Il défend le recours au nucléaire pour sauver le climat. « À l’air libre » reçoit Jean-Marc Jancovici, très médiatique expert du climat et de l’énergie.
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LaLa COP28 de Dubaï se termine. Au cœur de ce sommet organisé sous l’égide de l’ONU, la question des énergies fossiles et de la façon de les remplacer. L’énergie nucléaire pourrait-elle faire partie de la solution ? Ou est-ce au contraire une fausse piste trop dangereuse ?
Mathieu Magnaudeix et Jade Lindgaard reçoivent Jean-Marc Jancovici, cofondateur du cabinet de conseil Carbone 4, professeur associé à Mines ParisTech, fondateur et président du Shift Project.
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Ndlr : JMJ élude de nombreux sujets gênants pour lui au prétexte qu'il n'a pas consulté les références. Quel crédit accorder à sa thèse que le déploiement des ENR va être aussi long que le NUK ? ACT
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ADS - Audience 08/12 : le rapporteur public refuse d'examiner la responsabilité de l'État dans les baisses d'émissions / Benjamin Lemesle • 11 Décembre 2023 • Public
dans le groupe Climat 0 commentaire 2 j'aime
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Paris le 08/12/2023 : Les associations de l’Affaire du Siècle alertent sur les conclusions du rapporteur public qui ne vont pas dans le sens d’une exécution effective de la condamnation de l’État français pour inaction climatique prononcée en 2021. Le rapporteur préconise au tribunal administratif de Paris de faire l’impasse sur l’origine des baisses récentes d’émissions, liée à des facteurs conjoncturels et extérieurs à l’action de l'État, mais également de ne pas considérer le retard climatique pris depuis la condamnation de 2021.
Lors de l’audience du 8 décembre 2023, le rapporteur public conclut à une exécution du jugement de 2021 par l’État. S’il reconnaît la logique et la pertinence des arguments des associations, il ne conseille pas au tribunal administratif de les prendre en compte dans sa décision. Certes, reconnaît-il, les baisses d’émissions sont dues à des facteurs exogènes et conjoncturels, les rares mesures prises par l’État n’ont pas pu avoir d’effet avant le 31 décembre 2022, et dans le même temps, les puits de carbone s’effondrent, entraînant un nouveau surplus d’émissions, mais ces éléments ne font, selon le rapporteur, pas partie du jugement de 2021.
Le tribunal peut choisir de ne pas suivre ces conclusions. C’est ce qu’ont plaidé les avocats de l’Affaire du Siècle lors de cette audience du 8 décembre. Ils ont rappelé que deux visions et définitions du préjudice écologique se font face : celle de l’État et du rapporteur, qui définissent le préjudice écologique comme étant équivalent au surplus de 15 Mgt d’émissions, s’oppose à celle des associations, et selon elles à celle du tribunal en 2021, qui définissait clairement le préjudice comme les conséquences “liées” ou “nées” de ce surplus d’émissions.
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Le jugement est désormais attendu dans les prochaines semaines. La date n’est pas communiquée en amont aux parties.
Rappel chronologique des grandes étapes du dossier juridique de l’Affaire du Siècle :
- 18 décembre 2018 : demandes préalables et lancement de la pétition Affaire du Siècle
- 14 octobre 2021 : condamnation de l’État pour inaction climatique par le Tribunal administratif de Paris
- 31 décembre 2022 : délais pour l’État pour se mettre en conformité avec le jugement
- 14 juin 2023 : dépôt de la demande d’astreinte par les organisations de l’Affaire du Siècle
- 3 novembre 2023 : versement du rapport commandé au Collectif Éclaircies au dossier juridique
- 8 décembre 2023 : audience
Les nuages, une incertitude au cœur des modèles climatiques ©Getty - the_burtons
Pourquoi et comment étudie-t-on les nuages ? L’une des grandes énigmes en climatologie porte sur le rôle des nuages dans l’amplitude du réchauffement climatique. Comment diminuer l'incertitude et améliorer la connaissance sur le sujet ?
Les nuages jouent un rôle crucial sur le climat. D’une part, ils refroidissent la Terre, en faisant de l’ombre au rayonnement solaire. D’autre part, les nuages hauts la réchauffent, en contribuant à l’effet de serre.
Les chercheurs tentent d’anticiper leur influence future, notamment sur la hausse des températures et sur l’intensification des évènements extrêmes. Selon les modèles climatiques, la réponse des nuages au réchauffement contrôle considérablement la sensibilité des températures de la Terre aux variations de concentrations en GES.
Mais les nuages, de nature très variables et soumis à la circulation atmosphérique, s’avèrent particulièrement difficiles à modéliser…. En quoi représentent-ils un défi pour les chercheurs ? Que sait-on aujourd’hui sur les nuages et leur rôle dans le climat ?
Avec
- Sandrine Bony, directrice de recherche au CNRS, Laboratoire de météorologie dynamique (LMD) équipe Étude et modélisation du climat et du changement climatique
- Julien Delanoë chercheur instrumentaliste sur l’étude des nuages, professeur à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines Paris Saclay rattaché au Laboratoire Atmosphères, Observations Spatiales (LATMOS-UVSQ/Sorbonne Université/CNRS)
Tous les jours à 14h35 durant la COP28 , retrouvez Loup Espargilière , rédacteur en chef de Vert le média , en direct de Dubaï pour un point quotidien sur les coulisses et l'avancée des négociations .
Chroniques Camille passe au vert Laisse béton Des actions des Soulèvements de la Terre ont eu lieu ce week-end partout en France contre l’industrie du béton, notamment le groupe Lafarge, et doivent se poursuivre jusqu’à mardi. Le secteur est accusé de détruire les sols et d’avoir une trop grande part dans les émissions de gaz à effet de serre.
Clés : Environnement Écologie Biodiversité Nature
Vous souhaitez agir dans votre entreprise en faveur du climat et de l'environnement mais ne savez pas comment procéder ? Vous avez commencé à le faire mais rencontrez des difficultés ? Ou bien vous avez déjà réalisé des actions concrètes et souhaitez en faire profiter les autres membres d'Alumni for the Planet ?
... webinaire gratuit animé par Gwenola Bliek et Caroline Lejeune, toutes deux bénévoles de l'association Alumni for the Planet.
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... experimental rapid framework for understanding extreme weather events in a changing climate based on looking at similar past weather situations. Find out more here and follow us on X. https://twitter.com/Climameter
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developed by the ESTIMR team at the Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (Institut Pierre Simon Laplace) in Paris-Saclay. ClimaMeter is led by Davide Faranda (CNRS & London Mathematical Laboratory), Mathieu Vrac (CNRS), Pascal Yiou (CEA-Saclay) & Robert Vautard (IPSL), in collaboration with Gabriele Messori (Uppsala University, Uppsala), Erika Coppola (International Centre for Theoretical Physics, Trieste) and Tommaso Alberti (Istituto Nazionale di Geofisica e Vulcanologia, Rome).
⏳We provide an easily interpretable contextualisation of extreme weather immediately after the actual event, as well as a more technical description and discussion of the event with a slightly longer delay.
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❓For any general inquire please contact us by mail : 📨climameter@lsce.ipsl.fr
La militante Greta Thunberg, musée d'histoire naturelle de Londres, juin 2022 ©Getty - Tim Whitby / Contributeur
Série « « Je rêvais d’un autre monde » »
Après 4 ans d'attente Greta Thunberg accorde une interview exceptionnelle à la Terre au carré, à l'occasion de la sortie de son livre "The Climate Book". La jeune militante écologiste suédoise, âgée de 19 ans, parle aussi de son engagement, de sa vie aujourd'hui et de ses ambitions pour l'avenir.
C'est l'histoire d'une adolescente qui, du jour au lendemain, est devenue la porte parole de toute une génération, celle du climat. C'est en 2018 qu'elle acquiert une renommée internationale en lançant une grève scolaire devant le Parlement de Stockholm. Son mouvement s'étend comme une traînée de poudre dans le monde entier. Et en quelques jours, cette jeune femme de quinze ans à l'époque, s'impose comme la voix de la lutte contre le réchauffement climatique.
Quatre ans plus tard, elle continue le combat et affirme participer à des manifestations essentiellement le vendredi, en fonction de son emploi du temps. Elle est pour la première fois l'invitée de "La Terre au Carré, à l'occasion de la publication du Grand Livre du Climat, qu'elle a dirigé, et qui est publié en France aux éditions Kero. Près d'une centaine de scientifiques et intellectuels internationaux abordent des thèmes comme la fonte des glaces, l'avenir de l'alimentation, la fast fashion, la question du Greenwashing, et dressent un état des lieux pour comprendre tous les enjeux de la crise écologique avec chiffres, graphiques et photographies à l'appui, en abordant tous les sujets depuis la fonte des glaces, la disparition des espèces, la déforestation aux pénuries d'eau. Elle a fait intervenir plus de 100 contributeurs scientifiques, parmi lesquels également des économistes comme Thomas Piketty, Lucas Chancel, mais également des auteurs, la romancière Margaret Atwood, Naomi Klein...
Il s'agit de faire entendre une multitude de regards différents sur la question. La culture, la littérature sont un moyen, selon elle, de parler aux gens, de mobiliser et de cultiver l'espoir d'une plus grande conscience environnementale. Un ouvrage censé suggérer des clés, des actions concrètes à tous les niveaux de la société. D'ailleurs, elle confie que si les gens ne sont pas suffisamment conscients de la crise actuelle, c'est parce que ce qu'il manque globalement, selon elle, "c'est la connaissance et la responsabilité morale d'agir".
« C’est le sujet le plus important au monde, et il doit être porté par un maximum de voix, pour toucher le plus de personnes possible » - Greta Thunberg
La terre au carré l'a interviewée en duplex de sa maison de Stockholm.
Penser l'urgence climatique à l'échelle globale
La militante commence par confier quelles ont été les motivations et les objectifs de ce travail collectif autour de la question du climat. Un travail qu'elle a voulu le plus pluridisciplinaire possible afin de rendre compte de la nécéssité de penser plus globalement les enjeux du changement climatique aujourd'hui : "L'intérêt de ce livre a été de se concentrer sur l'état de la science et faire parler des experts issus de différents milieux, comme des narrateurs qui, dans leur domaine, dans leur champ de compétences, expliquent ce que veut dire ce changement climatique à travers leur prisme de compréhension. Moi j'ai surtout condensé, supervisé des informations qui puissent faire ressortir plein de facettes différentes de cette crise climatique. L'idée principale, c'est de relier les pointillés, penser un trait d'union entre les différents aspects de l'écologie. Aujourd'hui, on s'intéresse trop aux questions indépendamment les unes des autres et on n'a pas conscience qu'il y a des liens très complexes entre tous ces différents sujets. On ne pourra pas régler la crise si on règle un problème de manière isolée. Il faut penser les enjeux pris dans leur ensemble et dresser les liens".
À lire aussi : Paris, Lyon, Bordeaux : les manifestations de jeunes pour le climat tentent de se relancer partout en France
"Agir vite et fort" : essayer de sauver tout ce qu'il est encore possible de sauver
Elle rappelle ensuite combien il est plus qu'urgent de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour limiter autant que possible les niveaux d'émission et éviter de déclencher des réactions en chaîne irréversibles, quand bien même nous sommes déjà en train de subir de terribles conséquences sur le court terme : "Nous n'avons plus le luxe d'établir des priorités. La crise est déjà tellement importante et nos dirigeants ont tellement attendu qu'il faut agir vite et fort. Il nous faut réduire considérablement les émissions à la source. Il n'y a pas de solution miracle, mais on peut faire tout ce qu'on est en capacité de faire pour faire avancer les choses. Il y a d'ores et déjà des gens innombrables qui souffrent des conséquences de ce réchauffement. Il ne sera jamais trop tard pour faire tout ce qu'on peut faire, mais le contexte environnemental actuel va compliquer la vie de beaucoup de gens. Des millions de gens vont souffrir de la crise climatique si on dépasse le 1,5 °C.
L'écologie politique dans une impasse
Le grand problème selon elle, actuellement, c'est qu'il n'y a pas de véritable volonté politique qui soit à même de convertir les volontés individuelles d'agir pour le climat, et que sans changement structurel, cette dynamique nous mène nulle part : "Beaucoup de pays, surtout en Occident, ne se donnent pas les moyens d'agir suffisamment. Malheureusement, nous marchons dans la mauvaise direction. Nombreux sont les hommes politiques qui utilisent le greenwashing et des techniques de relations publiques pour faire croire qu'ils font des choses qu'ils ne font pas en réalité. S'ils essaient d'édulcorer les choses, c'est parce qu'ils se rendent compte que les gens commencent à prendre conscience de cette crise globale, mais les personnalités politiques, en tous cas pour l'instant, continuent d'utiliser ces arguments contre nous. Les seuls petits gestes du quotidiens ne suffisent malheureusement pas, car c'est structurellement qu'il faut s'attaquer au problème".
À lire aussi : Aux États-Unis, Greta Thunberg perçue comme une "fabuleuse militante écolo" ou une "hystérique" dangereuse
Chroniques Camille passe au vert "Ok doomer" : ces catastrophistes jugés néfastes pour régler la crise climatique La situation a beau être catastrophique pour le climat et la biodiversité, rien ne sert de répéter que ça ne va pas, disent de plus en plus de chercheurs et militants, qui veulent contrer ces "doomers". Alors ils prônent la diffusion de bonnes nouvelles et moyens d'action sur les réseaux sociaux. 5 min
Clés : Environnement Biodiversité Climat Changement climatique Catastrophe écologique Greta Thunberg Écologie politique
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Ce dialogue autour du climat s'est tenu en prélude à une rencontre très attendue la semaine prochaine entre le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping. Le succès de ces pourparlers ont étonné beaucoup d'observateurs dans un contexte où les relations entre la Chine et les Etats-Unis n'ont jamais été aussi tendues.
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Journal économique et financier Business Innovation Conjoncture Agroalimentaire Politique Infrastructures Événements
« La santé de notre agriculture dépend de la santé de l'Arctique » (Heïdi Sevestre)
INTERVIEW. « L'agriculture subit des gels précoces ou des dômes de chaleur parce que les vents ne tournent plus de façon circulaire en Arctique. » C'est le constat sous forme d'alerte dressé par la glaciologue française Heïdi Sevestre. Cette adepte de la médiation scientifique détaille à La Tribune les enseignements des dernières recherches climatiques pour l'avenir de l'agriculture.
03 Oct 2023, 6:17 / Propos recueillis par Maxime Giraudeau
En 2021, l'expédition des Sentinelles du climat a réuni des femmes glaciologues autour du cercle polaire arctique. (Crédits : DR)
LA TRIBUNE - Le glacier Conejeras en Colombie, que vous avez étudié, vient officiellement de disparaître. Est-ce le sort réservé à la majorité des glaciers de montagne d'ici la fin du siècle ?
HEÏDI SEVESTRE - Sans aucun doute. En Colombie, on parle de glaciers tropicaux, ceux qui sont proches de l'Équateur. Quand les températures sur Terre augmentent de plus d'1°C, on sait que c'est plié pour eux. Mais ils restent encore très importants pour les communautés locales autochtones. Pour nous scientifiques, il s'agit des premiers glaciers à tomber mais ce n'est pas inexorable pour ceux des Alpes, de l'Himalaya, de l'Alaska... On a beaucoup à apprendre des glaciers tropicaux pour éviter que les autres subissent la même chose, sachant que deux milliards de personnes en dépendent.
Personne ne s'attendait à ce que ce glacier colombien disparaisse dès cette année. La dernière fois que j'y suis allé, la glaciologue qui le surveille m'a dit « Je pense qu'on a quinze ans ». Je l'ai regardé et pour moi on avait cinq ans à tout casser. Et en fait on avait deux ans. Nous les scientifiques, sommes dans une course contre-la-montre : on sait que la situation n'est pas bonne du tout mais, parfois, on est encore assez conservateurs et les choses se révèlent être pires que ce que nos modèles mathématiques montrent.
Lire aussi« On est face à une rupture complète dans l'évolution des données climatiques »
Pourquoi la disparition de glaciers géographiquement très éloignés de nous impacte notre économie ?
J'avais posé cette question à une de mes anciennes étudiantes qui travaille maintenant sur les glaciers de l'Himalaya. Pourquoi est-ce que des gens en France devraient s'intéresser aux glaciers de l'Himalaya ? Elle m'a dit : « C'est vite vu. Est-ce que tu manges du riz et est-ce que tu portes des vêtements avec du coton ? La plupart du riz et du coton produits ont besoin de l'eau des glaciers de l'Himalaya. » Elle m'a expliqué, en un tour de phrase, que la global supply chain sur Terre est directement connectée à ces glaciers. Il y a non seulement ce problème de ressource en eau mais il y aussi un problème lié aux extrêmes météorologiques avec des sécheresses, des canicules, des périodes au contraire très humides ou bien très froides. Ce chaos climatique affecte directement l'agriculture où on a besoin d'une certaine stabilité, ce qui n'est plus possible avec des pluies intenses, des grêlons, des gels précoces ou tardifs. On est dans un chaos climatique. À chaque dixième de degré qui augmente, ces phénomènes vont devenir de plus en plus fréquents et intenses.
La global supply chain sur Terre est directement connectée à ces glaciers.
Heïdi Sevestre au chevet du glacier Conejeras en Colombie en décembre 2021. (crédits : Nina Adjanin)
Les températures sont maintenues froides en Arctique grâce à un vent circulaire autour du pôle Nord que vous appelez le « wavy polar vortex ». Pourquoi notre agriculture est-elle menacée par son dérèglement ?
On se rend compte que ces vents-là sont directement connectés aux écarts de température entre l'Europe par exemple et le pôle Nord. Pour qu'ils restent circulaires, il faut qu'il y ait des écarts importants de température entre ces régions. Mais aujourd'hui les écarts de températures se réduisent : l'Arctique est la région qui se réchauffe le plus vite sur Terre avec +6°C en 60 ans. Cette rivière de vent froid dans l'air commence à osciller, à faire des méandres. Ça créé des phénomènes de masses d'air qui remontent du Sud vers le Nord et inversement ! L'agriculture subit ainsi des gels précoces ou des dômes de chaleur parce que les vents ne tournent plus de façon circulaire en Arctique. La santé de notre agriculture dépend de la santé de l'Arctique en quelque sorte. Les deux sont intimement liés.
Lire aussi Face au changement climatique, « la sobriété est un impératif absolu » (François Gemenne)
Scientifique et médiatrice
À 35 ans, Heïdi Sevestre n'est plus habitée de la timidité maladive qu'elle subissait adolescente, comme elle le raconte dans son livre Sentinelle du climat. En consacrant plusieurs mois par an à donner des conférences, la glaciologue de métier s'est faite médiatrice scientifique, comme le 19 septembre dernier en répondant à l'invitation de la startup charentaise Elicit Plant. Originaire des Alpes, Heïdi Sevestre vit désormais au Svalbard, non loin du Pôle Nord, d'où elle mène des expéditions et travaille au programme de développement et de surveillance du Conseil de l'Arctique.
Vous montrez aussi que de nouvelles terres arables vont apparaître avec le dégel du permafrost, ce sol gelé des pays de l'extrême nord. Pourquoi leur mise en culture serait-elle inquiétante ?
Des études très récentes nous montrent que si les hautes latitudes vers le nord se réchauffent, des terres gelées complètement inadaptées à l'agriculture risquent de devenir accessibles pour un tas d'activités au Canada, en Russie et en Scandinavie. Le problème est que ces sols ont séquestré du carbone depuis des milliers voire des millions d'années. Que va-t-il se passer si on commence à labourer ces terres et changer la structure du sol ? On risque d'avoir des régions aujourd'hui puits de carbone qui deviendront des sources d'émissions carbone !
heïdi sevestre
La glaciologue a été invitée par Elicit Plant pour présenter les dernières évolutions connues du climat, à l'occasion de la journée mondiale de prévention des risques climatiques. (MG / La Tribune)
L'enjeu de l'eau est crucial pour l'agriculture et pour le maintien de la végétation. Mais quelles sont les autres problématiques qui pèsent ?
Le pouvoir des végétaux à stocker du carbone peut atteindre des limites quand les températures augmentent trop. C'est pareil pour les océans. La nature en elle-même est notre meilleure alliée, mais on sait qu'elle a ses limites. La glace a ses limites et c'est la même chose pour les océans, nos sols, nos zones humides ou nos forêts. Tant qu'on n'attaque pas le problème à la source, qui est de brûler des énergies fossiles, on ne va pas y arriver. Il n'y a aucun doute là-dessus.
Lire aussi La transition technologique des vignobles contrariée par les aléas climatiques
La limite planétaire sur la disponibilité de l'eau douce vient d'être franchie. Ces points de bascule sont-ils définitifs ?
On est vraiment au pied du mur. Pour sauver la banquise de l'Arctique en été, on pense que c'est plié. Mais ce n'est pas parce qu'on a franchi des points de bascule qu'il faut tout lâcher, au contraire ! Des gens disent que c'est trop tard. Mais pas du tout, il faut se battre pour chaque solution et pour chaque centième de degré. Derrière chaque centième de degré dépendent des millions de personnes et des écosystèmes gigantesques dont nous avons besoin. On a une chance de dingue d'être nés à ce moment-là dans l'histoire de l'Humanité. Nous on se lève le matin et on a quand même la possibilité tous ensemble de sauver l'Humanité en mettant notre pierre à l'édifice.
Connu / mel du 6/11/23
Bon Pote @BonPote
Immense bonheur de recevoir hier soir la médaille CNRS de la médiation scientifique pour notre ouvrage Tout comprendre (ou presque) sur le climat !
Un travail collectif avec Claire Marc, Anne Brès et plus de 20 scientifiques sans qui tout cela n'aurait jamais vu le jour 🙏
Image Image 9:58 AM · 7 nov. 2023 · 9 010 vues
Informations
Alors que le secteur aérien et les gouvernements annoncent une nouvelle ère de carburants d’aviation « durables » (CAD, ou SAF en anglais), on sait que cela confisquera des ressources indispensables à d’autres secteurs et prendra plusieurs dizaines d’années, si toutefois on y arrive. Il existe pourtant un moyen efficace de réduire rapidement et significativement les effets hors CO2 de l’aviation, et par là son empreinte climatique totale : traiter les carburants conventionnels avec des quantités limitées d’hydrogène.
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L’Union européenne est sur le point d’approuver le règlement ReFuelEU ... programme Fit for 55 ... feuille de route pour l’introduction progressive des CAD, qu’il s’agisse de biocarburants ou d’e-carburants. Le plan vise un taux de mélange de 6 % en 2030, de 34 % en 2040 et de 70 % en 2050, dont la moitié d’e-carburants en 2050. Cela signifie que d’ici 2040 les avions devraient encore utiliser du kérosène fossile pour plus des deux tiers de leur consommation.
Les CAD ont pour objet de réduire les émissions de CO2, mais il y a d’autres bénéfices. Comme ils sont exempts d’aromatiques, de naphtalène et de soufre (ANS) (1), ils produisent moins de suie lors de leur combustion, réduisant ainsi l’impact climatique des cirrus induits par les traînées de condensation, et améliorant également la qualité de l’air dans les aéroports. On pourrait toutefois bénéficier beaucoup plus rapidement de ces avantages en réduisant la quantité d’ANS dans le kérosène fossile actuel.
C’est pourquoi certains membres du Parlement européen ont déposé des amendements visant à rendre obligatoire le suivi de la teneur en ANS des carburants d’aviation et chargeant la Commission européenne de rédiger un rapport et de préparer une proposition réglementaire. Ces amendements ont été adoptés, mais la dernière disposition ne sera pas suivie d’effets avant la prochaine révision du règlement en 2026-2027. Il y a néanmoins de solides raisons d’agir dès que possible
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Hydrotraiter le kérosène fossile : le meilleur usage des quantités limitées d’hydrogène vert disponibles pour l’aviation
Des essais en vol avec des carburants contenant des CAD ont confirmé que réduire la teneur en aromatiques du carburant réduit de manière significative les cirrus induits par les traînées de condensation, car ils produisent moins de suies en brûlant (2). Le même résultat pourrait être obtenu avec des carburants fossiles s’ils étaient traités pour retirer les composés aromatiques. Cela peut se faire par hydrotraitement (réaction avec de l’hydrogène), un processus couramment utilisé dans les raffineries pour d’autres combustibles. La réduction des aromatiques dans les carburants aviation est de fait l’une des mesures préconisées par l’AESA à la CE en 2020 pour réduire les traînées de condensation (3). La pénalité en CO2 d’environ 2 % associée à la production d’hydrogène gris dans les raffineries peut être évitée en utilisant de l’hydrogène vert, comme cela devra être le cas pour la fabrication d’e-carburants.
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implique l’hydrodésulfuration – ce qui fait que non seulement la suie, mais aussi les particules de sulfates seraient considérablement réduites ... l’approvisionnement en hydrogène vert restera faible pendant des dizaines d’années ... les avions plus anciens ont encore besoin d’aromatiques pour protéger les joints en élastomères ... adapter les processus de raffinage pour permettre une hydrogénation plus poussée (5)
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Un rapport coûts-avantages très favorable
... analyse socio-économique ... projet Jetscreen de l’UE a été bouclée en 2020 mais n’a été publiée que le 5 décembre 2022 (7) après une série de mésaventures (8). Elle conclut à un bénéfice de 8 milliards d’euros au niveau mondial pour une désulfuration complète et une réduction de 60 % des aromatiques (de 17 à 7 %). Le montant réel est sans doute plus élévé car, entre autres, les bénéfices pour la santé de l’amélioration de la qualité de l’air dans les aéroports semblent avoir été fortement sous-estimés.
Le secteur aérien refuse toujours de prendre en compte les effets autres que le CO2
... ferait plus que doubler l’impact climatique du secteur, de sorte qu’il ne lui serait plus possible d’affirmer n’être responsable que de 2,5% des émissions mondiales
une étape efficace mais pas suffisante
...
Même avec un hydrotraitement à 100%, la réduction de CO2 atteindrait à peine 2%. Cela fait que le trafic aérien va quand même devoir être réduit au cours des 10 à 30 prochaines années afin d’aligner le secteur sur le rythme d’efforts requis de l’ensemble des secteurs pour atteindre les objectifs climatiques (voir la fiche greenwashing #6 Neutralité carbone – Zéro émissions nettes).
Voir aussi :
► Le transport aérien peut très vite arrêter d’accroître son impact climatique sans attendre un hypothétique avion “vert”
► Besoins en hydrogène pour produire des caburants aviation sans aromatiques (Carburants fossile hydrotraité, biocarburants, e-carburants)
Notes
(1) Les aromatiques sont une classe d’hydrocarbures présents dans les carburants aviation qui génèrent plus de suie que les autres lors de leur combustion. Le naphtalène est la molécule aromatique qui produit le plus de suie. Les carburants aviation contiennent également du soufre en faibles quantités (moins de 0,1 %) qui produisent du SO2 et des particules de sulfates lors de la combustion.
(2) C. Voigt et al. (2021) : Cleaner burning aviation fuels can reduce contrail cloudiness
(3) EASA (2020) : Updated analysis of the non-CO2 effects of aviation, p. 89
(4) L’objectif de l’UE est de remplacer 0,7 % des carburants aviation fossiles par des e-carburants d’ici à 2030.
(5) Alain Quignard (2022) : Non-CO2 effects from aviation decreasing sulfur and aromatic content in jet fuel
(6) Sources pour les données du tableau :
- Besoins en hydrogène pour un combustible hydrotraité à 50 % : 4,6 kg H2/tonne de carburant (calcul basé sur la stœchiométrie)
- Besoins en hydrogène pour fabriquer des e-carburants : 560-685 kg H2 / tonne d’e-carburant. CONCAWE (2019) : A look into the role of e-fuels in the transport system in Europe (2030–2050) (literature review)
- Réduction du CO2 pour un combustible hydrotraité à 50 % : calcul basé sur la stœchiométrie
- Réduction des émissions de CO2 pour un mélange de 1 % d’e-carburant : 1 %, si l’e-fuel est 100 % décarboné
- Réduction du nombre de particules de glace : dérivé de la Fig. 3c de C. Voigt et al. (2021) (Voir ref #2). Un carburant hydrotraité à 50 % contient environ 14,2 % d’H. Un carburant hydrotraité à 100%, environ 14,6%.
- Réduction du forçage radiatif des traînées de condensation : dérivé de U. Burkhardt et al. (2018) : Mitigating the contrail cirrus climate impact by reducing aircraft soot number emissions
(7) Jetscreen (2022) : Socio-Economic Benefits of Reducing Sulphur & Aromatics (Note : un correctif au rapport original a été publié afin de rectifier plusieurs erreurs de calcul (voir note suivante)
(8) L’analyse coûts/avantages a été achevée en 2020, mais n’a pas été rendue publique par Airbus et la Commission. Elle serait restée inédite si un membre de Stay Grounded n’avait pas publiquement mis Airbus au défi de la publier. Elle a finalement été mise à disposition quelques jours seulement avant le vote de RefuelEU Aviation en plénière du Parlement européen. Trop tard, d’autant que la Commission (DG Move) avait plaidé contre l’amendement proposé auprès du plus grand groupe parlementaire – le PPE. De toute façon, l’analyse concluait à l’absence de bénéfice net. Contestant ce résultat inattendu, un autre membre de SG a examiné le rapport encore non publié et est arrivé à la conclusion que des erreurs importantes avaient été commises et en a fait part à CE Delft en octobre. Après discussion, une grande partie de ses remarques ont été acceptées et le rapport a été publié sur leur site Web le 5 décembre 2022 avec un rectificatif. Il convient de noter que les coûts-bénéfices de l’utilisation d’hydrogène vert pour l’hydrotraitement n’ont pas été évalués.
Réseau Action Climat @RACFrance · 1h
Le secteur aérien est le seul dont le carburant n’est pas taxé ET dont les émissions de CO2 continuent d’augmenter.
Taxer le kérosène pour financer des trains + fréquents, plus de gares et des billets moins chers, c’est agir pour le climat et la justice sociale. #ChaqueLoiCompte
0 - 10 - 10 - 592
Publié par Webmaster le jeu. 05/10/2023
Alors que nous lançons un concours d’éloquence à destination des étudiant.es [défends ta vision d’une agriculture et d’une alimentation soutenables], cette question fait directement écho, à l’heure où crise sociale et effondrement climatique se côtoient. Avant de répondre, reposons les chiffres et les faits de ces deux crises simultanées :
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à Poitiers, un panier bio hebdomadaire à 5 euros a été mis en place pour les étudiant.es. Il peut même revenir à 0,70 centimes pour les bénéficiaires de l’épicerie sociale et solidaire de l’université de Poitiers. Autre exemple , dans les restaurants universitaires gérés par les Crous, les repas sont à 1 € pour les étudiants boursiers, mais aussi pour les non-boursiers en situation de précarité. Pour les solutions globales, nous vous invitons à retrouver les solutions politiques du Collectif pour une transition citoyenne, ou le collectif pour une sécurité sociale de l’alimentation, et les solutions portées par le collectif Nourrir qui permettraient de changer de modèle agricole et alimentaire.
Pour aller plus loin
- Baromètre de la précarité étudiante
- Comprendre la construction d’un prix et d’une marge
- Collectif pour une SSA
- Flambée des prix de l’alimentation : les spéculateurs de la faim sont de retour - Food Watch
- Où sont passés les milliards de la PAC - Cash investigation
S15 : Climat : faut-il renoncer à nos libertés ? - diffusé le 17/09/2023 à 20h00 / C politique - France 5
Politique 1 h Français tous publics Vidéo sous-titré Disponible jusqu'au 17/10/2023
Une canicule historique chez nous en France jusqu’à ses derniers jours, des megas-feux au Canada, le pire incendie de l’histoire à Hawaï, les températures des océans qui s’envolent avec comme des conséquences des inondations impressionnantes en Grèce, et aux conséquences humaines effroyables en Libye. Des images terribles et des mots très forts…
Mais face à la gravité de la situation, pour éviter le pire faut-il passer à la contrainte ? faut-il renoncer à certaines de nos libertés ? à notre démocratie ? On se pose ces questions, parce que C politique.
- Dominique Bourg, philosophe
- Emilie Torgemen, journaliste chargée des questions d'environnement au Parisien / Aujourd'hui, en France
- Eloïse, ex membre de la convention citoyenne pour le climat.
- Dominique Reynié, Fondation pour l'innovation politique
- Perrine Simon-Nahum, historienne et philosophe
Présenté par : Thomas Snégaroff - Maison de production : Together Media / France Télévisions
Des «millions» de manifestants sont attendus samedi et dimanche à travers le monde pour demander la fin des énergies fossiles. Point ...
Connu / TG le 16/09/23 à 7:53
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Paroles et musique: GETCH
Réalisation clip: Teubidélice Arrangements: Glenn Venemy Meul et Thibaud Demey
Mixage: Glenn Meul Mastering: Peter de Wagter
Musique
TITRE Combien de temps encore ARTISTE Getch ALBUM We Are One
Connu / TG le 31/08/23 à 14:12
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A l'appel de Fridays for Future International et de centaines d'organisations internationales,
des actions auront lieu partout dans le monde entre les 15 et 17 septembre avant un sommet de l'ONU à New York le 20 septembre www.fightfossilfuels.net
#EndFossilFuels #FastFairForever #riseforclimate
Dans le cadre de notre manifestation le dimanche 17 septembre 14h gare centrale à Bruxelles
For climate and humanity, let's stop fossil fuels!
Plusieurs artistes viendront nous soutenir et chanter avec nous dont le chanteur un co-fondateur de Rise For Climate
Il aimerait chanter avec vous une de ses chansons pour le climat.
Les paroles à préparer pour le jour J !
Invitez votre famille et vos amis! Nous chanterons tous ensemble pour la justice climatique !
Ils détruisent la Terre Ils saccagent le Monde
Ils changent l’atmosphère et rendent l’air immonde
Ils exploitent nos frères vénèrent le Dieu banquier
Ils détruisent la Terre nous sommes leurs complices forcés
Ils salissent les mers plastique dans les océans
Ils détruisent la vie dont nous dépendons pourtant
Ils empoisonnent l’eau ils arment les enfants
Ils détruisent la vie mais plus pour très longtemps
Combien de temps encore
Combien de temps encore
Combien de temps encore
Devrons nous contester
Combien de temps encore
Baisser les armes plutôt la mort
Si nous devons nous éteindre
Ce sera le poing levé
J’ai vu les hommes s’entretuer pour quelques poignées de dollars
Les enfants décimés et les cinglés au pouvoir
J’ai vu l’indigence de ceux qui n’savent pas aimer
Les sages assassinés et les peuples pillés
J’ai vue l’empire assoir sa soif de domination de feu
Les usuriers véreux encaisser la rançon du sang
L’absence d’humanité les marchands d’armes
Ont tous de beaux enfants
,- > Combien de temps encore
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| Combien de temps encore
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| Combien de temps encore
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| Devrons nous contester
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| Combien de temps encore
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| Baisser les armes plutôt la mort
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| Si nous devons nous éteindre
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<- Ce sera le poing levé
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Ndlr : proposer une action ACT
Luttes - Durée de lecture : 5 minutes Clés : Luttes Climat Monde Politique Justice
En Suisse, une association de femmes âgées – 73 ans en moyenne – a saisi la Cour européenne des droits de l’Homme pour forcer le gouvernement à agir contre le changement climatique.
Lausanne (Suisse), reportage
Elle n’hésite pas à parler de « confinement climatique ». Quand la température augmente, Véronique Mermoud, ancienne comédienne suisse de 76 ans, doit se barricader chez elle. « La chaleur m’épuise alors je me planque, dit-elle en mimant des volets qui se referment sur elle. Sans ça, j’ai du mal à respirer, je suffoque. » Quand les vagues de chaleur durent plusieurs jours, elle reste ainsi cloîtrée, sans voir personne. « Je n’ai plus de vie sociale du tout », soupire-t-elle.
C’est pour cette raison que la septuagénaire a décidé de rejoindre l’association Les Aînées pour la protection du climat. Ce regroupement de femmes suisses retraitées — la moyenne d’âge est de 73 ans — a été créé en 2016 dans un but : contraindre le Conseil fédéral (l’équivalent du gouvernement en France) à lutter véritablement contre le changement climatique.
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Les Aînées estiment donc que, parce qu’il n’applique pas dès maintenant des mesures écologiques fortes — la loi Climat n’entrera en vigueur qu’en 2025 par exemple — l’État suisse contrevient à son devoir de protection de la population.
« Être une vieille, ça sert à quelque chose ! »
Si ces femmes ont choisi la vulnérabilité des seniors comme angle d’attaque, c’est pour une raison pratique. « Il faut pouvoir prouver à la justice une qualité à agir, c’est-à-dire en quoi nous sommes pertinentes pour mener cette action », dit Anne Mahrer. D’où la mise en avant de témoignages comme celui de Véronique Mermoud. Mais « ce n’est pas pour nous ou notre petite santé qu’on fait ça, c’est pour les plus jeunes qui vont continuer à vivre dans ce monde », explique Gisèle Sallin.
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Le combat des Aînées dépasse même les frontières de la Suisse. Il inspire d’autres groupes de femmes, du Luxembourg en passant par Pasadena, cette ville californienne qui subit régulièrement des températures extrêmes. « Sentir toutes ces énergies et tous ces gens qui tirent sur la même corde, ça aide à ne pas laisser tomber », se réjouit Anne Mahrer.
« Si des manifs de protestation sont organisées, j’irai avec mes béquilles ! »
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Connu / https://twitter.com/Reporterre/status/1700138537503400048
Climat - 1 recommander - 79 commentaires
Les feux de forêt qui font rage au Canada depuis début juin impactent énormément les territoires et les communautés autochtones. De grandes parties de leurs terres de chasse et de pêche sont déjà parties en fumée et leur isolement les rend encore plus vulnérables.
Allan Saganash est encore sous le choc des feux de forêt qui ont frappé sa communauté de Waswanipi, à plus de 700 kilomètres au nord de Montréal, au Québec. « J’ai été malade pendant plus de trois semaines. Je toussais et j’ai développé une infection pulmonaire à cause de la fumée. Je suis asthmatique et je fais partie des nombreuses personnes qui ont développé des problèmes pulmonaires à cause des cendres qui sont tombées sur notre communauté », explique cet autochtone de la nation crie.
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Guillaume Proulx, doctorant en géographie culturelle à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, explique que les familles autochtones ont souvent plusieurs camps et petits chalets dans différents endroits du territoire. Il rappelle que c’est la sédentarisation forcée qui les a parquées dans ce qu’on appelle aujourd’hui des réserves, des villages créés artificiellement. Mais le lien avec le territoire se poursuit tant bien que mal, et souvent les non-autochtones n’en comprennent pas l’importance émotionnelle ni matérielle.
« Ils ont leur motoneige, leur tronçonneuse, du matériel forestier… Ça représente beaucoup de dollars qui risquent de partir en fumée », explique encore Guillaume Proulx.
Une stratégie de lutte anti-incendie contestée
Au Québec, la priorité pour la Société de protection des forêts contre le feu (Sopfeu) est de protéger, dans l’ordre, les vies humaines, les infrastructures stratégiques et la forêt. Une stratégie que critique Constant Awashish, grand chef de la nation atikamekw. « La forêt passe en dernier malheureusement. Que les autochtones pensent à la forêt en premier est souvent mal vu. Ça passe parfois pour de la désobéissance civile. Protéger la forêt, c’est protéger la mémoire familiale pour certains autochtones », dit-il.
Un avis que partage Allan Saganash. « La Sopfeu ne s’est pas occupée des incendies isolés, ils les ont laissés brûler et se sont concentrés sur les incendies qui menaçaient les communautés ou les villes voisines », explique-t-il. Ces petits incendies ont finalement « fusionné et sont devenus énormes et incontrôlables », ajoute-t-il.
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Dans tout le pays, déjà presque 14 millions d’hectares ont brûlé depuis le début de la saison, soit un cinquième de la surface de la France. Les experts s’accordent à dire que cette saison est deux fois pire que la saison précédente et qu’elle risque de s’étirer jusqu’en septembre.
Climat Data
Mediapart a réalisé une cartographie des inégalités sociales face aux canicules à Lille, Paris et Marseille. Elle révèle que les espaces urbains végétalisés de ces métropoles ont été monopolisés par les plus riches au détriment des classes populaires, assignées à vivre dans des quartiers surexposés aux chaleurs extrêmes.
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Selon le dernier rapport annuel du Haut Conseil pour le climat, l’Hexagone est particulièrement exposé aux conséquences du réchauffement planétaire. La hausse du thermomètre a atteint + 1,9 °C sur la dernière décennie en France, contre près de 1,2 °C dans le monde. Comme l’a signalé l’organisme indépendant, « les deux tiers de la population française sont déjà fortement ou très fortement exposés au risque climatique ».
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