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Pour la première fois depuis le début de la législature, la Nupes a l’occasion de pousser son avantage sur le projet de loi développant les énergies renouvelables. Mais le chemin reste long et ardu pour obtenir satisfaction.
Une présentation en conseil des ministres lundi dernier, un premier passage au Sénat fin octobre, et une arrivée dans l’hémicycle du Palais-Bourbon début décembre. À l’aube d’une crise énergétique sans précédent, c’est un marathon éreintant qui s’annonce autour du projet de loi sur les énergies renouvelables. Censé « accélérer à un rythme sans précédent nos efforts pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles », le texte prévoit le développement à grande vitesse de l’éolien, notamment en mer, du photovoltaïque ou de la méthanisation, afin de permettre à la France de rattraper son retard en la matière.
Favoriser les énergies décarbonées pour lutter contre le dérèglement climatique et, au passage, tenter de retrouver un peu de souveraineté énergétique à l’heure des tensions avec la Russie… Au moment où Jean-Luc Mélenchon appelle à se « retrousse[r] les manches » pour construire, « partout », des champs d’éoliens en mer, le sujet fait, en théorie, figure de bouffée d’air frais pour les écologistes et la gauche.
D’autant que, dans un contexte de « blitzkrieg » législative, l’opposition de gauche est, une fois n’est pas coutume, en position de force. Alors que la majorité a choisi de dealer avec le groupe Les Républicains (LR) pour faire passer ses textes sur le pouvoir d’achat cet été, et bientôt sur l’assurance-chômage, les discussions qui s’ouvrent font espérer un changement d’alliance qui, sur le papier, pourrait s’avérer politiquement gagnant-gagnant. Pour les écologistes et la gauche qui appellent à diminuer – voire à supprimer – la part du nucléaire dans le mix énergétique, l’enjeu est d’arracher une victoire politique en ces temps peu favorables ; pour la majorité, il s’agit de prouver sa capacité à faire vivre le « en même temps » macronien et de trouver du consensus sur des sujets d’« union nationale ».
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Cyrielle Chatelain, co-présidente du groupe écologiste à l’Assemblee nationale et Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat après une rencontre avec Élisabeth Borne à l’hôtel Matignon à Paris, le 21 septembre 2022. © Photo Jeanne Accorsini / Sipa
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Alma Dufour, qui considère par exemple que la proposition de rétribution des territoires acceptant l’implantation d’éoliennes est une avancée.
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André Chassaigne à l’unisson avec les écologistes et les Insoumis qui refusent de livrer le secteur des énergies au privé.
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sujets primordiaux, mais absents du texte. Rien sur la nécessité de créer des filières françaises sur le photovoltaïque ou les éoliennes par exemple. Rien non plus sur l’impératif de sobriété en matière de consommation énergétique qui, s’il a gagné les discours, reste le point aveugle de la loi. Autre question centrale : celle de la gouvernance. « La participation citoyenne n’apparaît pas, or en matière d’énergies renouvelables, il faut créer de la désirabilité et pas seulement de l’acceptabilité », estime Charles Fournier, en phase avec son collègue sénateur Ronan Dantec qui juge, lui aussi, « le texte très faible sur l’investissement citoyen ». « Accélérer ne veut pas dire faire fi de la démocratie citoyenne », conclut Alma Dufour, comme un avertissement pour les mois à venir.
Pauline Graulle