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Du point de vue économique, l’exigence minimale est de mettre en place un écosystème de communs productifs, car les tentatives isolées de communs nouant des liens ou des contrats avec des entreprises privées ou des agences publiques, seront nécessairement vacuolisées par le système capitaliste. Benoît Borrits a posé les bases d’une « économie des communs »[2] https://silogora.org/que-serait-la-cite-en-commun/#_ftn2 en expliquant comment ils pourraient être au cœur d’une réorganisation de la production : tout en rencontrant les thématiques de la coopération, de l’autogestion ou de l’économie sociale et solidaire, ils les dépassent en permettant non seulement d’envisager des formes de production coopératives, mais aussi un véritable système d’échange économique en commun par la socialisation des revenus et de l’investissement, au-delà de toute propriété, privée comme collective.
L’« institution du commun » : un horizon révolutionnaire
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Comme l’ont montré Pierre Dardot et Christian Laval[3], les communs sont sous-tendus par un principe politique démocratique – le concept de « commun » au singulier – fondé sur l’autogouvernement contre le principe hiérarchique de la souveraineté, et sur le droit d’usage contre la propriété en général.
Un principe politique du commun qui rentre en conflit avec la logique marchande du privé comme avec la logique du public au sens bureaucratico-étatique du terme.
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L’« institution du commun » devient un horizon révolutionnaire qui propose une nouvelle version du communisme, non plus fondé sur l’effondrement du système capitaliste ni sur les seules luttes du monde du travail, mais sur la capacité humaine universelle à instituer l’autogouvernement et le partage.
La reconnaissance d’une sphère publique non-étatique portée par des citoyens
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Sur une trentaine de listes municipalistes qui avaient remporté les élections municipales de 2015 en Espagne, seules les plateformes de de Cadix, Valence et Barcelone, se sont maintenues aux dernières élections de 2019. Surtout, la mise en place de mécanismes participatifs n’a pas permis de remettre en cause la coupure entre élus et administrés sur laquelle repose la souveraineté municipale.
Pour un communalisme mondial
Devant cette limite, la voie du « communalisme » a été choisie pour les prochaines municipales par d’anciens Gilets jaunes réunis dans le processus d’« assemblées des assemblées » commencé début 2019 à Commercy. Appelé également « municipalisme libertaire », le « communalisme » a été théorisé par Murray Bookchin[7], l’un des fondateurs du mouvement écologique aux États-Unis, ancien ouvrier et syndicaliste complètement autodidacte qui est devenu enseignant sur le tard, et dont les thèses sont aujourd’hui discutées partout dans le monde.
Ce communalisme est révolutionnaire, anticapitaliste, anti-étatique, anti-hiérarchique, écologique et féministe : il consiste à créer un mouvement de communes confédérées pour en faire des « contre-institutions » face à l’État-nation et substituer à celui-ci une confédération de communes.
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Ndlr : la complexité fait peur... Questionner ACT
Le mercredi 27 juin à 18 heures, à la librairie Ombres Blanches, rencontre avec Benoît Borrits autour de son dernier ouvrage Au-delà de la propriété, pour une économie des Communs (La Découverte – 2018).
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Le XXe siècle a été porteur d’innovations qui permettent d’envisager la disparition de la notion de propriété productive : les cotisations sociales, car elles contestent le régime de la propriété par l’imposition de règles de distribution des revenus, et le financement des actifs des entreprises par endettement, car il ouvre la voie à la disparition des fonds propres. Le prolongement de ces innovations permet de relativiser la notion même de propriété et d’envisager que travailleurs et usagers d’une unité de production puissent avoir sur elle un droit de codirection. L’unité productive devient ainsi un commun à côté d’autres communs assurant des tâches de financement des actifs, de mutualisation des investissements, de redistribution et de péréquation des revenus. C’est l’articulation de ces différents communs qui permet d’envisager la disparition totale de la propriété productive.
Benoît Borrits, chercheur militant et animateur de l’association Autogestion (www.autogestion.asso.fr), est l’auteur de Coopératives contre capitalisme (Syllepse, 2015) et de Travailler autrement : les coopératives (Éditions du Détour, 2017).
Jean-Pierre Crémoux | 05-34-52-24-02 amdtoul@gmail.com ou Le XXe siècle a été porteur d’innovations qui permettent d’envisager la disparition de la notion de propriété productive : les cotisations sociales, car elles contestent le régime de la propriété par l’imposition de règles de distribution des revenus, et le financement des actifs des entreprises par endettement, car il ouvre la voie à la disparition des fonds propres. Le prolongement de ces innovations permet de relativiser la notion même de propriété et d’envisager que travailleurs et usagers d’une unité de production puissent avoir sur elle un droit de codirection. L’unité productive devient ainsi un commun à côté d’autres communs assurant des tâches de financement des actifs, de mutualisation des investissements, de redistribution et de péréquation des revenus. C’est l’articulation de ces différents communs qui permet d’envisager la disparition totale de la propriété productive.
Benoît Borrits, chercheur militant et animateur de l’association Autogestion (www.autogestion.asso.fr), est l’auteur de Coopératives contre capitalisme (Syllepse, 2015) et de Travailler autrement : les coopératives (Éditions du Détour, 2017).
Jean-Pierre Crémoux | 05-34-52-24-02 amdtoul@gmail.com Le XXe siècle a été porteur d’innovations qui permettent d’envisager la disparition de la notion de propriété productive : les cotisations sociales, car elles contestent le régime de la propriété par l’imposition de règles de distribution des revenus, et le financement des actifs des entreprises par endettement, car il ouvre la voie à la disparition des fonds propres. Le prolongement de ces innovations permet de relativiser la notion même de propriété et d’envisager que travailleurs et usagers d’une unité de production puissent avoir sur elle un droit de codirection. L’unité productive devient ainsi un commun à côté d’autres communs assurant des tâches de financement des actifs, de mutualisation des investissements, de redistribution et de péréquation des revenus. C’est l’articulation de ces différents communs qui permet d’envisager la disparition totale de la propriété productive.
Benoît Borrits, chercheur militant et animateur de l’association Autogestion (www.autogestion.asso.fr), est l’auteur de Coopératives contre capitalisme (Syllepse, 2015) et de Travailler autrement : les coopératives (Éditions du Détour, 2017).
Jean-Pierre Crémoux | 05-34-52-24-02 amdtoul@gmail.com ou jpcremoux@orange.fr /
La propriété : la dépasser ou la dépecer ? - lundi 9 juillet 2018, par Thomas Coutrot - Attac France
À propos de « Au delà de la propriété. Pour une économie des communs » de Benoit Borrits
Remettre en chantier l’imaginaire de la transformation sociale : voilà la tâche urgente à laquelle Benoît Borrits apporte une contribution précieuse en nous proposant de nous projeter « au-delà de la propriété ». Disons-le d’emblée : même si ses propositions méritent d’être plus creusées, leur audace nous incite à la créativité théorique et institutionnelle, loin des attitudes nostalgiques qui irriguent souvent le débat stratégique à gauche. L’ouvrage s’inscrit dans la lignée théorique des communs, tout en l’arrimant fort utilement à l’histoire des débats, peu pris en charge en France, sur la propriété sociale non étatique. Pour faire vivre ce débat si nécessaire, j’ai choisi ici d’entremêler la présentation des principales thèses de l’ouvrage et leur critique.
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.... plutôt que de nous focaliser sur la question – certes importante – des formes de propriété, soyons d’abord et surtout attentifs au travail réel, aux rapports sociaux de production qui s’y nouent, à leurs contradictions et aux leviers qui pourraient en résulter pour l’émancipation.
Auteur : Benoît Borrits | 27 Mar 2019 | Livres, Outils et références, Vie de l'association
Que cette encyclopédie devienne un bien commun…
Quatre ans après sa publication, les éditions Syllepse proposent en accès libre et gratuit Autogestion, l’encyclopédie internationale. Composée de 300 entrées rédigées par 150 auteur-es venu-es de nombreux pays, l’Encyclopédie couvre les cinq continents, 35 pays et court de 1848 à aujourd’hui. Il s’agit d’un projet international de grande ampleur, multilingue et de longue haleine. L’encyclopédie convoque et conjugue la Commune de Paris, la Révolution russe, l’Espagne libertaire de 1936, la Yougoslavie titiste, la Hongrie des conseils ouvriers, l’Algérie de l’indépendance, la Tchécoslovaquie du Printemps, la Pologne de Solidarnosc, la France de Lip, les utopies nord-américaines, les Poder Popular chilien et portugais, le Black Power, Porto Alegre, les révolutions arabes, les bourgeons autogestionnaires chinois, australiens et japonais, le Venezuela, les contre-plans, les mineurs du Pays de Galles, les alternatives, les chantiers navals de la Clyde, l’immense volcan autogestionnaire sud-américain, le zapatisme, les biens communs, la transition énergétique et écologique, le féminisme, l’école et la culture, la ville, la Grèce des mémorandums, les récupérations d’entreprises de France, d’Italie, de Croatie, et bien entendu d’Argentine, du Brésil et d’Uruguay…
Certains des contributions écrites en 2015 peuvent apparaitre datées et même dépassées par le cours des événements. Par exemple les contributions sur le Venezuela et le continent sud-américain plus largement. Cependant, les possibles décrits dans ces articles, même s’ils ont été défaits, restent des acquis pour l’avenir.
Lien vers Autogestion, l’encyclopédie internationale. https://www.syllepse.net/autogestion-l-encyclopedie-internationale-_r_76_i_648.html
Afin de permettre une lecture plus aisée des plus de 2 200 pages de cet ouvrage, nous les avons découpées en six tomes. Chacun·e pourra y piocher selon ses envies de matière à penser. Sous forme de fichiers pdf, nous invitons chaque lecteur·trice à les diffuser auprès de celles ou ceux qui pourraient en être intéressé·es. Nous ne défendons ici aucun droit de propriété.
Nous souhaitons que ces tomes de Autogestion, l’encyclopédie internationale deviennent un bien commun à libre usage par tous et toutes.
mars 2019, Les éditions Syllepse
"La propriété, c'est le vol" - c'est bien connu... Mais est-il vraiment possible de penser un "cadre d'appropriation sociale véritable c'est-à-dire sans propriétaire des moyens de production" ? Le chercheur militant Benoît Borrits entend contribuer à « refermer définitivement l’impasse de la propriété collective » pour lui substituer une « économie des communs dans laquelle tout individu trouvera sa place dans la délibération »…
... Benoît Borrits, animateur de l’association Autogestion, s’attache à un impensé du mouvement ouvrier, à savoir « l’appropriation collective des moyens de production » comme pierre angulaire de la construction d’une « société postcapitaliste ». Dans son essai préfacé par Pierre Dardot, il invite à rompre avec cette notion de propriété, qu’elle soit privée ou collective.
... Benoît Borritz défend la « nécessité de donner corps à la notion d’un commun productif, un commun qui se serait définitivement débarrassé du carcan de la propriété et dans lequel travailleurs et usagers, du simple fait de leur participation et non d’une quelconque qualité de propriétaire, même coopératif, seraient appelés à délibérer pour le gérer conformément à leurs attentes ».
Cette économie des communs suppose la conscience d’avoir des ressources à partager, à gérer ensemble et à préserver collectivement par une communauté politique éclairée sur les enjeux vitaux. Au préalable, elle suppose l’exercice d’une « citoyenneté » réelle voire éclairée et non pas purement incantatoire…
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Benoît Borrits, Au-delà de la propriété – Pour une économie des communs, La Découverte, 248 p., 19 €