Les tests de dépistage sont au coeur des stratégies réussies de lutte contre le coronavirus. Mais en France, ils sont pratiqués avec parcimonie. Car le gouvernement a perdu deux mois avant de se rendre compte du problème, se reposant sur un confinement massif. Changements de cap incessants, lenteurs administratives, commandes mystérieuses de tests... Reporterre passe au crible l’échec de l’Etat.
L’absence de dépistage aux débuts de la crise du SARS-CoV-2 a laissé les spécialistes médusés : « Ce à quoi nous avons assisté en France est contraire à tout ce que nous avons appris sur les maladies infectieuses. Que ce soit le choléra, le paludisme ou la tuberculose, le premier réflexe, c’est de dépister, d’identifier les malades avec des tests qui permettent la recherche des sujets contacts », dit Annie Thébaud-Mony, directrice honoraire de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et spécialiste du dépistage de la tuberculose. « C’est le niveau auquel on aurait pu s’attendre sur le Covid-19 : la mise en place d’une stratégie cohérente et efficace de soin, et d’identification des contacts. En Allemagne et en Suède, c’est ce qui a été fait. »
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Les débuts laborieux ont laissé la place à un dialogue établi entre les différents syndicats et le gouvernement. Une cellule spéciale coordonne et prépare des achats groupés de produits. « On nous a demandé de faire l’inventaire des contacts, on va envoyer le fichier à la cellule gouvernementale, il faut avoir les bases de données pour travailler correctement et se coordonner, indique François Blanchecotte. On attend beaucoup de la cellule Test du gouvernement, qui prévoit de quantifier les besoins et de faire une commande globale pour redistribuer ensuite. »
On attend beaucoup... Depuis trop longtemps.
Source : Moran Kerinec pour Reporterre
Photos :
. chapô : Un membre de l’équipe médicale travaille avec une machine permettant d’analyser les tests PCR, le 21 avril, à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon (© Philippe Desmazes/AFP)
. Laboratoire (pexels)
. Graphique : © Sacha Pessin/Reporterre
. Olivier Véran le 28 mars (Capture d’écran de BFM)
. Vieilles mains. Pxhere