Claude Alphandéry, grand résistant, a fêté cette semaine son centième anniversaire. L'ancien banquier, fondateur de France Active, reste engagé en faveur de l'économie sociale et solidaire.
Il est devenu le porte-étendard de l’économie solidaire, pourfendeur d’un capitalisme aux effets cruels, combattant inlassablement les inégalités sociales. Une vie au service de l’intérêt général. Claude Alphandéry a été énarque, banquier, fondateur d’un réseau associatif baptisé France Active qui allie la finance et la solidarité. Claude Alphandéry a eu 100 ans cette semaine. Il a fini la guerre lieutenant-colonel des FFI. Et c’est un siècle de Résistance qu’il incarne aujourd’hui.
Extraits de l'entretien
L’engagement
Il a 17 ans en juin 1940, lorsque le maréchal Pétain signe l'armistice. Claude Alphandéry explique son entrée dans la Résistance : « On était sidérés par la nouvelle. Pétain avait trompé tout le monde. Au début, pendant deux ans, c’était rudimentaire et cela passait par de petits gestes. Mais il y avait des journaux. C’était l’occasion de faire un lien entre ceux qui ne se couchaient pas. »
Le maquis, un lieu de brassage inédit
Claude Alphandéry raconte : « On avait dès 1942 deux ou trois maquis dans la Drôme avec quelques irréductibles. Fin 1942, début 1943, Charles De Gaulle se retrouve en difficulté. Pour exister aux yeux des alliés, il fallait qu’il soit l’homme de la Résistance. Il a envoyé Jean Moulin pour unifier cette dizaine de réseaux parfois antagonistes comme Libération, Combat, Franc-Tireur, Défense de la France… Le STO a gonflé les rangs de la Résistance. Les personnes qui jusque-là ne s’engageaient pas, pour éviter de partir en Allemagne, ont rejoint les rangs des opposants à l’Occupation allemande dans les maquis. Il a fallu les organiser. Les uns et les autres étaient tellement occupés qu’ils ne pensaient plus à leurs divisions. »
Un appel à retrouver des lieux de partage
Claude Alphandéry a écrit cette semaine une tribune pour que des liens de brassage soient créés : « Des lieux d'échange, de partage, de dialogue, et de confrontation dans toute la France. C’est un reste de cette période du Maquis. Parfois, des gens s’ennuyaient, il fallait les occuper… Ils discutaient, imaginaient le monde de demain, avec une démocratie sociale. Enfant, j’ai suivi mon grand-père Georges Lévy-Alphandéry dans ses tournées de député-maire de Chaumont. Je le retrouvais vers midi à la mairie pour rentrer à la maison. Et jusqu’à 13 h, sur ce trajet de 500 mètres, il s'arrêtait dans trois cafés. Et là, il écoutait les doléances et les espérances. Et je m’en souviens. J’ai compris l’importance de l’écoute dans les cafés de la Marne. »
L’Humanité
Claude Alphandéry a rompu avec le PCF lorsqu’on lui a demandé un article sur la paupérisation des ouvriers. Mais ce dont le centenaire alerte se souvient est que lorsqu’il travaillait pour le journal L’Humanité, les gens venaient à sa rencontre pour leur confier leurs difficultés. Plus tard, alors qu’il est devenu banquier. Quand la financiarisation gagne l’économie, l’ancien Résistant a décidé de lutter. Il explique : « Avec l’arrivée de Ronald Reagan (1981) l'économie s’est mise à dominer la société, et c'est là que pour moi a commencé une autre vie. Nous sommes entrés dans le « produire toujours plus ». Face au capitalisme financier, j’avais dit que je n’abandonnerai jamais. Les dégâts causés par cette économie étaient de plus en plus visibles. J’étais interpellé par l’augmentation du nombre de chômeurs. J’ai voulu créer des entreprises contre le chômage : des entreprises sociales et solidaires. »
Pour en savoir plus, écoutez l'émission...
À réécouter : Entretien avec Claude Alphandéry, résistant, engagé, solidaire
27 janvier 2022
14 min
Société
Économie
Médias
Économie sociale et solidaire
Claude Alphandéry
L'équipe
Sonia Devillers
Sonia Devillers
Production
Redwane Telha
Production déléguée
Lucie Lemarchand
Réalisation
Grégoire Nicolet
Collaboration