« Bassines » en Deux-Sèvres : comment en est-on arrivé à un tel point de rupture entre pro et anti ?
Alors qu’une prochaine mobilisation des anti-bassines est prévue les 25 et 26 mars en Deux-Sèvres, Le Courrier de l’Ouest a décidé de consacrer une série en quatre épisodes aux enjeux du stockage de l’eau. Premier volet ce dimanche 26 février.
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Deux-Sèvres
Alors qu’une prochaine mobilisation des anti-bassines est prévue les 25 et 26 mars en Deux-Sèvres, Le Courrier de l’Ouest a décidé de consacrer une série en quatre épisodes aux enjeux du stockage de l’eau. Premier volet ce dimanche 26 février.
Si les images de la mobilisation à Sainte-Soline ont marqué les esprits en octobre dernier, le conflit autour du stockage de l’eau en Deux-Sèvres puise sa source au printemps 2017.
CO – BENOIT FELACE
Le Courrier de l'Ouest Julien RENON
Publié le 25/02/2023 à 10h13
C’était il y a six ans quasiment jour pour jour. Le 27 février 2017 démarrait l’enquête publique relative à la création de 19 retenues dites « de substitution » dédiées à l’irrigation dans le bassin de la Sèvre niortaise et du Mignon. A l’époque déjà, il y avait de l’eau dans le gaz comme en témoignent les 470 contributions de citoyens, de groupes constitués (associations environnementales, de pêche, syndicats agricoles, d’eau, partis politiques, coopératives, chambres d’agriculture) et d’élus collectées en l’espace de quatre semaines et à une large majorité défavorables. Sensible, le dossier a pris une tournure explosive au fil des années générant un climat de tensions, d’intimidations et même d’agressions entre ceux qu’on appelle désormais les pro et les anti-bassines ». Comment en est-on arrivé à ce point de rupture ?
Pour Thierry Boudaud, le président de la Coop de l’eau 79, le stockage de l’eau est le « levier » à actionner pour sécuriser la ressource et favoriser la transition agricole.
Pour Thierry Boudaud, le président de la Coop de l’eau 79, le stockage de l’eau est le « levier » à actionner pour sécuriser la ressource et favoriser la transition agricole. | ARCHIVES CO – MARIE DELAGE
Un constat partagé, deux visions opposées
Diminuer les prélèvements estivaux et faire évoluer les pratiques agricoles. Quand il dévoile le plan de la Coopérative de l’eau en février 2016, l’actuel président Thierry Boudaud semble partager les mêmes préoccupations que ses détracteurs. C’est sur les moyens d’atteindre ces objectifs que les lignes se fracturent. Pour le porteur de projet constitué dès 2011 autour de 202 fermes et de 450 agriculteurs et leurs familles, la construction de ces réserves est le levier à actionner face aux enjeux climatiques et à l’érosion de la biodiversité. C’est aussi et surtout la garantie de sécuriser l’approvisionnement des exploitants. Notre but, c’est de pomper l’eau en hiver quand les nappes phréatiques sont rechargées et de la conserver pour arroser l’été où les nappes sont plus en souffrance , expose l’exploitant.
Une vision simpliste et mensongère pour les opposants qui voient dans l’émergence de ces méga-cratères le signe d’un accaparement d’un bien commun au profit d’une minorité , le maintien d’un système à bout de souffle , l’artificialisation des terres au détriment de l’environnement , le risque de problèmes sanitaires inhérents au stockage (cyanobactéries) et in fine, une mal adaptation au dérèglement et à la raréfaction de la ressource. Ces derniers réclament un partage entre tous les usages de l’eau à l’échelle du territoire et un véritable virage agroécologique .
Le 18 décembre 2018, c’est dans une atmosphère qui sent déjà la poudre que le protocole d’accord entérinant la création des 16 retenues de substitution est signé à la préfecture des Deux-Sèvres. | ARCHIVES CO – CHRISTOPHE BERNARD
Le protocole de la discorde
Connu / TG le 25/02/23 à 13:05
Du matériel de surveillance militaire a été découvert à proximité de la maison du père de Julien Le Guet, le porte-parole des anti-bassines, à Sevreau, près de Niort. Une caméra était notamment orientée vers son domicile où ont régulièrement lieu des réunions de "Bassines non merci !", le collectif opposé à la construction des réserves d'eau à des fins d'irrigation agricole. Un dépôt de plainte est envisagé par le père et son fils qui voient dans cette opération d'espionnage la main de la cellule de la gendarmerie Demeter.
Clés : Niort Agriculture biologique Deux-Sèvres Aménagement du territoire