...
Le populisme est assimilé dans l’ouvrage à un courant de droite radicale, alors que ce phénomène peut prendre différents aspects. Il traduit justement ce désajustement entre les lieux de la prise de décision et les lieux d’élaboration démocratique avec cette volonté de Take back control. Est-ce-que la solution ne résiderait justement pas dans une forme de populisme républicain ?
DD – C’est une excellente question : le populisme n’est pas une idéologie, c’est un style caractérisé par la valorisation du bon peuple face à des élites corrompues, un recours assumé à la violence verbale, une exaltation de la force physique, une méfiance vis-à-vis de toutes les médiations comme les partis politiques, une désintermédiation entre le leader « hyperincarné » et la masse, etc.
« La logique de la nation démocratique est une logique affinitaire davantage qu’identitaire. »
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TAGS Capitalisme cohésion territoriale david djaiz Europe nation néolibéralisme Populisme République Territoires
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Cette conférence s'est déroulée lors des AMFiS 2019 avec :
Une rencontre avec Íñigo Errejón, cofondateur de Podemos, aujourd’hui éloigné du parti-mouvement de la gauche espagnole sur la base de solides divergences théoriques.
Dans la première partie de notre entretien : perspectives du mouvement des Gilets Jaunes, échecs et succès de Podemos, et pertinence du clivage gauche-droite.
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C’est comme si l’alternative à un potentiel mouvement national-populaire en France avait été, précisément, un caudillo néolibéral, qui imite les formes de construction – verticale, sans médiation, charismatique, avec une vocation transversale – du populisme, non pas pour mettre le peuple au centre de la nation, mais plutôt pour protéger les intérêts des élites.
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Le clivage gauche-droite divise les gens précaires, les gens sans-emploi, les auto-entrepreneurs, les petits commerçants qui doivent fermer boutique parce que toute la politique est faite en faveur des grandes entreprises…
Alors que l’axe gauche-droite les divise, l’axe de « ceux d’en bas contre ceux d’en haut » les réunit. Ce « Nous sommes le Peuple », « We the People », est un moment constituant. Bien sûr que cela crée des difficultés, qu’il y a une ambivalence à l’intérieur [du mouvement] parce qu’on pourrait dire qu’on y trouve des forces politiques idéologiquement antagoniques, évidemment.
L’extrême-droite, aux débuts du mouvement.
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Le problème, c’est que nous n’avons pas un système présidentialiste mais un système parlementaire. Dans un système parlementaire, quelqu’un doit gouverner, et il faut choisir. Ne pas choisir, n’est-ce pas déjà faire un choix ? Actuellement, face à la possibilité du retour d’une droite très agressive, tant sur le plan économique, avec des politiques injustes, néolibérales, mais aussi sur le plan des droits civils ou de l’accord territorial… C’est une droite qui, en réalité, plus qu’un projet d’avenir pour l’Espagne, compte continuer à gouverner sur la décomposition sociale et l’affrontement territorial.
Il me paraît normal de tenter un accord avec le Parti socialiste. Je l’ai défendu en 2016. A l’époque, c’était considéré comme une hérésie. Aujourd’hui, la direction de Podemos, plus qu’un accord avec le Parti Socialiste, souhaite même entrer au gouvernement avec lui.
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Le Média est très heureux de vous annoncer qu'il co-diffusera certaines conférences de l'université d'été du média indépendant Le Vent Se Lève. Au programme, trois conférences seront diffusées en direct sur notre chaine YouTube :
Vendredi de 12h à 14h : Après les gilets jaunes. Avec Emmanuel Todd, François Boulo et Raquel Garrido
Samedi de 11h à 13h : Le changement est il encore possible ? Avec Inigo Errejon
Samedi de 16h à 18h : Est-ce la fin du populisme de gauche ? Avec Chantal Mouffe et Christophe Ventura.
Pour ceux qui voudraient s'y rendre, Le Vent Se Lève propose 8 débats avec 20 intervenants sur le week-end du 28 et 29 juin.
Catégorie Actualités et politique 75 commentaires
Gauche Populisme
Contredisant la thèse populiste, la centralité de la question sociale et l’urgence climatique rendent pertinente la hiérarchisation des luttes autour d’une stratégie écolo-socialiste.
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La stratégie éco-socialiste ne saurait être incarnée par le retour d’une union de la gauche plurielle, désavouée. Contrairement à l’explication de Mouffe, la gauche ne s’est pas effondrée pour être restée focalisée sur la question sociale au détriment des questions sociétales ! Elle s’est discréditée pour l’avoir précisément négligée, tout comme elle a bradé le capital des entreprises stratégiques et enterré la planification à la française. Sans surprise, lors de la présidentielle de 2017, le candidat ayant présenté un programme éco-socialiste, cohérent et chiffré, a réalisé ses scores sur les terres de gauche traditionnelles. Aujourd’hui éparpillés, les partisans de l’éco-socialisme doivent se reparler, en attendant de bâtir une maison commune, spacieuse, démocratique et fraternelle.
Ndlr : lfi en creux ?! ne dément pas la synthèse possible entre les deux... Questionner ACT
Le Vent Se Lève organise la seconde édition de son Université d'été : « L'Histoire recommence » ! Rendez-vous à Paris les 28 et 29 juin !
Les vendredi 28 et samedi 29 juin 2019, aura lieu la seconde édition de l’Université d’été du Vent Se Lève.
Après un premier événement couronné de succès, cette nouvelle édition, intitulée « L’Histoire recommence », s’annonce d’une plus grande ampleur encore pour contribuer au débat intellectuel et citoyen. Elle se tiendra dans l’amphithéâtre Richelieu de La Sorbonne, situé au 14 rue Cujas et pourra accueillir jusqu’à 600 participants.
Plus de 20 intervenants, leaders politiques, universitaires, intellectuels et journalistes sont invités à échanger autour de sujets fondamentaux pour l’avenir de la France et de l’Europe. Au programme, huit débats et des thématiques d’une actualité brûlante.
Vendredi 28 juin
9h30 accueil des participants.
1) La transition écologique est-elle compatible avec la démocratie ? | 10h-12h
Avec David Djaiz, Lucile Schmid, Karima Delli et Cécile Duflot.
2) Après les gilets jaunes | 12h-14h
Avec Emmanuel Todd, François Boulo, Raquel Garrido et Antoine Cargoet.
3) L’Europe dans l’impasse ? | 15h-17h
Avec Aurore Lalucq, Osons Causer et Antoine Vauchez.
4) Féminisme et populisme | 17h-19h
Avec Clémentine Autain et Clara Serra.
Samedi 29 juin
5) Le Brexit aura-t-il lieu ? | 9h30-11h
Avec Jean-Pierre Chevènement, Marie-Françoise Bechtel et David Cormand.
6) Le changement est-il encore possible ? | 11h-13h
Avec Íñigo Errejón.
7) La place des affects en politique | 14h-16h
Avec Chantal Mouffe et María Eugenia Rodríguez Palop.
8) Aéroports de Paris et l’État stratège | 16h-18h
Avec Arnaud Montebourg et Patrick Weil.
Diffusion du film "Le chant du loup" | 20h
En présence du réalisateur Antonin Baudry au cinéma Le Grand Action, 5 rue des écoles.
Nous adressons nos remerciements à l’Association Psychanalyse et Société Contemporaine, à Sorbonne Université et à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
La totalité des débats est à https://www.youtube.com/watch?v=W8mPOk5BOhY
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Mediapart s'est délocalisé à Lyon pour débattre du « jour d’après » des élections européennes. Avec :
politique - 93 min - 2019 - tous publics
aussi dispo à https://www.youtube.com/watch?v=XfYNCKyqmPQ
A la veille de la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, les équipes de «C dans l'air» ont suivi la montée de la vague populiste qui, en Italie, en Hongrie, en Allemagne mais aussi en France, risque de faire basculer les prochaines élections européennes. Depuis l'arrivée des populistes au pouvoir en Italie, jusqu'à la crise des gilets jaunes en France, la réalisatrice Marie Lorand raconte ces neuf mois qui ont fait vaciller l'Europe. Ce documentaire suit les peuples en colère mais également les politiques, dont Emmanuel Macron, dans leurs déplacements européens. Marc Lazar, Pascal Perrineau, Jean-Dominique Merchet, Thomas Snégaroff, Françoise Fressoz et Jean-Dominique Giuliani, des experts qui interviennent tout au long de l'année dans «C dans l'air», éclairent de leur analyse cette histoire en mouvement.
réalisé par : Marie Lorand
&
Soirée spéciale : Europe : la tentation populiste 19.03.2019
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Ajoutée le 20 mars 2019 / C dans l'air
Après la diffusion en mars 2018 du documentaire « Terrorisme, la réponse française », la rédaction de C dans l’air propose une nouvelle soirée spéciale mardi 19 mars 2019 à ... 20.50 avec la diffusion du « Europe : la tentation populiste ».
À la veille du Brexit et de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, les équipes de C dans l'air ont suivi la montée de la vague populiste qui, en Italie, en Hongrie, en Allemagne mais aussi en France, risque de faire basculer les prochaines élections européennes. Depuis l'arrivée des populistes au pouvoir en Italie jusqu'à la crise des Gilets jaunes en France, la réalisatrice Marie Lorand raconte ces neufs mois qui ont fait vaciller l'Europe.
Ce documentaire suit les peuples en colère mais également les politiques, dont Emmanuel Macron, dans leurs déplacements européens. Marc Lazar, Pascal Perrineau, Jean-Dominique Merchet, Thomas Snégaroff, Françoise Fressoz et Jean-Dominique Giuliani, des experts qui interviennent tout au long de l'année dans C dans l’air, apportent leurs commentaires et analyses sur cette histoire en mouvement.
Caroline Roux est une nouvelle fois partie à la rencontre de ceux qui font l’histoire. Elle a ainsi interviewé Luigi di Maio, vice-président du conseil italien, Karin Kneissl, ministre des Affaires étrangères en Autriche, Nathalie Loiseau, ministre chargée des Affaires européennes, Daniel Cohn Bendit, ex-député européen et Marine le Pen, présidente du Rassemblement National.
Catégorie Divertissement 168 commentaires
gilets jaunes et marche pour le climat manifestation du siècle
La journée de double mobilisation le 16 mars qui a vu dans les rues les gilets jaunes et la mobilisation pour le climat était impressionnante. Ce fut un succès et il sera contagieux. Elle atteste de la profondeur de ce qui travaille les consciences dans le pays. Car le régime macroniste et ses soutiens se réconforteraient à tort s’ils croient que les manifestations pour le climat sont inoffensives pour l’ordre en place. Et les ministres qui ont été faire les malins dans les cortèges ont eu l’occasion de s’en rendre compte. Le niveau d’exigences et la demande de sincérité n’est pas moins grande là que dans les rangs des gilets jaunes.
Un message de Lula, prisonnier politique de l’Empire
Les 16 pieds-de-nez d’Annegrett Kramp-Karrenbauer
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En Allemagne comme en France, la crainte des « populistes » signifie la crainte du peuple. La renaissance dont l’Europe a besoin est celle de la souveraineté de ses peuples.
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À la veille de l’acte XIV des gilets jaunes, où va le mouvement ? Le militant écologiste et altermondialiste, Patrick Farbiaz, qui vient de publier « Les Gilets Jaunes » aux éditions du Crocquant, est l’invité de #LaMidinale.
VERBATIM
Sur les gilets jaunes et la social-écologie
« C’est un mouvement social-écologique de masse. »
« Y’a une écologie libérale et une écologie des pauvres et cette écologie des pauvres a été théorisée en Amérique latine où les gens se battent pour leur survie. »
« On est en train de voir surgir des profondeurs du peuple, un mouvement de masse qui pose la question du droit à l’existence qui est une question profondément écolo. »
« Au-delà des revendications, il y a un aspect de désobéissance civile. »
« La fraternité des ronds-points, les écologistes l’appellent le convivialisme. »
Sur l’éco-socialisme
« Je ne suis pas éco-socialiste. Je suis de l’écologie sociale. »
« Faire un copier/coller entre l’écologie et le socialisme n’a pas beaucoup de sens. »
« Les crises sont à la fois sociales et écologiques. Ce sont des crises qui sont totalement liées. »
Sur les suites du mouvement des gilets jaunes
« Je pense que ce mouvement prend ses racines dans la révolution française. »
« Pour les européennes, il y aura peut-être une liste - surtout si elle est soutenue par le mouvement cinq étoiles en Italie -, mais elle ne sera pas représentative des gilets jaunes. »
« L’intérêt des gilets jaunes c’est aussi que le spectre est extrêmement large : il y a effectivement des fascistes et il y a effectivement des militants d’extrême gauche mais 80/90% de ce mouvement s’est fait par des primo manifestants, par des gens qui simplement se battent pour leur survie. »
Sur la thèse de Christophe Guilluy (France périphérique)
« Christophe Guilluy a repéré un point extrêmement important dans ce mouvement c’est que ceux qui ont débuté ce mouvement, c’est des gens qui ont été piégés socialement dans les zones périurbaines. » ça veut dire que 70 à 80% de leur budget est contraint par le remboursement des traites - souvent les petits pavillons -, par le transport - ça a été la question de l’éco taxe -, et puis la question de la précarité énergétique - parce qu’il faut payer le fuel. »
« C’est une population qui a cru au slogan ‘vous pouvez choisir votre vie’ qui a été celui de Macron mais aussi de beaucoup d’autres libéraux depuis les années 80. »
« C’est une population qui n’était jamais apparu dans les radars qui est une population prolétaire à tous les niveaux et elle émerge comme une force nouvelle. »
« Les gens se sentent d’abord solidaires en tant que bloc populaire et ceux qu’ils identifient comme l’ennemi, c’est le bloc bourgeois. »
Sur la mobilisation des quartiers populaires
« Il y a une multiplication des collectifs sur Paris et la région parisienne donc ça commence à évoluer. »
« Quand vous écoutez les jeunes des quartiers, ils n’ont pas la mémoire courte : il disent qu’il n’y avait personne pour nous aider en 2005 lorsqu’il y avait les émeutes. Ils l’avaient dit déjà au moment de Nuit Debout. »
« Ce que je trouve formidable dans ce mouvement, malgré la pression des médias, malgré la présence de groupe fascistes avérée, il n’y a pas de stigmatisation ni des banlieues, ni des immigrées à l’intérieur, ça n’est pas une question qui est posée par le mouvement - ou alors de façon extrêmement minoritaire. »
« La question de l’unité du bloc populaire est posée par les gilets jaunes parce qu’ils posent massivement la question sociale mais elle n’est pas posée encore politiquement et c’est ça qui fait la force de Macron. »
« Ce qui fait la force de Macron c’est qu’il a unifié le bloc bourgeois. »
Sur la contradiction entre revendications des gilets jaunes (plutôt de gauche) et la percée dans les sondages du RN
« Il faut constater qu’il y a une antériorité du RN et de Marine Le Pen sur la question de l’antisystème et les gilets jaunes se sont construits dans cette idée de l’antisystème. »
« Il faut aussi reconnaitre qu’il y a une crise de la gauche qui est à la fois assimilée au quinquennat de François Hollande et en même temps dans sa fraction des Insoumis, le populisme de gauche, théorisé par Chantal Mouffe, à travers l’incarnation d’une personne, ne fonctionne pas. »
« Ce qui est préoccupant c’est que, à gauche, il n’y a pas d’alternative. »
« Ce qui est notable dans les sondages, c’est que Macron est en train de se renforcer. Il consolide le bloc bourgeois. Il bouffe la droite libérale classique. »
« Notre rôle, c’est d’arriver à construire un bloc populaire. »
« On est dans une période absolument historique, et le mouvement des gilets jaunes est en train de recomposer le paysage politique, beaucoup plus fortement que ne l’a fait Nuit Debout. »
« On vit avec les gilets jaunes, un nouveau mouvement de cette résistance contre la mondialisation capitaliste. »
Catégorie
Actualités et politique
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Dossier
Les entretiens de 2018
Entretien
Chantal Mouffe : “Il est temps de construire une nouvelle frontière politique”
Chantal Mouffe en 2018 © Édouard Caupeil
À force d’affirmer qu’“il n’y a pas d’alternative”, les peuples se fatigueront de la démocratie. C’est l’avertissement lancée par Chantal Mouffe, bien avant que n’émergent les régimes autoritaires de Trump, Poutine ou Erdogan. Et la philosophe belge, inspiratrice de Podemos et de la France insoumise, d’y opposer un “populisme de gauche” – le titre de son livre à paraître à la rentrée. Nous sommes allés nous confronter à celle qui fait du conflit l’essence même du politique.
Chantal Mouffe
Philosophe belge, elle a développé le concept de « démocratie radicale » et est l’une des inspiratrices des mouvements Syriza, Podemos et Nuit Debout. Coauteure de Hégémonie et Stratégie socialiste (Les Solitaires intempestifs, 2009), elle vient de publier L’Illusion du consensus (Albin Michel).
Publié dans
n°122
Septembre 2018
Tags
Chantal Mouffe, Populisme, Démocratie, Podemos, Agonistique
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Pour qu’il y ait une lutte agonistique, il faut qu’il y ait ce que j’appelle un « consensus conflictuel ». Tout échange implique qu’on soit d’accord sur ce sur quoi l’on va discuter. En démocratie, on reconnaît que les principes éthico-politiques sont la liberté et l’égalité pour tous. Le dissensus porte sur la définition et l’extension de ces principes. Dans le cas du Rassemblement national, c’est surtout le « pour tous » qui pose problème. Marine Le Pen prétend défendre les principes républicains, sauf qu’elle ajoute « oui, mais seulement pour les Français ». Pour autant, je ne pense pas qu’on puisse faire d’elle une antirépublicaine. Si c’était le cas, on ne devrait pas lui permettre de se présenter aux élections. En tout cas, je suis convaincue que l’on doit s’adresser à ses électeurs pour essayer de les orienter vers un projet populiste de radicalisation de la démocratie. Au lieu de considérer qu’ils sont perdus pour la gauche.
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l’agonisme – du mot agôn qui, en grec, veut dire « lutte », « compétition »…
Oui, l’agonisme confronte des opposants qui savent qu’ils ne pourront jamais se mettre d’accord et luttent pour imposer leur hégémonie. Cela dit, ils se ne considèrent pas pour autant comme des ennemis à abattre mais comme des adversaires qui se reconnaissent le droit de défendre leurs idées. Dans une démocratie vivante, il y a, par exemple, des positions irréconciliables entre défenseurs de la liberté et défenseurs de l’égalité, mais on peut mettre en forme ce conflit grâce à des institutions qui permettent l’expression du pluralisme.
Depuis maintenant le début de l’été, une offensive idéologique est en cours pour diaboliser ce qu’on qualifie généralement de « populisme de gauche ». Accusée de brouiller les frontières idéologiques avec l’extrême-droite, voire de conduire à une dérive autoritaire ou analogue au césarisme, l’hypothèse populiste serait un danger mortel pour la démocratie[1]. Pire encore, pour ceux qui s’identifient à gauche, le populisme consisterait à abandonner le « sociétal » au profit du « social ». En faisant primer la question sociale et en hiérarchisant les « luttes », il faudrait alors s’adresser en priorité à l’électorat populaire du Front national et ranger au placard féminisme, droits LGBT, écologie, lutte contre le racisme, etc. Ce débat est en réalité à côté de la plaque. Explications.
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des exemples, une opposition de type : Jean-Pierre Chevènement contre Clémentine Autain ; Christophe Guilly contre Éric Fassin, etc.
TAGS : Chantal Mouffe Ernesto Laclau France insoumise Gramsci hégémonie Podemos Populisme première gauche rouge brunisme volonté collective
Auteur
Stéphane François
Politiste, historien des idées, chercheur associé, École pratique des hautes études (EPHE)
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En France, il y a deux grandes formations populistes : le Rassemblement national (Jean‑Marie Le Pen excellait dans cet exercice) et La France Insoumise. D’ailleurs, cette dernière formation met en avant des théoriciens du populisme, en l’occurrence d’un populisme de gauche : Chantal Mouffe et Ernesto Laclau.
Le populisme est divers, d’où la difficulté d’en cerner les contours : son expression dépend du lieu où il est né, elle est liée à l’histoire du pays dans lequel il se développe. En outre, ce terme est abondamment utilisé comme disqualifiant –, ce qui ne facilite pas sa compréhension.
...
dans ce cas particulier, il s’agit de défendre l’utilisation débridée des automobiles qui participent activement à l’effondrement en cours …
Ensuite, et c’est évidemment un point nodal, il ne saurait être question d’ignorer ceux qui vivent difficilement et ont besoin de se déplacer. C’est précisément pourquoi toute politique écologique sensée ne peut qu’être également une politique de partage. C’est précisément pourquoi il est essentiel de se mobiliser (mais l’étions-nous ?) pour que la SNCF demeure une entreprise publique qui entretient ses lignes « non rentables » pour assurer une bonne desserte du territoire, même hors des zones urbaines. C’est précisément pourquoi la nécessité tendancielle de « sortir de l’automobile » – qui ne peut être remise en question parce qu’elle est vitale – doit évidemment être accompagnée d’exceptions circonstancielles et de mesures sociales.
Shell © C. Marcandier
Ne nous laissons pas berner. Ne nous laissons pas enfermer dans un schème simpliste et mystificateur qui voudrait que cette manifestation soit celle des pauvres gens contre les bobos et les nantis. C’est exactement l’inverse. Elle risque de prendre la forme de la défense d’un système à l’agonie, humainement oppresseur et écologiquement dévastateur.
Tout l’enjeu consiste à ne pas nous opposer à une évolution qui ne peut être qu’inexorable si l’on veut ménager un avenir vivable : il faut sortir des énergies fossiles et donc, entre autre, aller vers une « exceptionnalité » de l’automobile. Mais il ne saurait être question de faire, une fois de trop, porter l’effort associé sur les plus démunis. La question est donc plus subtile que le « pour ou contre » et l’urgence consiste donc ici à réclamer le droit à la nuance.
Quelles que soient nos priorités ou difficultés individuelles – et elle peuvent être immenses, on le sait – est-il bien décent, dans un monde à l’agonie, de se mobiliser pour le prix du carburant ? Ne se trompe-t-on pas radicalement de combat ? L’avenir sera possible s’il est écologique et social. Déjouons le piège des groupes pétroliers et des leaders populistes qui veulent opposer ces aspirations à la vie.
ndlr :
EN DIRECT - #AmFis2018 - Le populisme est-il la solution ?
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La France insoumise
Diffusé en direct le 24 août 2018
Vendredi 24 août à 17h30, suivez en direct la conférence «Le populisme est-il la solution ?» qui se tient à Marseille aux Amfis d'été de la France insoumise.
Cette conférence est animée par :
75 commentaires
Michèle Girault
il y a 4 jours
Vive la vraie Gauche, celles des résistant(e)s, des révolutionnaires, des libertaires, des anarchistes, des anti-capitalistes, des écologistes, des syndicalistes, des ouvrières et des ouvriers......etc....... en lutte depuis longtemps contre le fascisme, les puissances de l'argent et contre le mépris et l'oppression du grand capitalisme mondialisé. Merci à Jean-Luc Mélenchon pour son courage et son militantisme exemplaire à ne jamais renier même si le mot paraît "démodé". Bonne chance à la France Insoumise et au programme "l'avenir en commun".
Transcription :
...
Manuel Bompard
...
La démocratie est fondamentale
...
Comment les thématiques de la société ne se réduisent pas aux questions sociales ? ++
Comment articuler ces demandes ?
/gauche/droite : débat caricaturé, la gauche a perdu sa capacité performative.
Articuler des questions hétérogènes.
La gauche était rationnaliste ex avoir un bon programme. OUI mais il y a tout l'irrationnel.
...
on réveille des identités avec le drapeau français, faire appel à la mémoire, à des sentiments.
/humour on peut n'est pas obligés d'ajouter de la tristesse à la souffrance ++
Volonté de pas rester enfermés dans des thématiques
donc intuition populiste.
/souffrance animale : regard froid /nature ou banaliser la souffrance des animaux banalise celle des êtres humains.
++
Q de Manon :
bilan ?
Raul :
/performatif et déterminisme de gauche
on caricature trop Marx. Être travailleur n'implique pas la conscience de l'être. Elle a >>diminué. C'était dur avant. Chez les mineurs, historiquement, le mvt syndical était très faible dans les >>entreprises
réalité performative pour créer une conscience de classe.
Le + : /mutation augm des salariés ! /international, le capital concentre 1,7 millions de travailleurs, ikéa /25 pays ! Les pionniers ont dû résoudre des pb peut-être +difficiles qu'aujourd'hui.
Le +efficace construire des sections partout ! communales. Mais en entreprise c'est +difficile mais essentiel car donne une colonne vertébrale de conscience de classe. Agencer les deux /conscience du peuple. /paysans crucial unité avec salariés. On est resté sur des acquis... Humour INCLUSIF ARME DES FAIBLES DÉMONTER LES PUISSANTS++ Besoin de petites victoires. On n'est pas le parti des défaites.
Manu :
déconstruire les concepts.
Points d'accord : marx reste pertinent mais lecture mécanique automatique est biaisée. Livre Hégémonie et stratégie socialiste.
Gramsci : pas si simple sans bataille culturelle ++
Désaccord : prolétariat ou peuple peu différent mais le 1er est passé.
La catégorie peuple pour un projet commun. Le populisme n'est pas au même niveau que le marxisme, mais idéal pour la bataille culturelle = MÉTHODE. Mouffle "extension de l'analyse de Gramsci /essentialisme de classe, politique = conflictualité, marx idéaliste après la victoire."
Raul :
on est en retard. Vision dialectique que tous les pb sont liés ++
ça existait déjà dans l'histoire ex. /q nationale /Marx /guerre n'est pas que capital/travail ! On a caricaturé le marxisme.
Q du salariat ou de la classe ouvrière quel rapport au pouvoir ? ex siriza ? si but créer >>bloc /élections jusqu'où on va /contradiction ex siriza en Grèce. Mitterrand "gouverner n'est pas forcément d'avoir le pouvoir" car aussi dans les banques, les institutions internationales, etc.
/risque de coup d'état -> capitulation car découvrait les règles du jeu !
naïveté politique=>avoir une masse critique /sondages /coalitions=> stratégie du peuple conscient, sondage pas baromètre de vote que du rejet =>sacrifices ex vénézuela -> >>boulot colonne vertébrale échanger entre nous pour avancer car le populisme de droite, l'extrème droite, elle avance.
Q :
Mr : /fossilisation du marxisme contemporain aux PC (vécu) 3pts : - longue durée "dictature du prolétariat" alors qu'évolutions engagées, décalage complet donc stratégies inopérantes. a disparu des statuts mais pas des esprits. - /réflexion de spinoza /désirs et affects que jlm a ++intégré préservation de la nature intégré,
Q Mr JLouis /bataille culturelle force du capitalise consommateur incroyable, a dév vraie esthétique a sublimé les objets fabriqués ++
Q Mme : concret /populisme la heurte /origine grecque /péjoratif ~mensonge dans ce mot, langue vivante, véhicule de concepts qui s'agrègent,
Q Mr /raoul : /marxisme guerre, etc le rapport de la super structure voile le rapport de classe, ... renversement de perspectives, on part de l'état des gens, /belgique comment vous articulez /flamands, wallons, identités construites ?
Q fr/be : /anthropocène bien mis en avant /jlm +++ base de construction pour demain criminocène, capitalocène, tous les citoyens du monde constatent qu'on usurpe le monde. Lire Laurent Testo, bonneuil, lfi le sent. ++ jlm a reçu rari ?? /espèces, jour du retournement le 5/5/fr faire comprendre au prolétariat ++++
Q Mr /gauche pas que capital/travail, mais aussi privé/public, baisser les salaires, qu'est-ce que vous faites ?
Q Michèle /2 notions écolo /populisme la classe explose 1% domine le monde donc élargir antiglobalisation et/culture identité nationale souverainisme positif
Rép.
Raoul
/identité pas de vide sans conscience, la q nationale prend de +en+ de place en Belgique rien de nouveau !
La q nat fr est +complexe belgique née en 1830 /anglais+Napoléon
ya une base matérielle lien oligarchie/capital liaison systémique ++
révolutions ac q nationale ex commune de Paris. +q de genre +écologie ya des complexités /agréger ex vénézuela dépend de ton quartier !
cesser d'avoir peur du populisme que les puissants utilisent +++
on cherche notre voie /puissants.
Manu doit écourter pour se rendre à la déambulation ensemble.
ndlr : valoriser ACT
L'Intelligence artificielle crée un monde ultracomplexe mi-réel mi-virtuel, qui exige des médiateurs humains extrêmement doués.
...
L'IA entraîne une explosion des inégalités
...
Si l'IA était dotée d'intelligence générale, elle se suffirait à elle-même, mais elle ne l'est pas, et sa bêtise est indirectement une machine à attiser le populisme.
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l'IA conduit au régime censitaire : Les gens capables de gérer cette complexité politico-technologique deviennent la nouvelle aristocratie
...
IA friendly : Comme l'IA ne comprend rien, n'a aucun bon sens ni esprit critique, nous devons lui traduire le monde en le tagguant, ce qui accélère la fusion du réel et du digital
...
biais de l'IA : Les IA génèrent un nombre explosif de biais que seules d'autres IA en coordination avec des super-experts humains pourront dépister et corriger