Durée de lecture : 9 minutes
Clés : Forêts Luttes
Plusieurs centaines de feuillus ont été plantés sur une parcelle coupée à blanc dans la Nièvre à la suite de l’Appel pour des forêts vivantes. Les épicéas y ont été ravagés par les scolytes et le propriétaire veut y implanter un autre résineux, le douglas. Une monoculture uniquement justifiée par le profit, selon l’association Adret Morvan, à l’origine de l’action.
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les autres méfaits de l’enrésinement massif et des coupes à blanc qui y sont associées : l’alerte des pompiers sur le risque accru de feux de forêt avec des résineux plantés à une altitude plus basse que leur aire naturelle, ce qui les rend plus sensibles au changement climatique et au dessèchement que les feuillus, l’impact sur la biodiversité, que ce soit la flore ou la faune avec par exemple des chevreuils qui doivent migrer, les coupes précoces pour que les troncs soient adaptés aux machines forestières pas calibrées pour les gros diamètres, le fait qu’une plantation de douglas pourrait ne pas stocker de CO₂ car ils sont coupés trop jeunes [1], les sols à nu qui vont raviner aux premières grosses pluies et qui risquent de devenir des champs de cailloux, l’impact sur les sources, les aiguilles de résineux qui mettent beaucoup plus de temps que des feuilles à se dégrader et à former l’humus, etc.
« Une catastrophe écologique organisée »
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Notes
[1] Plusieurs études semblent montrer que des plantations jeunes ne présentent pas un bilan positif d’absorption du CO₂, comme le rapporte l’INRAE (voir p. 43) https://inventaire-forestier.ign.fr/IMG/pdf/419211-628db-resource-etude-forets-bois-et-changement-climatique-annexes-au-rapport.pdf ou ce rapport de Canopée (p. 9) https://www.canopee-asso.org/wp-content/uploads/2020/02/Rapport-WEBfor%C3%AAt-climat-Fern-Canop%C3%A9e-AT_Optimizer.pdf.
Tribune — Nucléaire - Durée de lecture : 7 minutes
Alors que s’ouvre le procès de sept militants opposés au projet d’enfouissement des déchets nucléaires Cigéo, à Bure, une vingtaine d’associations, organisations et collectifs pour le climat appellent dans cette tribune à sortir du nucléaire pour aller vers une transition écologique, énergétique et démocratique profonde.
... dont Greenpeace, Alternatiba, Les Amis de la Terre France, ANV-COP21 ou Attac France ... pour sortir du nucléaire.
Le nucléaire pour sauver le climat ? Le croire est au mieux une illusion techniciste, au pire une terrible hypocrisie. Si la filière nucléaire tente plus que jamais de se repeindre en vert, cela n’a rien d’un souci sincère ou vertueux. C’est le fruit d’un choix stratégique et foncièrement politique. La filière sait qu’elle joue sa survie en vantant ses faibles émissions de CO2, au moment où des centaines de milliers des personnes ont repris la rue le 9 mai dernier pour dénoncer l’inaction climatique du gouvernement et le sabotage des propositions de la Convention citoyenne pour le climat. Acculée après la faillite d’Areva, le scandale Uramin et les déboires d’EDF sur ses chantiers de construction d’EPR, elle a trouvé dans l’argument climatique le nouveau moyen d’assurer sa pérennité et son emprise.
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Face à l’incendie climatique, Emmanuel Macron préfère allumer des contre-feux et fait comprendre depuis des mois son intention de relancer l’industrie nucléaire. En faisant diversion avec le nucléaire, le gouvernement cherche à diviser les forces au sein même du mouvement social et du mouvement écologiste.
Une technologie lente, vulnérable, polluante et chère
... nous, associations, organisations, collectifs ne sommes pas dupes. Nous luttons pour le climat et contre le nucléaire parce que nous savons que cette technologie et le modèle qui l’accompagne n’est pas une solution valable pour faire face aux urgences climatiques, sociales et démocratiques.
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pollution des mines d’uranium, qui contamine des territoires entiers. https://reporterre.net/Les-dechets-radioactifs-des-mines-d-uranium-empoisonnent-la-Bretagne À l’autre bout de la chaîne, des centaines de milliers de tonnes de matières et déchets radioactifs s’accumulent dans des hangars, dans les sous-sols et débordent bientôt des piscines. Les pires déchets ultimes, radioactifs durant des centaines de milliers d’années, n’ont aucune solution de gestion satisfaisante à ce jour, ni à Bure, en France, ni ailleurs. On ne peut pas vouloir sauver le climat dans les dix prochaines années en léguant aux générations futures des déchets radioactifs pour cent mille ans. Et que dire de la pollution des terres en cas d’accident ?
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Nous refusons le chantage malsain entre risque climatique et risque nucléaire. Nous ne choisirons pas entre la peste et le choléra. Le monde que porte en lui le nucléaire est inconciliable avec toute forme de transition écologique réelle. Le nucléaire n’est d’ailleurs pas seulement une énergie, c’est un ordre social et économique fondamentalement autoritaire.
Cela fait plus de cinquante ans que nos aînés le disent. Certains comme Vital Michalon ou Fernando Pereira l’ont même payé de leur vie. Partout où il s’impose, l’atome est incompatible avec la démocratie. Il s’étend par la violence et méprise les opinions des populations. Encore aujourd’hui, la manière dont le nucléaire continue de s’implanter en France est inadmissible.
À Bure, contre le projet de poubelle nucléaire, les militant·e·s subissent une répression brutale, indigne d’un État de droit. Des séries de perquisitions ont été menées, des manifestations ont été interdites et sept militant·e·s passeront en procès les 1, 2 et 3 juin pour « association de malfaiteurs ». Ils risquent plusieurs années de prison alors que leur dossier judiciaire est vide, comme l’ont révélé plusieurs enquêtes journalistiques. Le 29 juin, trente-quatre activistes de Greenpeace doivent être jugés à Valence pour le démontage symbolique de la centrale de Tricastin. En 2020, des dizaines d’activistes climatiques ont été poursuivis par un bureau de lutte antiterroriste pour avoir décroché symboliquement des portraits de Macron.
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se battre pour dépasser un système productiviste, extractiviste et néocolonial, où le mythe de « l’énergie bon marché » s’accompagne du pillage des ressources et de la dévastation des écosystèmes et des sociétés des pays des Sud et des zones vues comme « périphériques ». Total s’arrange avec la junte militaire en Birmanie, Orano fait son business au Niger et des délits d’initiés en Namibie avec Uramin.
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55 minutes
Prolongement de son travail déployé dans « Par-delà nature et culture », l’enthousiasmant et majeur livre « Les Formes du visible » explore sous le prisme anthropologique les figurations du monde par le biais des ontologies, ces différentes manières d'être au monde, établies précédemment.
L'anthropologue Philippe Descola publie "Les formes du visible" (ed. Seuil), un ouvrage majeur qui prolonge son travail fourni et développé dans "Par-delà nature et culture".
En s'appuyant sur les quatre ontologies (manière d'être au monde) définies, qui sont l’ontologie animiste (une continuité morale entre humains et non-humains et une discontinuité de leurs dimensions physiques), les cultures totémiques (humains et non-humains sont comparables par le corps et l’intériorité), les cultures analogiques (les humains et les non humains diffèrent à la fois par le corps et l’intériorité) et enfin, l’ontologie naturaliste, qui est celle de notre civilisation (une discontinuité morale et une continuité physique entre humains et non-humains), Philippe Descola s'attèle au champs des images et de ce qu'il appelle, les figurations de ce monde.
Le naturalisme est bien représenté par l’épistémologie néo-kantienne, quant à l'animisme il est représenté par l’ontologie des Achuar d’Amazonie. Elle est diamétralement opposé à notre façon de comprendre le monde. Le totémisme est représenté par l’ontologie des Aborigènes australiens.
Ainsi, il questionne comment naissent les mondes en fonction de telle ou telle ontologie.
Par cet ouvrage Philippe Descola invite à décentrer le regard, à décoloniser la sensibilité. Une manière de rappeler que la nature n'existe pas.
Ce sera aussi l'occasion de parler des luttes contemporaines qui l'intéressent, telle qu'a été Notre Dame des Landes, avec laquelle il fait un éventuel parallèle avec les luttes indigènes en Amazonie.
On en parle avec l'anthropologue Philippe Descola.
Pour aller plus loin :
- "COMPOSER LES MONDES" Un documentaire de création réalisé par Eliza Levy sur la pensée de Philippe Descola https://composerlesmondeslefilm.com/category/projections-rencontres/dates/octobre-2021/ Planétarium #5, Philippe Descola et Eliza Levy Lundi 27 septembre 2021, 18h30, Cinéma Dédié à croiser les regards que l’art et les sciences sociales portent sur les mutations du monde, le cycle Planétarium s’ouvre cette saison avec l’anthropologue Philippe Descola : autour de son nouveau livre Les Formes du visible (Seuil, 2021) et du documentaire qu’Eliza Levy consacré aux leçons écologiques de sa pensée, Composer les mondes.
- « Bolsonaro est en train de faire adopter un arsenal législatif qui démantèlera les droits des Indiens sur leurs terres » Tribune dans Le Monde https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/08/bolsonaro-est-en-train-de-faire-adopter-un-arsenal-legislatif-qui-demantelera-les-droits-des-indiens-sur-leurs-terres_6093832_3232.html
Les invités Philippe Descola, Anthropologue
L'équipe Thierry Dupin Programmateur musical Valérie Ayestaray Réalisatrice Chantal Le Montagner Chargée de programmes Lucie Sarfaty Chargée de programmes Anna Massardier Attachée de production Camille Crosnier Journaliste et chroniqueuse
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Le mercredi 15 septembre2021, Jean-Luc Mélenchon et une délégation d’élus insoumis étaient à Vaux-le-Pénil pour soutenir les salariés en lutte de TRANSDEV. L’occasion pour lui de dénoncer la privatisation des transports, mais également de saluer le courage des salariés en lutte contre l’exploitation du capital.
Le leader des insoumis a commencé par rendre hommage au combat syndical. « Tout d’un coup quand ça va mal, là on va chercher le syndicaliste. Tous les matins le syndicalistes se lève et se demande comment faire. Tous ceux là il faut leur faire la fraternité. Tout ce qui va chaud au cœur et aide à tenir debout. À la maison, je sais que c’est dur. C’est bien qu’il y ait une caisse de grève, nous participerons » (voir ici : https://www.cotizup.com/mec-grevistes).
Les salariés de TRANSDEV, groupe multinational français de transport, dénoncent les conséquence de la privatisation de leur groupe : des centaines d’euros en moins sur la fiche de paye à la fin du mois, des amplitudes horaires insoutenables, des journées commençant à 6 heures du matin et se terminant à 20 heures le soir (jusqu’à 14 heures travaillées dans une même journée !), pour un salaire de misère au profit des actionnaires.
Le leader des insoumis a souligné le courage de ceux qui luttent. « Je veux souligner les aspects humains de la lutte : ça fait peur. Mais quand on est plusieurs à avoir peur, on a moins peur. C’est normal d’avoir peur quand on est seul. On est toujours plus fort ensemble. Une seule limite à l’exploitation : la résistance à l’exploitation ».
Jean-Luc Mélenchon a dénoncé la privatisation des transports : « la concurrence ne règle absolument rien dans les situations de monopole. La concurrence va baisser les prix ? Ce n’est pas vrai. La concurrence va baisser les prix ? Ce n’est jamais vrai. Ils ont privatisé le gaz, son prix a augmenté de 50% en 10 ans. Pareil pour l’électricité. » Le leader des insoumis a pris l’exemple de l’Angleterre et de l’Écosse, deux pays « où ils ont tout privatisé, et rien ne marche ». Et a rappelé à juste titre, que l’Angleterre et l’Écosse étaient en train de renationaliser le transport. L’inverse de la France, conséquence notamment de la loi de privatisation de la SNCF du début du quinquennat, avec des traductions concrètes comme la récente privatisation de la ligne de train Marseille / Nice.
Le candidat à la présidentielle, a ensuite prononcé un véritable hommage au combat du travail contre l’exploitation du capital. « Il n’y a pas de vain travail. Même si il est dur, même si il est ingrat, on aime bien faire son travail. Quand vous vous battez, vous ouvrez un cycle. Ils (le capital) reçoivent un signal : tout n’est pas permis, il y a une résistance, une classe ouvrière, des travailleurs capables de se défendre. Je vois la jeune génération, sa composition sociale, il y a de plus en plus de femmes. La population s’unifie dans la lutte ».
Le leader des insoumis a ensuite dénoncer la vision du monde d’Emmanuel Macron, résumée par sa sortie du 7 janvier 2015 « il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires ». Un seul rêve, l’accumulation du capital qui détruit l’humain et la planète ? Jean-Luc Mélenchon : « Rêver d’être milliardaire ? C’est immoral. Moi je n'ai jamais rêvé d’argent. Vous vous êtes déjà vu une nuit rêver de faire un chèque ? On rêve de tout, on rêve d’amour, de ci, de ça, mais de fric ? Être milliardaire ? Pour quoi faire ? Je connais des gens qui rêvent de devenir ingénieur, médecin, qui veulent se rendre utile aux autres, mais un milliardaire ça ne sert à rien, c’est un parasite. Il est milliardaire parce qu’il a beaucoup pris aux autres ».
Le candidat à l'élection présidentielle a conclu sur ces mots : « On avait envie d’être là. Je vous parle franchement. Quand je vois vos têtes, je vois la France comme moi je l’aime. Celle de Jean Ferrat. On sait que le monde qu’on prépare, c’est nous qui le faisons. Si on ne fait rien, rien ne sera fait. Si on ne se bat pas, ils nous dépouillerons autant qu’ils peuvent. Avant nous, les aînés ont fait le travail. Je pense à la résistance, à la longue histoire des luttes. Jamais rien n’a été acquis dans la vie, autrement que par la lutte des travailleurs. Aucun progrès n’a été acquis, autrement que par la lutte des travailleurs. Leur visage, simple et humble, leurs mains usées, leurs corps et leurs esprits, tout cela a été donné pour construire le monde qui nous entoure ».
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En 2009, Corinne Morel Darleux a rejoint le Parti de gauche, cofondé par Jean-Luc Mélenchon sur la base d’un rassemblement « des socialistes, des communistes, des écologistes, des trotskystes et même des libertaires1 » ; en sa qualité de secrétaire nationale, elle a bientôt supervisé le courant écosocialiste en son sein. Dix ans plus tard, l’élue au conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes n’officie plus à la direction du PG et a quitté la France insoumise. Le péril écologique exige à ses yeux de s’ouvrir à tout ce que la société produit de luttes au quotidien. Son premier livre, Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, n’est pas un bilan à mi-parcours : une virée politique et littéraire, plutôt, une réflexion à la fois individuelle et collective sur le techno-capitalisme et l’« effondrement » — celui de la civilisation industrielle telle qu’elle s’est constituée depuis plus de deux siècles —, dont elle envisage la venue sans baisser la garde. Nous avions publié l’an passé son carnet de bord au Rojava ; nous discutons aujourd’hui de la résistance à l’air du temps.
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de nombreuses fautes ont été commises. L’écosocialisme comme cap politique a été délaissé, la démocratie sociale dans l’entreprise n’est plus portée, la lutte des classes comme marqueur de gauche a été écartée alors que la nécessité d’une écologie anticapitaliste et idéologiquement sans ambiguïtés n’a jamais été aussi essentielle face à l’essor de la collapsologie et aux menaces d’effondrement. Même sur l’environnement, il y a eu régression. On avait construit une approche beaucoup plus systémique…
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Il y a aujourd’hui un rétrécissement de la pensée dans le champ traditionnel de la politique, et le centre de gravité de l’action politique est en train de s’éloigner des partis et des syndicats, des formes traditionnelles de mobilisation. Tout est à revisiter de fond en comble. J’espère que tout le monde y est prêt, maintenant.
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vous n’exaltez plus la conquête du pouvoir central mais vous ne vous en remettez pas uniquement aux marges. On peut avancer sur deux tableaux, ménager la chèvre électorale et le chou de la sécession ?
On est bien obligés. Même si c’est aujourd’hui dans les interstices que je sens la plus grande vitalité, pour l’instant l’État existe, et c’est encore lui qui assure, de moins en moins correctement certes, les réseaux de soins et de distribution dont on a besoin. Je crois toujours que les services publics sont le patrimoine de ceux qui n’en ont pas, que l’impôt devrait être redistributif et que l’État est censé être le garant de la solidarité nationale. Ce n’est pas parce que les gouvernements sont de plus en plus contaminés et faillissent à ces tâches qu’il faut rejeter ces missions-là, et encore moins les leur abandonner. Il n’y a qu’à voir le désastre qui se produit quand les services de santé de proximité, des maternités ou des gares ferment. Très peu de personnes sont autonomes aujourd’hui en termes de subsistance, et dans certains domaines aucune communauté isolée ne le sera jamais. On a donc besoin de mécanismes de solidarité et d’organisation à des échelles plus larges. Et on a aussi besoin d’une stratégie de conquête du pouvoir, pour s’assurer que la loi qui régit la vie en société ne contrevient pas aux besoins les plus fondamentaux, qu’elle ne tue pas les alternatives… une loi émancipatrice qui protège le faible du fort. Tout le contraire de ce qu’on voit aujourd’hui avec la présidence Macron, en somme, que ce soit sur le plan social, démocratique, économique ou environnemental. Et comme on n’arrivera ni à infléchir ni à convaincre les pouvoirs en place, le choix est simple : il faut prendre leur place.
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je doute de plus en plus que le bulldozer d’en face nous laisse un jour la chance de gagner par la voie institutionnelle. Jouer le jeu, c’est se faire piéger : les dés sont fournis par les vainqueurs. Mais même si mes affinités me portent plus du côté révolutionnaire que de celui de la co-construction de la norme, il ne s’agit pas de se faire plaisir avec des postures romantiques : tous ces scénarios doivent être envisagés, dans un souci d’efficacité.
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l’abandon du terme de gauche continue à me sembler une erreur et le « populisme » un signifiant vide qui peut être repris par n’importe qui, à commencer par le RN. Se réclamer du peuple ne fait pas un projet politique. Et je ne crois pas qu’il existe aujourd’hui un peuple constitué dans le pays. Développer une conscience de classe pour que ce peuple se forme et puisse se soulever, ça a toujours été une des missions de la gauche. Passer de la gauche au populisme, c’est sauter cette marche par facilité. C’est un choix dangereux.
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la présence de notre groupe d’élu·es en Auvergne-Rhône-Alpes est essentielle, pas juste symbolique. D’abord, parce qu’on arrache quand mêmes de petites victoires jubilatoires qui font du bien à un tas de gens, on le voit aux retours qu’on reçoit, mais surtout parce qu’on peut relayer, informer de ce qui se passe, fédérer des luttes et les mettre en réseau, se faire l’écho d’autres manières d’envisager la politique et d’exercer un mandat
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Dans certains milieux, on a tendance à confondre radicalité et radicalisme. J’ai été très marquée récemment par un texte issu du livre Joyful militancy et publié sous forme de brochure https://expansive.info/Defaire-le-radicalisme-rigide-1364 par le site de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Il part de la célèbre anecdote d’Emma Goldman https://www.revue-ballast.fr/labecedaire-demma-goldman/ envoyant balader un militant qui lui reprochait de danser, attitude jugée trop frivole pour une agitatrice révolutionnaire ... C’est ce que les auteurs de Deep Green Resistance appellent aussi l’« hostilité horizontale » : cette capacité à se taper dessus en famille pendant que le camp d’en face détruit tout ce qu’on n’a pas déjà cassé nous-mêmes ... si on les regarde bien en face, ces divergences ne suivent plus les lignes de clivage partidaire. Il y en a au sein de chaque mouvement. La laïcité à la FI, le rapport au libéralisme ou à la politique des petits pas à EELV, l’écologie et le productivisme au PCF, le rôle de l’État ailleurs… Il ne faut pas les minimiser ... Quand, en revanche, on s’organise sur le terrain pour mener des luttes de résistance, contre la privatisation des barrages, la fermeture d’une maternité, un bétonnage de terres agricoles, pour le référendum ADP, en soutien aux gilets jaunes ou à des syndicalistes condamnés, c’est plus facile. Sur les actions Alternatiba ou Extinction Rebellion, il y a des drapeaux noirs, des insoumis, des écolos, des déçus et des perdus. Récemment, j’ai aidé à la constitution d’un appel de soutien aux décrocheurs de portraits présidentiels : ont signé des gens aussi différents que Frédéric Lordon, Pablo Servigne, Alain Damasio, Jean-Luc Mélenchon, Cyril Dion ou Juan Branco. C’est encore dans la solidarité qu’on est les meilleurs.
Pour avancer vers ce « but commun », vous proposez trois axes : refuser de parvenir, cesser de nuire, dire la dignité du présent ... une émancipation de la tutelle et de l’autorité, qu’elle soit exercée par l’État ou par une communauté d’intérêts. Un petit coup d’Opinel dans la toile des conventions. Il a donc une portée subversive. Refuser de parvenir dans ce système, c’est réinvestir sa souveraineté d’individu, passer de la soumission à l’action. C’est une première brique de l’émancipation collective. Cesser de nuire a un intérêt collectif clair : celui de la lutte contre l’hubris2 qui est en train de détruire les conditions d’habitabilité de la planète. Notre avenir commun passe fatalement par une réduction des consommations globales. Plus on tarde, plus cette réduction s’apparentera davantage à une pénurie subie, plus elle sera violente et inégale. C’est déjà le cas. Et entre l’augmentation de notre empreinte écologique et la réduction de la biocapacité de la planète, ça ne peut qu’empirer. Il y a donc un impératif à la fois éthique et politique à effectuer une meilleure répartition des ressources qu’il nous reste, celles qu’on n’a pas encore saccagées. Refuser de parvenir, cesser de nuire, peuvent servir de principes dans ce grand partage à établir. C’est le sens le plus profondément politique de l’émancipation humaine : celui de transformer ses difficultés individuelles en une force collective. Emma Goldman l’a magnifiquement formulé : les moyens employés pour mener la révolution doivent être à l’image du projet poursuivi. Je ne vois pas comment on pourrait dissocier l’éthique individuelle de l’exercice politique, la fin des moyens. Ou plutôt je le vois très bien, hélas, et ça produit des monstres.
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se replonger dans l’« individualisme social » de l’anarchiste Charles-Auguste Bontemps, qui prônait « un collectivisme des choses et un individualisme des personnes ». Il est en tout cas certain que cette réconciliation des deux dimensions individuelle et collective a cruellement manqué aux grandes « familles » politiques, coincées entre le choix binaire de l’émancipation par le groupe ou de l’individualisme libéral. Nous avons aujourd’hui besoin d’une nouvelle matrice politique sur laquelle puisse se développer une éthique de l’émancipation qui soit à la fois d’intérêt individuel, collectif et, in fine, terrestre. La dignité du présent, enfin, est un moteur essentiel de l’action quand tout semble vain, une raison de poursuivre les luttes même quand l’effondrement semble inéluctable, une tentative de réhabiliter l’élégance du geste.
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Il n’est jamais trop tard. Même s’il est aujourd’hui certain que le monde tel que nous le connaissons touche à sa fin, on sait aussi que chaque dixième de degré supplémentaire aura des impacts pires que le précédent, et que les plus précaires seront les premiers à en souffrir. Il suffit de regarder ce qui se passe déjà en Inde ou au Mozambique
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les multinationales se paient https://blogs.mediapart.fr/c-morel-darleux/blog/080519/business-du-chaos-pinkerton-se-leche-les-crocs les services de compagnies de sécurité et affrètent des avions blindés de munitions, de nourriture et de gardes armés. Les milliardaires de la Silicon Valley se préparent des bunkers sécurisés, les puissances internationales achètent des terres arables à l’étranger et préparent la guerre de l’eau après avoir envahi des pays pour s’accaparer leurs puits pétroliers… la lutte des classes n’a jamais été aussi aiguisée
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Que l’effondrement arrive ou non, qu’il soit brutal et systémique ou sectoriel et progressif, tout ce qu’on aura mis en œuvre pour ralentir la destruction du vivant et trouver d’autres manières de faire société ne sera pas vain. ... ce qu’on peut encore faire pour relocaliser la production, développer l’autonomie et la sobriété, refonder la manière dont sont prises les décisions, retrouver notre place dans les écosystèmes, tout ça reste valable, effondrement ou non. C’est juste de plus en plus ardent. Le risque d’effondrement en fait une obligation.
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On ne peut tout de même pas accuser Pablo Servigne d’être à l’origine du dévissage culturel, de la disparition de l’esprit critique et de l’avènement de cette société contre-révolutionnaire, qui n’a pas attendu l’essor de la collapsologie pour se développer ! Ce que je vois, moi, c’est que cela a été un incroyable accélérateur de conscience parmi des gens, et notamment beaucoup de jeunes, que nous n’avons jamais réussi à toucher avant. Il faut le reconnaître honnêtement. Après, oui, je rejoins Daniel Tanuro sur certains risques — le meilleur texte critique que j’ai lu sur ce sujet, moins surplombant et plus affûté, est sorti dans Barricade http://www.barricade.be/sites/default/files/publications/pdf/2019_etude_l-effondrement-parlons-en_1.pdf. Tout l’enjeu est d’« organiser le pessimisme », selon les mots de Walter Benjamin, de transformer l’émotion en lutte politique ... parler d’écosocialisme, à faire le lien entre la destruction du vivant et le capitalisme, à organiser des actions collectives, à soutenir résistances et alternatives
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sans être antispéciste, vous avez fait « un grand pas de côté » sur la question ... des réflexions que j’approfondis notamment au contact de l’équipe de la revue Terrestres, très empreinte des travaux de Descola, ou par mes activités à la Région sur la forêt, la chasse, le loup, le pastoralisme, les réserves biologiques intégrales et les espaces en libre évolution de l’ASPAS [Association pour la protection des animaux sauvages]. Mais je me méfie aussi des phénomènes de contre-balanciers qui sacralisent la Nature et voudraient la couper des humains, ou tout placer sur un pied d’égalité en gommant la notion d’altérité et d’interdépendance ... mon slogan préféré de ces dernières années reste celui repris sur la ZAD : « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend. »
Renvois
1 . Lire le discours de lancement du PG.
2 . Démesure.
3 . Civilisation fondée sur une économie et une industrie qui fonctionnent grâce aux énergies fossiles (charbon, gaz naturel, pétrole, etc.).
4 . Immunisation, insensibilisation à quelque chose par la force de l’habitude.
REBONDS Lire notre
- entretien avec Daniel Tanuro : « Collapsologie : toutes les dérives idéologiques sont possibles », juin 2019
- article « Dire le monde à défendre », Roméo Bondon, juin 2019
- entretien avec Pierre Charbonnier : « L’écologie, c’est réinventer l’idée de progrès social », septembre 2018
- abécédaire « L’abécédaire de Murray Bookchin », septembre 2018
- entretien avec Danièle Obono : « Il faut toujours être dans le mouvement de masse », juillet 2017
- entretien avec Jean-Baptiste Comby : « La lutte écologique est avant tout une lutte sociale », avril 2017
Ndlr : jugement sévère, excessif sur LFI, pourquoi ? sa déception ? Approfondir ACT
Durée de lecture : 6 minutes
Clés : Climat Luttes
La crise du coronavirus démontre qu’il est possible de changer rapidement le fonctionnement du système ... Afin de forcer nos dirigeants à prendre la mesure de l’urgence, ils proposent d’entrer sans attendre en résistance climatique.
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Notre objectif : une neutralité carbone effective en 2050 (accords de Paris, COP21) via une décroissance énergétique mondiale perceptible dès 2025. Attendu sans succès depuis des décennies, le miracle technologique ne nous sauvera pas. Nous devons quitter le business as usual, synonyme de mort précoce pour des milliards d’humains et d’espèces vivantes.
Nous travaillons à bâtir un rapport de force politique pour sortir du productivisme et du consumérisme destructeurs qui structurent le système économique actuel. Notre ennemi est cette norme sociale actuelle et non les individus
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La stratégie de résistance climatique consiste en cinq phases qui se cumulent :
- Phase 1 - les 4 actions. Nous invitons celles et ceux prêts à adopter ce socle fondateur à nous rejoindre. Ces quatre actions — non exhaustives — sont indispensables à la bascule vers un mode de vie à moins de 2 tonnes de eqCO2, dans les 5 années à venir :
. (1) repenser sa manière de se déplacer et ne plus prendre l’avion, redécouvrir les transports doux et rouler moins de 2.000 km/an en voiture,
. (2) développer la cuisine végétarienne et se nourrir d’aliments biologiques, locaux et de saison, avec de la viande maximum 2 fois/mois,
. (3) réinterroger ses véritables besoins pour limiter les achats neufs au strict minimum,
. (4) agir collectivement en portant des actes politiques traduisant ces choix à l’échelle de la société.
... développer de nouvelles solidarités et à trouver collectivement les adaptations qui constitueront les modes de vie post-pétrole ... cohérence personnelle et action collective se renforcent l’une l’autre.
- Phase 2 - Alliances et influence ... construction d’un nouvel imaginaire donnant à voir ce futur frugal et désirable.
- Phase 3 - Conflictualité et premières victoires. Cette bascule semble encore impossible à beaucoup. La porter et l’incarner est source de tensions avec son entourage ou ses envies immédiates. Cette conflictualité assumée et génératrice de débat s’incarne dans des campagnes ciblées sur des thèmes structurants. Pour commencer : abolir l’aviation de masse (l’avion est le mode de transport le plus émissif et inégalitaire)
- Phase 4 - Mise en œuvre d’une décroissance énergétique nationale coordonnée massive et rapide ... refondre nos sociétés en accompagnant les plus fragiles.
- Phase 5 - Passage à l’échelle mondiale ... atteindre la division par deux d’ici 2030 des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) ...
... Compte tenu des effets d’emballement, dépasser les + 2 °C, c’est jouer à la roulette russe avec le vivant. Cette bataille conditionne toutes les autres, il faut impérativement la gagner ! Par la cohérence personnelle DANS l’action collective, nous pouvons y arriver.
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Liste des 20 premiers signataires soutiennent cette stratégie mais tous n’ont pas encore pleinement mis en œuvre les quatre actions de la phase 1.
Yann Arthus Bertrand, photographe, Aurélien Barrau, astrophysicien, Dominique Bourg, professeur Honoraire à l’Université de Lausanne, Maxime de Rostolan, fondateur de Fermes d’avenir, Cyril Dion, réalisateur et militant écologiste, Gaël Giraud, directeur de recherche CNRS, Delphine Grinberg, cofondatrice de Paris sans voiture, Bruno Latour, sociologue, anthropologue, philosophe, Charlotte Marchandise, entrepreneuse, Marie-Antoinette Mélières, physicienne, climatologue, Stéphanie Monjon, enseignante-chercheuse en économie, Magali Payen, fondatrice d’On est prêt, Pierre Rabhi, paysan, agroécologiste et écrivain, Cécile Renouard, philosophe, fondatrice Campus de la Transition, Marie Sabot, cofondatrice de We Love Green, Pablo Servigne, chercheur interdépendant, Agnès Sinai, fondatrice de l’Institut Momentum, Marie Toussaint, fondatrice de Notre affaire à tous, Gildas Véret, permaculteur, cofondateur de Résistance climatique, Françoise Vernet, présidente de Terre & Humanisme.
Liste complète sur resistanceclimatique.org.
Ndlr : Moins de 2 tonnes de eqCO2, c'est par an ? ACT
Un plan sensé est proposé, il place cette orga dans celles qui PLPDLA+
Mais depuis plus d'un an, qu'a donné cette idée de "forcer" ? Rien ou presque ?!
N'est-ce pas notamment parce qu'il manque une articulation et une synthèse de toutes les propositions (celle-ci, la politique élective, le militantisme, etc), alors que l'intention était là (bâtir un rapport de force politique pour sortir du productivisme et du consumérisme) ?
La notion de phase laisse entendre un séquencement des actions. Y a-t-il une raison qui empêcherait de tout mener en parallèle ? N'est-ce pas l'intérêt d'une approche HOLISTIQUE ET HOLOMIDALE ?
La crise COVID-19 avait démontré qu'on pouvait financer massivement. Cela a-t-il changé durablement la trajectoire économique carbonée ? Malheureusement non, le "business as usual" est toujours là.
Et ne manque-t-il pas la médiation, soit le contraire de l'idée de forçage ?
=> accompagner, questionner ACT
Publié : 19 juillet 2021 à 14 h 30 min
Auteur : entreleslignesentrelesmots
Catégories : Santé, médecine...
Quelques réflexions sur la contestation à la politique sanitaire La situation actuelle - en France mais surtout, « dans la rue », dans les réactions aux annonces, dans les polémiques - amène à la réflexion. Et surtout, devrait inviter un peu plus à l'action de la « gauche de lutte » dans son ensemble. À mon avis il faut calmement mais […]
Durée de lecture : 5 minutes
Clés : Luttes Énergie
Dom 2 jours
Une petite cinquantaine de personnes rassemblées, ce mercredi soir devant le TAP. ... présence de 8 personnes en uniforme.
Comme le précise le communiqué des occupant.es du TAP, l’expulsion est effective et le matériel (banderoles, pancartes, etc.) est stocké au parc des expo de Poitiers. Quelque chose a changé dans la mise en œuvre de la contre-réforme de l’assurance-chômage ? Casteix l’a retiré ? Non, mais pour des raisons de « sécurité », le TAP est maintenant silencieux… en attente des spectacles qui vont redémarrer,… si, si, c’est pour bientôt. Avec des précaires et des intermittent.es pour faire tourner la machine et la contre-réforme de l’assurance-chômage pour alimenter la machine à fabriquer des précaires, sans statut et sans ressources pour vivre…
... surprise, grille qui bloque l’esplanade du TAP ... fait penser aux grilles qui sont maintenant devant les véhicules des « forces de l’ordre » lors des manifestations, à Poitiers et ailleurs… Entre l’aération des salles qui étaient « déficientes » (et depuis un bon moment !) et cette installation, on a peine à comprendre où se situe l’engagement des « autorités politiques » locales dans leur soutien concret aux luttes en cours. Les paroles s’envolent, les actes restent
Connu / https://twitter.com/web86info/status/1392549928837255175
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Greenpeace Poitiers @86Greenpeace · 11 min
#Poitiers articuler lutte #Artistes/#Précaires/#intermittents/#Chômeurs/#Citoyens&crise sociale politique sanitaire
"un quartier populaire qui souffre depuis des années"
#Musique 2 #Rue… un bol d’air à #BelAir
#VendrediDeLaColère/@web86info /dénoncer réforme #AssuranceChômage
web86.info @web86info · 4h [Photos-Vidéos] Colère à “Bel Air” ce 14 mai
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Durée de lecture : 9 minutes Clés Monde ; Luttes ; Politique
Une délégation d’environ 150 zapatistes va quitter le Chiapas, au Mexique. Direction : l’Europe. Des milliers de personnes s’activent pour les accueillir : zadistes, Gilets jaunes, collectifs féministes ou de sans-papiers, militants contre la violence policière... Objectif du voyage : relier les luttes, partout dans le monde.
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Depuis le début de l’insurrection, en 1994 https://www.universalis.fr/evenement/1er-21-janvier-1994-insurrection-zapatiste-dans-le-chiapas/, les zapatistes n’ont quasiment jamais quitté leur territoire. Cette traversée de l’Atlantique est une première. Avec ironie, ils l’ont baptisé « la conquête inversée »
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« L’expérience zapatiste est une utopie réelle, dit l’historien Jerôme Baschet à Reporterre. Elle est une source d’inspiration indéniable. Sa dimension artistique, l’importance qu’elle accorde aux rites et sa manière de lier culture, créativité et révolte sont très originales. Elle peut nous apporter de la force et nous faire réfléchir à nos manières d’agir ici en Europe. »
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rien n’a été officiellement déclaré si ce n’est une manifestation le 13 août 2021 à Madrid. Les zapatistes souhaitent commémorer « à leur manière » la chute de la capitale aztèque Tenochtitlan face aux conquistadors [1], il y a cinq siècles
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Les communautés indigènes ont déclaré la guerre « au productivisme mortifère » du gouvernement, qui se dit pourtant de gauche. Leur écologie assume la conflictualité. Elle est foncièrement anticapitaliste et ancrée dans une quête d’autonomie.
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Comme un pied de nez à « la gauche hétéropatriarcale » [2]. Lorsqu’elle touchera terre, après trois semaines de navigation, c’est une personne transgenre, Marijosé, qui débarquera en premier sur le continent européen — « una otroa », « une personne autre ». Cinq cents ans plus tôt, Christophe Colomb s’était empressé de planter sa croix et de rebaptiser l’île de Guanahaní au nom de San Salvador. Dans une sorte de réplique inversée, Marijosé, elle, affirmera d’une voix solennelle :
« Au nom des femmes, des enfants, des hommes, des anciens et, bien sûr, des zapatistes autres, je déclare que le nom de cette terre, que ses natifs appellent aujourd’hui “Europe”, s’appellera désormais : SLUMIL K’AJXEMK’OP, ce qui signifie “Terre rebelle”, ou “Terre qui ne se résigne pas, qui ne défaille pas”
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Notes
[1] « Le 13 août 1521, la cité de Tenochtitlán (l’actuelle Mexico) cède sous les assauts répétés du conquistador espagnol Hernán Cortés et de ses troupes après trois mois de siège, signifiant l’écroulement de l’empire aztèque et les débuts effectifs de la colonisation espagnole au Mexique », selon Universalis.
[2] Pour reprendre une expression zapatiste.
L’éco à contre-courant Entretien
Entretien avec Frédéric Lordon, économiste et philosophe, à l’occasion de la sortie de son ouvrage Figures du communisme. Une réflexion autour de la fermeture de l’espace social-démocrate, de sa vision du communisme et de la convergence des luttes.
Mots-clés Capitalisme communisme Frédéric Lordon
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Pour lui, la conjonction d’une crise organique au sens gramscien du terme et de la transition écologique rend impossible toute tentative d’aménagement du processus d’accumulation capitaliste
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Selon lui, « l’espace intermédiaire de compromis négocié » qui était le « lieu de la social-démocratie » s’est refermé
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pour définir son « communisme », Frédéric Lordon s’inspire très fortement des idées de Bernard Friot, notamment de son idée de « salaire à vie », rebaptisé « garantie économique générale ». Cette rémunération à la qualification et non plus à l’emploi permet, selon ces deux auteurs, de libérer les travailleurs du marché du travail et de modifier en profondeur le mode de production. Pour Frédéric Lordon, la rupture est donc fondamentale.
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le luxe « de la camelote » capitaliste laisserait la place au luxe du temps, celui qui permet la création. Ce luxe viendrait compenser la nécessité d’une sobriété nécessaire. Contrairement à ce que pense la doxa libérale, Frédéric Lordon, comme Bernard Friot, défend l’idée que la libération des besoins matériels permettra de développer la créativité. Mais il soutient que, dans certains cas, des « contraintes » seront nécessaires et devront donner lieu à des rémunérations en conséquence.
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tente de définir une position concernant l’articulation entre les luttes ...
Vive la Commune ! --- 18 mars 1871 - 18 mars 2021 : les 150 ans de la Commune de Paris - •18 mars 2021 / JEAN-LUC MÉLENCHON
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Ce 18 mars 2021, nous célébrons le 150e anniversaire du commencement de la Commune de Paris. Dans cette vidéo, Jean-Luc Mélenchon rend hommage aux communardes et communards qui ont mené une lutte pour la liberté et l'émancipation humaine dont la lumière brille encore aujourd'hui sur le monde.
Jean-Luc Mélenchon explique ici l'Histoire de la Commune de Paris et son commencement par la résistance à l'envahisseur allemand. Il explique comment les femmes ont été aux avant-postes de la lutte. Il retrace les grandes avancées de la Commune de Paris : la séparation des Églises et de l'État, la réquisition des logements vacants, la création des coopératives ouvrières.
1 026 commentaires
... mesure a été adoptée par le Conseil municipal, le vendredi 18 décembre 2020 ... bannir entièrement les publicités liées à l’industrie fossile (comme le gaz, le pétrole ou encore le charbon), ainsi que pour les vols aériens.
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Etiquettes Amsterdam Avion Changement climatique Climat Pays-Bas Publicité Réchauffement climatique Urgence climatique
Connu / https://twitter.com/86Greenpeace/status/1350575523093770245
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Greenpeace Poitiers @86Greenpeace · 3 min
Amsterdam, modèle / la lutte contre le #RéchauffementClimatique
Occasion ratée de faire la course en tête, Mr @EmmanuelMacron
Vous n'êtes pourtant pas un #Looser d'habitude... #ChangementClimatique #UrgenceClimatique #ZéroPub #Avion #ÉnergiesFossiles #Fr
À Amsterdam, zéro pub pour l’avion et les énergies fossiles : une première mondiale
La capitale hollandaise montre l'exemple en prenant une décision symbolique contre le réchauffement climatique.
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Une Semaine en France - 41 minutes
Ses combats vont de la déontologie des forces de l’ordre à la lutte contre les discriminations en passant part les droits de l’enfant et la protection des droits individuels en général. En ces temps de crise sanitaire, c’est tout sauf un détail…
Portrait de Claire Hédon, journaliste et Défenseure des droits à Paris le 20 juillet 2020. © AFP / Joël Saget
Depuis neuf mois, des mesures sont prises pour tenter d'enrayer la pandémie de Covid-19. Neuf mois d'un régime d'exception, de restrictions. L'état d'urgence sanitaire se prolonge, les fêtes de fin d'année auront lieu sous couvre-feu à l'exception de Noël. On comprend la difficulté qu'il y a à concilier impératif sanitaire et libertés publiques. L'équilibre est-il respecté ? Les restrictions aux droits et aux libertés sont-elles proportionnées ?
Elle a récemment rendu un avis sur le régime juridique de l'état d'urgence sanitaire. Elle y précise que "la banalisation de l'état d’urgence conduit à l’érosion progressive de l’Etat de droit", en insistant sur le fait que le parlement doive continuer d'exercer un rôle de contrôle, que la justice fasse son travail et que l'accès aux services publics soit garanti. Elle nous donne ici son avis sur le contrôle effectué par le parlement, sur le fait de prendre des décisions en Conseil de Défense et sur la prise en compte des avis des citoyens.
Outre la crise sanitaire, nous connaissons actuellement une crise sécuritaire dans une période marquée à la fois par la menace terroriste et des débats sur la déontologie des forces de l'ordre. Si Claire Hédon n'aime pas le terme de "violences policières", elle tente d'oeuvrer en faveur d'un contrôle des forces de l'ordre pour rétablir la confiance entre la population et ces forces de l’ordre.
Enfin, Claire Hédon revient avec nous sur l'ensemble de ses missions : défense des droits des enfants, des libertés individuelles et surtout la lutte contre les discriminations sous toutes ses formes, qu'elles soient liées à la couleur de peau, à un handicap ou à la pauvreté.
Aussi au sommaire de cette émission
Les bonnes ondes, par Sandrine Oudin : quand des commerçants collectent des jouets pour les redistribuer à Noël : c'est l'initiative "range ta chambre !"
Le mix de l'actualité : le résumé sonore de l'actualité de la semaine
Programmation musicale Tiken-Jah Fakoly - Africain à Paris
Thèmes associés Info Politique état d'urgence Claire Hédon
Les références
- En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté écrit par Marie-Aleth Grard (Editions de l'Atelier) https://www.franceinter.fr/oeuvres/en-finir-avec-les-idees-fausses-sur-les-pauvres-et-la-pauvrete
- Zéro chômeur ! Dix territoires relèvent le défi écrit par Claire Hédon(Editions de l'Atelier) https://www.franceinter.fr/oeuvres/zero-chomeur-dix-territoires-relevent-le-defi
Tr.: ...
les correspondants locaux font de la médiation bénévolement
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Convaincue qu'on est plus malins à plusieurs que seuls (intelligence collective). 09 69 39 00 00 ou https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/office#76 (avec 76 comme ex de n° de département)
Les dirigeants français, comme récemment Emmanuel Macron, vantent l’excellence de la filière nucléaire nationale et son caractère indispensable à notre pays. Sauf que cette rengaine n’a plus lieu d’être, pour l’autrice de cette tribune, qui explique en quoi le nucléaire, aujourd’hui, empêche la France de mener une politique énergétique ambitieuse.
Corinne Lepage est présidente de Cap21/Le Rassemblement citoyen ancienne ministre de l’Environnement et avocate.
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les objectifs qui sont les nôtres dans le cadre de notre besoin de développement économique compatible avec l’épuisement des ressources et la priorité à la lutte contre le dérèglement climatique sont contrecarrés par le nucléaire.
ouvrage On n’est pas DUP – Témoignages et récit de la lutte contre la centrale nucléaire du Pellerin relate le combat victorieux contre un projet de centrale à une vingtaine de kilomètres de Nantes, de 1976 à 1983.
Manifestation du 5 décembre : les forces du désordre à l'oeuvre - 6 décembre 2020 - 18H00 | Le Média
Samedi 5 décembre avait lieu une nouvelle journée de mobilisation nationale contre la loi de sécurité globale. A Paris, le cortège rassemble également ceux qui luttent contre la précarité. Mais dès le départ des tensions très importantes ont lieu, provoquées en partie par la lourdeur du dispositif policier.
Au départ de la porte des Lilas, près du périphérique, les organisateurs de la manifestation sont plutôt joyeux. Lundi, la majorité a reculé devant la forte mobilisation du week-end. Elle a annoncé une réécriture totale de l’article 24 en s'enlisant par la même, dans un imbroglio législatif puisque la loi a déjà été votée. Et vendredi, Emmanuel Macron sur Brut, reconnaît enfin que les violences policières existent après l’avoir nié pendant des mois. Cette déclaration provoque d’ailleurs l’ire des policiers qui menacent d’arrêter les contrôles.
Ce contexte explique peut-être en partie l’encadrement dont bénéficie la manifestation. Nasse mobile, gendarmes au contact qui font avancer les gens au pas, dès le début les tensions sont vives. Les forces de l’ordre bloquent la manifestation et subissent des jets de projectiles. Chaque intersection est synonyme de nouveaux heurts avec les policiers. Au bout d’une heure le cortège n’a fait que quelques centaines de mètres et la situation dégénère définitivement. Les forces de l’ordre coupent la manifestation en deux. Une barricade est dressée par des Black Blocs et des voitures sont incendiées. Les manifestants se dispersent pour la plupart sur le lieu même du départ. Quelques-uns arriveront à la place de la République où de nouveaux affrontements auront lieu. Les images des violences ont pu faire le tour des télévisions. Mais si l’objectif de la préfecture était de permettre à la manifestation de bien se dérouler, l’échec est complet.
AFP
1 630 ont signé
Solidarité Femmes a lancé cette pétition adressée à Adressée à Mme Elisabeth Moreno, ministre déléguée à l'égalité femmes-hommes
Strasbourg, 1973. Une jeune femme se défenestre pour échapper aux coups de son conjoint et meurt des suites de ses blessures. Une poignée de proches de la Ligue du droit des femmes se regroupent alors. Armées de colle et de rouleaux, à la nuit tombée, elles inondent la ville de posters affichant « SOS Femmes battues » ainsi qu’un numéro de téléphone. Ainsi naît l’une des premières lignes d’écoute destinées aux femmes victimes de violences domestiques.
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Cette histoire militante coule dans les veines du 3919, désormais ligne nationale unique d’écoute pour les femmes victimes de violences, aujourd’hui porté par un réseau de 73 associations de terrain présentes sur l’ensemble du territoire français : la Fédération nationale solidarité femmes, qui est de plus appuyée par douze associations nationales et leurs réseaux respectifs. Une trentaine d’écoutantes professionnelles viennent recueillir la parole d’environ 2 000 victimes chaque semaine (et même 7 000 appels hebdomadaires pendant le premier confinement).
Solidarité Femmes et son réseau accomplissent depuis 30 ans un travail remarquable au plus près des femmes et des enfants victimes de violences. Le gouvernement veut transformer le soutien financier qu'il versait jusqu'à présent au 3919 en un marché public ouvert à la concurrence alors que les associations réclamaient une hausse de cette aide financière pour permettre de passer à un service 24h/24.
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En signant, je rejoins les signataires de la tribune publiée le 17 novembre 2020 dans le journal Le Monde « Demain, qui répondra aux appels des femmes victimes de violences ? » (lire la tribune sur le site de FNSF) https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/11/16/mettre-en-concurrence-le-3919-c-est-prendre-le-risque-de-faire-vaciller-un-reseau-national-d-associations-de-terrain-et-de-leurs-partenaires_6059945_3232.html.
Liste des premièr·es signataires : Maïté Albagly, ancienne déléguée générale de la FNSF Rebecca Amsellem, économiste et militante féministe Michèle André, ancienne secrétaire d'État chargée des Droits des femmes et de l'égalité des chances entre les hommes et les femmes (1998-1991) Marie-Pierre Badré, présidente du Centre Hubertine Auclert Lauren Bastide, journaliste Catherine Beaunez, dessinatrice et autrice Odile Belinga, avocate
Pascale Boistard, ancienne secrétaire d'État chargée des Droits des femmes (2014-2016) Anne Bouillon, avocate Carmel Castillo, cinéaste Hélène Cixous, écrivaine et dramaturge Caroline De Haas, collectif #NousToutes Marie-Dominique de Suremain, ancienne déléguée générale de la FNSF Edouard Durand, co-président de la commission violences du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes Eric Fassin, sociologue, université Paris-8 Julie Gayet, comédienne et productrice Christelle Hamel, chercheure Natacha Henry, écrivaine féministe Danièle Kapel-Marcovici, PDG du groupe Raja et présidente de la fondation Raja Jean-Louis Laville, chercheur et professeur au CNAM Sylvie Le Bon de Beauvoir, professeure de philosophie et éditrice Valérie Létard, ancienne secrétaire d'État chargée de la Solidarité (2007-2009) et vice-présidente du Sénat Noël Mamère, ancien journaliste et homme politique Patricia Mercader, professeure émérite Ariane Mnouchkine, metteure en scène Janine Mossuz-Lavau, politologue et sociologue Michelle Perrot, historienne, professeure émérite Pascal Picq, paléoanthropologue, Collège de France Nicole Questiaux Laurence Rossignol, ancienne ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes (2016-2017) et vice-présidente du Sénat Ernestine Ronai, co-présidente de la commission violences du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes Suzy Rotjman, militante féministe Moira Sauvage, journaliste et essayiste Isabelle Steyer, avocate Nadine Trintignant, réalisatrice et écrivaine Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre des Droits des femmes (2012-2014) Fatima Zénati, chargée de mission à l'égalité femmes-hommes à l'Université Paris 8 Alice Zeniter, écrivaine
Connue / https://my.framasoft.org/u/ind1ju/?BAS7qw