Raquel Garrido le 23 septembre 2017 ©Getty - Robert DEYRAIL/Gamma-Rapho
Il ne fait pas bon critiquer Jean-Luc Mélenchon au sein de LFI... Raquel Garrido en a fait les frais.
La députée était convoquée hier soir par le bureau du groupe de la France insoumise pour s'expliquer sur ses mises en causes du leader des Insoumis, et elle a été sanctionnée : elle ne pourra plus s’exprimer au nom de LFI à l’Assemblée pendant 4 mois. Garrido a dénoncé le "verdict de la Cour pénale insoumise", je la cite : "Je suis mise au ban, je suis humiliée, je suis en colère, j'ai honte de voir cette évolution du projet politique auquel j'ai consacré 30 ans de ma vie".
On rappelle que Garrido avait déclaré, au sujet de Jean-Luc Mélenchon : "Il ne fait que nuire depuis dix mois". Alors dans un mouvement habitué à célébrer le génie infaillible de son chef, forcément, ça crispe un peu !
Y a-t-il d'autres voix critiques ?
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Raquel Garrido est sans doute la plus tonitruante des rebelles de la France insoumise, mais elle n'est pas seule. Depuis de longs mois, on voit des députés comme François Ruffin, Alexis Corbière, ou Clémentine Autain, qui sera d'ailleurs l'invitée de France Inter à 8h20, se positionner en rupture ouverte avec la direction de leur mouvement…
Ils jugent la ligne politique trop clivante, la gestion de l'affaire Quatennens, la position de LFI sur le conflit israélo-palestinien, ou encore une organisation jugée verrouillée, au service unique des ambitions de Jean-Luc Mélenchon.
Que peuvent-ils faire pour se sortir de ce pétrin ?
C'est là où ça se complique.
D'abord pour des raisons de calendrier : ils voulaient plutôt agir après les européennes en juin prochain, ils n'avaient pas prévu que la NUPES imploserait si tôt.
Ensuite parce qu'il n'y a pas d'instance démocratique pour mener des batailles internes : à la France insoumise, on ne peut pas gagner de congrès, tout simplement parce qu'il n'y a pas de congrès. C'est un mouvement construit par et pour Mélenchon, dépourvu de mécanismes de vote.
Pourquoi ne pas quitter LFI, dans ce cas ?
D’abord parce que l’herbe n'est pas forcément plus verte ailleurs, on ne peut pas dire que le PS ou les écologistes soient dans un superbe état. Il y a aussi le risque de passer pour des diviseurs, alors que les électeurs de gauche aspirent à l'unité. Finalement, nos rebelles préfèrent tenter de renverser le rapport de force en interne, en misant sur l'usure progressive de Jean-Luc Mélenchon. On leur souhaite bien du courage…
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L'équipe Hadrien Mathoux, Production