Débats Défense Tribune - Temps de Lecture 6 min.
Jean-Luc Mélenchon, Député (LFI) des Bouches-du-Rhône et candidat à l'élection présidentielle
Bastien Lachaud, Député (LFI) de Seine-Saint-Denis
Le candidat à la présidentielle et le député, tous deux de La France insoumise, répondent, dans une tribune au « Monde », à leur collègue de la majorité Fabien Gouttefarde, qui défendait le statu quo en matière de dissuasion nucléaire.
Tribune. Fabien Gouttefarde, député (La République en marche) de l’Eure et membre de la commission de la défense nationale et des forces armées, a répondu dans une tribune à notre proposition d’ouvrir une discussion sur la dissuasion nucléaire dans le cadre de la campagne présidentielle. Nous l’en remercions. Il traite avec sérieux et respect un sujet qui engage la sécurité de la nation et la responsabilité personnelle directe du chef de l’Etat.
Lire la tribune de Fabien Gouttefarde, député LRM : Article réservé à nos abonnés « Oui, la dissuasion nucléaire a encore un sens » https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?empObw
Réagissant à des propos tenus lors d’une émission de télévision [sur BFM-TV le 25 novembre 2021] et sur le site Melenchon.fr, il écrit : « La dissuasion est ancrée dans l’avenir. L’avenir, car nul, y compris M. Mélenchon, ne saurait comment la remplacer dans son acception actuelle. » Pour autant, il ne répond pas aux questions que nous soulevons.
Commençons par le rappeler : nous adhérons au concept de dissuasion. Il s’agit pour la France de disposer à tout moment d’une arme hors de portée d’un ennemi et de nature à décourager une attaque contre elle.
La dissuasion consiste à disposer du moyen d’infliger des dégâts par la riposte, toujours supérieurs au bénéfice de l’attaque que pourrait espérer l’agresseur. La dissuasion repose aujourd’hui sur l’arme nucléaire. La France a construit sur cette stratégie son indépendance et l’autosuffisance pour sa défense. Cette stratégie fonctionne.
Mais notons aussi ses limites. Sur un territoire comme le nôtre, un seul coup bien ajusté porté par un ennemi peut nous éliminer. Ainsi, une frappe sur nos installations nucléaires civiles ou nos installations chimiques serait mortelle. La riposte serait toujours posthume. Car il n’y a pas une parfaite symétrie entre les puissances nucléaires. Pour certains pays très étendus, il faudrait en effet être capables de plusieurs frappes pour être dissuasifs.
D’autres armes que le nucléaire
A cela s’ajoutent les questions liées à l’usage d’une arme susceptible de détruire le monde lui-même. Les stocks d’armes nucléaires possédés par la Russie et les Etats-Unis suffiraient à anéantir plusieurs fois la planète. Et sinon, il y aurait quand même les pollutions radioactives irréversibles. Si une guerre nucléaire se déclenchait, elle ne pourrait pas être gagnée : elle se terminerait nécessairement par un anéantissement mutuel total. Ces faits doivent nous rappeler que le désarmement nucléaire global reste un objectif impératif. Mais aussi qu’il est souhaitable d’appuyer la dissuasion sur d’autres armes qui évitent les inconvénients du nucléaire.
Certes, pour l’instant, l’arsenal atomique reste une garantie pour la sécurité de la France. Il n’est pas question d’y renoncer sans alternative effectivement disponible. Mais le débat n’est pas clos pour autant. La garantie de la dissuasion nucléaire n’est-elle pas déjà contournée par les moyens techniques contemporains ? Cela vaut la peine de le savoir. Car la durée de conception et de vie des programmes d’armements engagent des milliards sur des décennies. Le futur président de la République a donc le devoir de préparer l’avenir en se demandant si les décisions qu’il prendra auront encore du sens en 2040.
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Connu / https://twitter.com/JLMelenchon/status/1480810820024115201
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Jean-Luc Mélenchon @JLMelenchon
Reporter la dissuasion dans l’espace diminuerait le risque nucléaire.
Notre tribune dans @lemondefr
avec @LachaudB
8:56 AM · 11 janv. 2022·- 151 Retweets 13 Tweets cités 302 J'aime
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