et donc que tout le monde est d’accord. Mais, dans les faits, cela soulève pas mal de questionnements, notamment sur la pertinence des projets à financer. Il y a des risques que cette banque finisse par financer les EPR d’EDF parce que certains jugent que le nucléaire est la solution au réchauffement climatique. D’ailleurs, qui aura la compétence pour définir ce qu’est une bonne transition énergétique à l’échelle européenne ? Avant de faire une banque du climat, il faudrait peut-être dresser une liste précise de ce qui rentre dans la transition écologique ou pas, pour fermer la porte à tous les types d’écoblanchiment.
...