Entretien – Vidéo 14’12
Depuis quelques jours, une idée émerge du mouvement des Gilets jaunes : le référendum d’initiative citoyenne, ou RIC. Enfumage ou révolution démocratique ?
Les médias dominants ne parlent plus que de ça. Le référendum d’initiative citoyenne semble être plébiscité comme le remède miracle à la colère des Gilets jaunes. Exit les revendications de justice sociale, de justice fiscale ou d’augmentation des salaires, c’est la démocratie directe que les Gilets veulent. Ainsi ce référendum d’initiative citoyenne, sorti inopinément du chapeau, semble également beaucoup plaire au gouvernement. Le Premier ministre Édouard Philippe, dans un entretien donné aux Échos, n’a pas fermé la porte :
« Je ne vois pas comment on peut être contre son principe. Le référendum peut être un bon instrument dans une démocratie, mais pas sur n’importe quel sujet, ni dans n’importe quelles conditions. [1] »
Alors faut-il se battre pour obtenir ce référendum d’initiative citoyenne ? Et veiller à ce qu’il ne soit pas vidé de sa substance par le pouvoir et sa « peur du peuple » ? Possible enfumage, ou changement démocratique à potentiel révolutionnaire ? La France insoumise, qui avait des propositions équivalentes dans son programme « l’Avenir en commun », a déposé mardi 18 décembre un projet de loi constitutionnelle sur le référendum d’initiative citoyenne.
Un entretien de Gaylord Van Wymeersch avec Charlotte Girard, maîtresse de conférences de droit public à l’université Paris Nanterre et membre de Le France insoumise.
journaliste : Gaylord Van Wymeersch
réalisation : Jonathan Duong et Cécile Frey
son : Sylvain Richard et Julien Ar Coz
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Mardi 18 décembre à 10h, suivez en direct la conférence de presse du groupe « La France insoumise » à l'Assemblée nationale. Le groupe parlementaire fera le point sur sa proposition de loi constitutionnelle pour mettre en place le référendum d'initiative citoyenne (RIC).
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Actualités et politique
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Transcription :
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cf le comparatif / GILETS JAUNES ACT
magazines d'actu | 66min | tous publics
Après les annonces du chef de l’Etat et une mobilisation en forte baisse pour l’« acte V », les dirigeants de la majorité reconnaissent que les problèmes soulevés par le mouvement des Gilets jaunes sont loin d’être réglés. Pour y répondre, Emmanuel Macron entend ouvrir un dialogue avec les Français grâce à « grande concertation nationale » dont les contours et la méthode devraient être précisés dans la semaine. Parallèlement, le Premier ministre a détaillé ce lundi dans les colonnes des Echos les mesures du gouvernement en faveur du pouvoir d'achat, dont la hausse de 100 euros net pour les salariés proches du Smic.
On apprend ainsi que le premier versement de cette hausse interviendrait dès le 5 février, « pour compléter le salaire de janvier », via une prime d’activité élargie. Cette hausse ne concernera donc pas tous les salariés au Smic car la prime d’activité tient compte de l’ensemble des revenus du ménage, mais « nous allons élargir le nombre de foyers éligibles à la prime d’activité, qui passera de 3,8 millions à 5 millions » a précisé le Premier ministre.
« Nous avons fait des erreurs » a par ailleurs reconnu le chef du gouvernement, qui estime que le déficit devrait augmenter à 3,2 % du PIB en 2019 en tenant compte des mesures prises face à la crise des Gilets jaunes (SMIC, CSG, heures supplémentaires défiscalisées).
Mais les mesures détaillées par Edouard Philippe suffiront-elles à répondre à la crise ? Et quid du « référendum d’initiative citoyenne » réclamé par les Gilets jaunes ? « Je ne vois pas comment on peut être contre son principe. Le référendum peut être un bon instrument dans une démocratie, mais pas sur n’importe quel sujet ni dans n’importe quelles conditions. C’est un bon sujet du débat que nous allons organiser partout en France. Comme l’est le vote blanc », a expliqué le Premier ministre.
Après une mobilisation en baisse samedi, l’exécutif entend tourner la page en favorisant le dialogue avec les Français. Les appels à libérer les ronds-points et à passer du combat au débat se multiplient du côté du gouvernement, alors que les Gilets jaunes les plus radicaux entendent tenir leurs positions et que certains appellent déjà à un acte VI le 22 voire le 21, jour des 41 ans du président de la République.
Alors un mois après les premières manifestations, quel avenir pour les Gilets jaunes ? Quand seront mises en œuvre les mesures annoncées par le chef de l’Etat ? Qu’est-ce que le « référendum d’initiative citoyenne » ? Verra-t-il le jour en France ?
Invités :
- Pascal Perrineau, politologue
- Claude Weill, éditorialiste politique à Nice-Matin / Var-Matin
- Cécile Cornudet, éditorialiste politique aux Echos
- Marion Mourgue, grand reporter au Figaro
Transcription :
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le gouvernement est coincé entre sa position initiale d'adapter la france à la mondialisation, et les requêtes des GJ qui veulent du pouvoir d'achat et de la reconnaissance.
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/débat : 50 thèmes potentiellement très conflictuels
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~thérapie de groupe des entreprises !
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/GJ pas question de bouger, le compte n'y est pas, volonté de changer complètement la vie politique, RIC, etc
le RIP (référendum d'initiative partagée) en vigueur depuis 2015 n'a jamais été utilisé (185 députés ou 4,5 millions de citoyens)
le RIC défendu par Ségolène Royal (démocratie participative), LFI (inclure le référendum révocatoire) ce que le RN-FN ne veut pas
utilisé >170x en suisse.
On était partis de la taxe sur l'essence. Les groupes locaux d'étienne Chouard ont pesé sur les GJ. Tout est dans les modalités. Posons le principe que consulter le peuple est normal mais le cadrer. vision anarchisante du RIC. Peut être violent dans une société fracturée, alors que suisse apaisée.
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LREM MACRON N'ONT PAS du tout envie d'aller vers un vrai RIC.
RÉanimer la démocratie représentative, délibération sinon dictature du plébiscite++
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accentue la france à deux vitesses :-(
ronds-points délogés par la force ? vu le soutien de la population c'est peu probable
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/concertation Mme Mourraud ok cauchy non, etc
les GJ iront si ont l'impression que c'est sincère, c'est pas dit !
la mairie est légitime pour la plupart des fr & GJ
cahiers de doléances, décentraliser, débats, risque de 1 revendication / personne
GJ variante fr de la >>vague populiste qui balaye toutes les démocraties occidentales (révolte du gueux contre le château !) tous les intermédiaires discrédités.
ça fait ~40 ans on élit l'ardoise magique puis déception >>
la fr des ronds-points et des GJ, les délaissés, ya aussi les foulards rouges
l'hostilité reste minoritaire, le pdt jupiter a concentré l'hostilité
/cadres sup vont payer ? non
/forces de l'ordre appel à mobilisation
ya une confiance dans l'armée et la police, moins des institutions
au delà du pouvoir d'achat / flo aubenas quand le pdt renonce à la taxe carburants les Gj étaient déjà passés à autre chose.
ndlr : rien sur l'écologie, l'urgence climatique :-(
Le mouvement des Gilets jaunes est remarquable, à bien des titres, spécialement parce que les aspirations à plus de justice sociale y apparaissent fortement associées à l’attente d’une transformation profonde de la démocratie, dans toutes ses dimensions. Le système institutionnel bien sûr, mais aussi la représentation de toutes les catégories sociales, ou encore les formes multiples de la participation démocratique et la prise en charge d’intérêts structurellement marginalisés sont questionnés.
Nous, chercheuses et chercheurs en sciences humaines et sociales assemblé·e·s au sein du Groupement d’intérêt scientifique « Démocratie et participation », sommes interpellé·e·s par ce que nous interprétons comme un appel à une république plus « participative » et par des pratiques qui s’attachent d’ores et déjà à la mettre en œuvre au quotidien, entre citoyennes et citoyens. Sans être formulé dans ces termes – la démocratie participative n’étant pas explicitement revendiquée – cet appel prend cependant forme au croisement de propositions plus ou moins creusées qui s’y rattachent fortement : assemblée citoyenne, référendum d’initiative populaire, débats décentralisés. Ces revendications démocratiques, leur émergence comme leur structuration via l’usage des réseaux sociaux ou l’organisation d’assemblées populaires, témoignant d’une profonde défiance à l’égard de la représentation et d’une aspiration à l’horizontalité, ne sont pas en elles-mêmes nouvelles. Ce qui est plus original, c’est qu’elles ne sont pas portées par le petit cercle de leurs promoteurs habituels. Autrement dit, alors que nous observons et contribuons depuis des années à des expériences participatives souvent pensées et pratiquées du haut vers le bas, une forme de demande sociale s’exprime sous nos yeux.
Il serait tentant d’annoncer aux Gilets jaunes que les dispositifs participatifs ne manquent pas et que nous sommes prêt·e·s à leur en livrer le mode d’emploi. Ce serait pourtant contraire à notre posture de chercheuses et chercheurs en participation, et présomptueux, de considérer que les réponses institutionnelles et procédurales aux attentes démocratiques des Gilets jaunes existent, que nous n’avons pas besoin de leurs propositions et qu’il suffirait d’élargir ou de généraliser ce qui se fait déjà. De surcroît, l’aspiration à une vie démocratique ne saurait être enfermée dans quelques solutions procédurales vite digérées. D’autant moins que de multiples expériences participatives, aussi étudiées et renseignées soient-elles, montrent d’importantes limites tant dans leur capacité à élargir le spectre de « ceux qui participent » que dans leur influence réelle sur les décisions. Par contre, l’observation et l’étude de ces dispositifs, que les chercheuses et chercheurs réuni·e·s au sein du Gis mènent depuis plusieurs années, peuvent fournir de précieux éléments sur les opportunités mais aussi sur les risques de ce qui va se construire dans les semaines et les mois qui viennent.
Prise au sérieux, la participation conduit d’abord à ouvrir de vraies possibilités de débats pluralistes, d’interpellation et de proposition pour les citoyennes et citoyens, et à garantir leur indépendance en dehors des échéances électorales. Cela peut concerner l’ensemble des politiques publiques (notamment économiques, fiscales et monétaires), et ce à tous les niveaux. Elle conduit ensuite à reprendre à nouveaux frais la question de l’articulation de cette démocratie participative avec la démocratie représentative, dont les limites sont bien établies à tous les échelons territoriaux, de la commune à l’Europe. De plus, la participation ne saurait conduire à délégitimer les autres formes d’expression ou d’expérimentation démocratiques, y compris celles qui s’expriment sur un mode radical. Nos recherches montrent à cet égard que la vitalité des formes plus conflictuelles d’interpellation est bien souvent une condition d’épanouissement des dispositifs participatifs comme d’aboutissement de décisions mieux ajustées à l’état réel de notre société. Enfin, pour être crédible, la concertation à venir doit s’entourer de toutes les garanties désormais bien identifiées (marges de manœuvre politique, moyens financiers et humains cohérents, animation neutre et indépendante, calendrier réaliste…). La réunion de ces conditions suppose à minima l’assurance de la transparence des échanges et un contrôle démocratique sur le traitement, les synthèses et les comptes rendus de l’immense matériau qui sera rassemblé, ainsi qu’un retour sur l’usage qui en sera fait dans les décisions publiques, justifiant ce qui est gardé ou non des propositions faites dans le débat.
Au-delà de cette expérimentation à laquelle nous sommes prêt·e·s à contribuer, nous réaffirmons l’urgence sociale, politique et environnementale d’une vie démocratique, parce que celle-ci conditionne la capacité de nos sociétés à aborder de front les déchirures qui la traversent et à relever les défis à venir.
La direction collégiale et le Conseil scientifique
du Gis Démocratie et Participation
ndlr :
- connu / Loïc Blondiaux @LoicBlondiaux https://twitter.com/LoicBlondiaux/status/1073896519076667392
- de nombreux attributs de la médiation sont présents.
- ne serait-ce pas une manière de tirer la "couverture" "gilets jaunes" à eux ? => questionner ACT