Durée de lecture : 7 minutes - Corinne Morel Darleux Culture et idées Politique Luttes
Défenseurs des causes environnementales et mouvements autonomes tissent des réseaux, se réjouit notre chroniqueuse Corinne Morel Darleux. Qui prône une « archipélisation de nos îlots de résistance ».
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J’ai souvent dit, sous forme de boutade, pour illustrer ce que j’entendais par « archipéliser nos îlots de résistance », que je rêvais de voir un jour des black blocs [1] aux procès des décrocheurs de portraits et des Colibris au chevet de Gilets jaunes mutilés. Mais dans les différentes galaxies de l’écologie sociale, nous n’avons pas toujours de vécu commun face aux violences policières, pas les mêmes contraintes matérielles, pas les mêmes possibilités d’action ni de culture politique partagée. Et la logique intrinsèque des réseaux sociaux ne nous aide pas, qui incite par le pouvoir des algorithmes à la lucrative polémique et aux postures d’indignation [2]. L’heure est au conflit survalorisé et je ne parle même pas du pouvoir de séduction du romantisme révolutionnaire ou du jugement de purisme qui nous pendent toujours au nez.
Dans ce contexte, les conflits ont été âpres entre véganisme et élevage paysan, entre « intellos », « bobos » et activistes, entre militants « déters » et non-violence, entre les partisans de l’action directe et ceux qui croient dur comme fer à la sensibilisation.
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Notes
[1] On appelle black bloc un rassemblement éphémère, informel et décentralisé d’individus masqués et vêtus de noir lors d’une manifestation, selon La Toupie.
[2] Parfaitement illustrés par David Snug, dans la redoutablement punk et efficace bande dessinée Ni web ni master.
[3] Voir par exemple, sur la manière dont la lutte et l’occupation permettent de gagner du temps pour les actions juridiques : Recettes de Tasmanie pour faire transpirer la machine.
[4] Voir par exemple ce débat mouvant Sauvages, naturelles, vivantes, en libre évolution… quels mots pour déprendre la terre ?.