Décryptage
Quatre choses à savoir sur le «fédivers» dont parle Threads, le nouveau réseau social de Meta
Depuis sa création en juillet, le nouveau réseau social Threads, lancé jeudi 14 décembre dans l’UE par Meta, dit vouloir rejoindre le «fédivers». On éclaire vos lanternes sur ce mot-valise, en passe de gagner en popularité.
(Stefani Reynolds/AFP)
publié le 16 décembre 2023 à 9h55 / par Elise Viniacourt
(mis à jour le 18 décembre 2023 à 11h44)
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«Nous prévoyons d’intégrer Threads au fédivers, un réseau social composé de différents serveurs exploités par des tiers», assure l’entreprise sur le site d’Instagram. Threads, on connaît. C’est le réseau social lancé en juillet par la maison mère de Facebook pour concurrencer X (ex-Twitter) et qui vient de débarquer dans l’Union européenne
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mot-valise, contraction entre les termes «fédération» et «univers». La définition la plus simple du fédivers est certainement celle proposée par la Quadrature du Net. Sur son site, l’association de défense des libertés fondamentales en ligne le décrit comme un «ensemble de médias sociaux composé d’une multitude de plateformes et de logiciels, où les uns communiquent avec les autres grâce à un protocole commun». Souvent, il s’agit du protocole ActivityPub, un standard défini par le W3C, l’organisme en charge des protocoles et les lignes directrices assurant la croissance à long terme du Web. En ayant recours à ce dernier, les différentes instances (sites de microblogging, partage de vidéos, de photos…) du fédivers créent des passerelles entre leurs serveurs respectifs leur permettant alors de communiquer entre elles
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«Le courrier électronique fonctionne comme un fédivers», explique l’ingénieur en informatique Stéphane Bortzmeyer. Comment, sinon, les adeptes de Gmail pourraient-ils écrire aux mordus de Yahoo Mail ? D’après le spécialiste, le terme a été popularisé autour de 2016 avec l’apparition et le succès d’un autre concurrent à X, Mastodon
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Certains membres du fédivers, à l’image de la Quadrature du Net, redoutent l’arrivée de ce champion de la centralisation. «L’arrivée de Facebook sur le fédivers ressemble à la stratégie de prendre les devants, d’agir tant qu’il n’existe pas encore d’encadrement, afin de cannibaliser le fédivers en profitant de la circonstance de l’effondrement de Twitter», dénonce l’association. Aussi, certains administrateurs d’instances du giga-réseau ont d’ores et déjà lancé un «Fedipact». Le principe ? Les signataires s’engagent à bloquer les services de Meta de leur propre territoire. Après le fédivers, bientôt la fédiguerre ?
Pour aller plus loin : Réseaux sociaux ; Mark Zuckerberg ; Facebook ; Elon Musk ; Données personnelles
Tout l’Internet est sous le contrôle de l’empire GAFAM. Tout ? Non. Car quelques petits villages résistent à l’oppression. Et certains de ces villages ont commencé à s’agréger, formant le « Fediverse ».
Au travers de débats sur Twitter et Reddit, le Fediverse a commencé à gagner en notoriété et en attention. Les gens ont commencé à l’utiliser pour de vrai. L’empire a commencé à s’en rendre compte.
Les capitalistes contre la concurrence
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Comment Google a rejoint la fédération XMPP
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Comment Google a tué XMPP
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Ce n’était pas la première fois : le mode d’emploi de Microsoft
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Meta et le Fediverse
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Le Fediverse ne peut gagner qu’en gardant ses positions, en parlant de liberté, de morale, d’éthique, de valeurs. En lançant des discussions ouvertes, non commerciales et non orientées. En reconnaissant que le but n’est pas de gagner. Pas d’adhérer. Le but est de rester un outil. Un outil destiné à offrir un espace de liberté aux êtres humains connectés. Quelque chose qu’aucune entité commerciale ne pourra jamais offrir.
Ce texte est une traduction d’un article intitulé « How to Kill a Decentralised Network (such as the Fediverse) » et publié sur le blog de Ploum.
Auteur : Lionel Dricot (→ @ploum@mamot.fr) Date : 23 juin 2023
Licence (article et traduction) : CC BY-SA
Le blog de Ploum https://ploum.net/
Image d’illustration : « Metadeath », de David Revoy.
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Personnes participantes
- Frédéric Couchet, délégué général de l’April
- Audrey Guélou, membre de l’association Picasoft et doctorante en Sciences de l’information et la communication à l’UTC (Université de technologie de Compiègne)
- Thomas Citharel, chef de projet et développeur salarié de l’association Framasoft
Gee - Laurent Costy, vice-président de l’April
- Lorette Costy
- Thierry Holleville, bénévole à l’April (à la régie)
Traitement du podcast
- podcast traité par Samuel Aubert, bénévole à l’April
- podcast découpé en podcasts individuels par Frédéric Couchet
Traitement des photos par Thierry Holleville, bénévole
Références
Chronique de Gee sur le technosolutionnisme
- Inkscape sur Wikipédia
- Python sur Wikipédia
- MuseScore sur Wikipédia
- Ardour sur Wikipédia
- LaTeX sur Wikipédia
- Pandoc sur Wikipédia
- Dossier StopCovid sur Framablog
- « Numérique alternatif et alternatives numériques » sur le blog de Louis Derrac
-« Nous sommes attentifs aux composants qui équipent nos téléphones. » sur le blog de Fairphone - « Les usines d’Apple ont des filets anti-suicide » sur Hitek
- « [MyCO2] Empreinte carbone française moyenne, comment est-elle calculée ? » sur Carbone4
... système de partage d'images sous la forme d'un logiciel libre, utilisant le protocole ActivityPub, pour se fédérer au « Fediverse », lancé à la mi-avril 2018, par un développeur canadien, Daniel Supernault2,3. Il permet de partager des images avec Friendica4, Mastodon, Nextcloud, PeerTube, Pleroma, etc.. Comme c'est un logiciel libre et à source ouvertes, il est possible d'installer sa propre instance, tout en se connectant à cette fédération du Fédiverse5.
Il est parfois présenté comme une alternative à Instagram6,7,8 (de Facebook) et sa politique de censure3, dont il permet d'importer les données9.
Le système est développé dans le langage de script PHP et utilise le framework Laravel10.
Il utilise une interface utilisateur, appelée Compose UI permettant lors du chargement d'images de faire des modifications sur son aspect colorimétrique, il est également possible d'inclure les publications de PixelFed dans n'importe quelle page web, via la balise embed. Il comporte également des outils de modération et un concept appelé « stories », permettant d'échanger des histoires entre instances PixelFed ou autre instance ActivityPub supportant ce type d'activité (au sens d'ActivityPub)11.
Client tiers Une application Android est disponible pour interagir avec l'API de Pixelfed12.
Informations Dernière version 0.11.5 (25 mars 2023)1
Dépôt github.com/pixelfed/pixelfed
Écrit en PHP
Type Réseau social distribué
Service d'hébergement d'images (en)
Licence AGPL-3.0
Site web pixelfed.org
Pixelfed.fr est une plateforme de partage d'images et de vidéos généraliste. Activement modérée.
Rules
- Pas de diffusion des idées d’extrême droite
- Pas de racisme
- Pas de xénophobie en général
- Pas de confusionnisme
- Utilisation du CW pour la nudité ou la pornographie
- Pas de spam
- Principalement francophone
- Discussions dans le respect des autres utilisateurs
Feature Packed
- Albums - Share posts with up to 15 photos
- Comments
- Collections - Organize and share collections of multiple posts
- Discover - Explore categories, hashtags and topics
- Photo Filters - Add a special touch to your photos
- Stories - Share moments with your followers that disappear after 24 hours
1,141 people have shared 367,425 photos and videos on Pixelfed!
Powered by Pixelfed · v0.11.5
Temps de lecture 4 min
Maintenant que Mastodon a suscité l’intérêt d’un certain nombre de migrants de Twitter, il nous semble important de montrer concrètement comment peuvent communiquer entre eux des comptes de Mastodon, PeerTube, Pixelfed et autres… c’est ce que propose Ross Schulman dans ce billet de l’EFF traduit pour vous par Framalang…
source : The Breadth of the Fediverse
Traduction Framalang : CLC, Goofy, Henri-Paul
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L’étendue du Fediverse par Ross Schulman
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réseau social véritablement interopérable et portable. Considérer que Mastodon est un simple clone de Twitter revient à oublier que le Fediverse est capable d’être ou de devenir la plate-forme sociale dont vous rêvez. C’est toute la puissance des protocoles. Le Fediverse dans son ensemble est un site de micro-blogging, qui permet de partager des photos, des vidéos, des listes de livres, des lectures en cours, et bien plus encore.
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Classé dans : Communs culturels, Fediverse, Peer.tube, PeerTube, TraductionsBookwyrm, Fediverse, Funkwhale, mastodon, migration, PeerTube, Pixelfed, Twitter, Writefreely
Framalang est le groupe de traduction bénévole et communautaire de Framasoft. Les membres traduisent des articles du monde du Libre à l'intention du public francophone ...
Connu / https://mastodon.top/@Khrys@mamot.fr/109886882621036216
L'essentiel de ce travail provient d'un pad collaboratif hébergé sur Framapad https://mypads2.framapad.org/p/twitter-mastodon-9c2lz19ed. Il s'agit donc d'un travail collectif, que je sauvegarde (en l'éditant) et continue d'alimenter ici. Licence CC0. Dernière sauvegarde le 14/11 à 14h20.
Le super résumé si t'as que 2 min à y consacrer
Mastodon est un logiciel de réseau social, parmi d'autres, au sein du Fédiverse. Ces logiciels peuvent s'installer sur un serveur (un ordinateur quelque part sur le réseau), on parle alors d'instance. Les différentes instances communiquent entre elles et forment un réseau : le fédivers.
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Connu / https://mastodon.zaclys.com/@louisderrac/109343467243595616
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👣 Maïtané :empoleon: a partagé
1 h
Louis Derrac 🇫🇷 🇬🇧 @louisderrac@mastodon.zaclys.com
Comme promis, je suis en train de repartir du pad collaboratif de guide Mastodon/Fédivers pour en proposer une version stabilisée et un peu plus "pédago". https://publish.obsidian.md/louisderrac/0+m%C3%A9moire+num%C3%A9rique/01+Num%C3%A9rique/Alternatives+num%C3%A9riques/Guide+mastodon/Guide+de+d%C3%A9couverte+de+Mastodon+(et+du+F%C3%A9divers)
Travail en cours et retours bienvenus évidemment ! Et si utile pour vos proches n'hésitez pas à faire tourner. Bonne soirée 😊
Guide de découverte de Mastodon (et du Fédivers) - Jardin numérique de Louis Derrac - Obsidian Publish
Jardin numérique de Louis Derrac
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Connu / https://framapiaf.org/@Framasoft/109324341290158545
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Blast Info a partagé 1 j
Framasoft @Framasoft@framapiaf.org
le Fedivers est tellement plus grand que Mastodon, vous rappelle Benjamin Bellamy sur le Framablog
1+
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Connu / https://framablog.org/2022/11/11/le-fedivers-est-tellement-plus-grand-que-mastodon/#comment-99469
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Nextcloud va rejoindre le fediverse
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- Consulter Geert Lovink, Sad by Design : On Platform Nihilism (Triste par essence : Du nihilisme des plates-formes, non traduit en français), London : Pluto Press, 2019. ↩
- Dans tout ce document nous utiliserons « médias sociaux commerciaux » et « médias sociaux alternatifs » selon les définitions de Robert W. Gehl dans « The Case for Alternative Social Media » (Pour des médias sociaux alternatifs, non traduit en français), Social Media + Society, juillet-décembre 2015, p. 1-12. En ligne. ↩
- Danyl Strype, « A Brief History of the GNU Social Fediverse and ‘The Federation’ » (Une brève histoire de GNU Social, du Fédiverse et de la ‘fédération’, non traduit en français), Disintermedia, 1er Avril 2017. En ligne. ↩
- Pour une exploration du #GamerGate et des technocultures toxiques, consulter Adrienne Massanari, « #Gamergate and The Fappening : How Reddit’s Algorithm, Governance, and Culture Support Toxic Technocultures » (#GamerGate et Fappening : comment les algorithmes, la gouvernance et la culture de Reddit soutiennent les technocultures toxiques, non traduit en français), New Media & Society, 19(3), 2016, p. 329-346. ↩
- En raison de la nature décentralisée du Fédiverse, il n’est pas facile d’obtenir les chiffres exacts du nombre d’utilisateurs, mais quelques projets tentent de mesurer la taille du réseau : The Federation ; Fediverse Network ; Mastodon Users, Bitcoin Hackers. ↩
- Pour un exemple de ce type de mélange, consulter Michael Rossman, « Implications of Community Memory » (Implications du projet Community Memory, non traduit en français) SIGCAS – Computers & Society, 6(4), 1975, p. 7-10. ↩
- Aymeric Mansoux, « Surface Web Times » (L’ère du Web de surface, non traduit en français), MCD, 69, 2013, p. 50-53. ↩
- Burcu Gültekin Punsmann, « What I learned from three months of Content Moderation for Facebook in Berlin » (Ce que j’ai appris de trois mois de modération de contenu pour Facebook à Berlin, non traduit en français), SZ Magazin, 6 January 2018. En ligne. ↩
- Pour consulter le code source, voir Raddle ; Postmill, ‘GitLab’ ; Voat ; Voat, ‘GitLab’. ↩
- Gabriella Coleman, « The Political Agnosticism of Free and Open Source Software and the Inadvertent Politics of Contrast » (L’agnosticisme politique des FLOSS et la politique involontaire du contraste, non traduit en français), Anthropological Quarterly, 77(3), 2004, p. 507-519. ↩
- Pour une discussion plus approfondie sur les multiples possibilités procurés par l’ouverture mais aussi pour un commentaire sur le librewashing, voyez l’article de Jeffrey Pomerantz and Robin Peek, « Fifty Shades of Open », First Monday, 21(5), 2016. En ligne. ↩
- Comme exemple d’arguments contre la défédération, voir le commentaire de Kaiser sous l’article du blog de Robek « rw » World : « Mastodon Socal Is THE Twitter Alternative For… », Robek World, 12 janvier 2017. En ligne. ↩
- Au moment où Gab a rejoint le réseau, les statistiques du Fédiverse ont augmenté d’environ un million d’utilisateurs. Ces chiffres, comme tous les chiffres d’utilisation du Fédiverse, sont contestés. Pour le contexte, voir John Dougherty et Michael Edison Hayden, « ‘No Way’ Gab has 800,000 Users, Web Host Says », Southern Poverty Law Center, 14 février 2019. En ligne. Et le message sur Mastodon de emsenn le 10 août 2017, 04:51. ↩
- Pour une introduction exhaustive aux écrits de Chantal Mouffe, voir Chantal Mouffe, Agonistique : penser politiquement le monde, Paris, Beaux-Arts de Paris éditions, 2014. On lira aussi avec profit la page Wikipédia consacrée à l’agonisme. ↩
- Andrew Torba : « Le passage au protocole ActivityPub pour notre base nous permet d’entrer dans les App Stores mobiles sans même avoir à soumettre ni faire approuver nos propres applications, que cela plaise ou non à Apple et à Google », posté sur Gab, url consultée en mai 2019. ↩
- David Garcia, « The Revenge of Folk Politics », transmediale/journal, 1, 2018. En ligne. ↩
- hbsc & friends, « Have You Considered the Alternative ? », Homebrew Server Club, 9 March 2017. En ligne. ↩
- Sarah Jamie Lewis (éd.), Queer Privacy : Essays From The Margin Of Society, Victoria, British Columbia, Lean Pub/Mascherari Press, 2017, p. 2. ↩
- Shoshana Zuboff, The Age of Surveillance Capitalism : The Fight for a Human Future at the New Frontier of Power, New York, PublicAffairs, 2019. ↩
- Silvio Lorusso, Entreprecariat – Everyone Is an Entrepreneur. Nobody Is Safe, Onomatopee : Eindhoven, 2019. ↩
- Pour un exemple d’introduction très souvent citée en lien, rédigée par une utilisatrice, cf. Noëlle Anthony, Joyeusenoelle/GuideToMastodon, 2019. En ligne. ↩
- Au sein de ce texte, nous utilisons « média social commercial » (corporate social media) et « média social alternatif » (alternative social media) comme définis par Robert W. Gehl, « The Case for Alternative Social Media », op. cit.. ↩
- Pour un relevé permanent de ces problématiques, cf. Pervasive Labour Union Zine, en ligne. ↩
- Bien que formulée dans le contexte de Tumblr, pour une discussion à propos des tensions entre le travail numérique, les communautés post-numériques et l’activisme, voyez Cassius Adair et Lisa Nakamura, « The Digital Afterlives of This Bridge Called My Back : Woman of Color Feminism, Digital Labor, and Networked Pedagogy », American Literature, 89(2), 2017, p. 255-278. ↩
- « Mastodon », Open Collective. En ligne. ↩
- Pour des éléments de discussion sur le financement public des logiciels libres, ainsi que quelques analyses des premiers jets de lois concernant l’accès au code source des logiciels achetés avec l’argent public, cf. Jesús M. González-Barahona, Joaquín Seoane Pascual et Gregorio Robles, Introduction to Free Software, Barcelone, Universitat Oberta de Catalunya, 2009. ↩
- par exemple, consultez Atsushi Akera, « Voluntarism and the Fruits of Collaboration : The IBM UserGroup, Share », Technology and Culture, 42(4), 2001, p. 710-736. ↩
- Sam Williams, Free as in Freedom : Richard Stallman’s Crusade for Free Software, Farnham : O’Reilly, 2002. ↩
- Femke Snelting, « Codes of Conduct : Transforming Shared Values into Daily Practice », dans Cornelia Sollfrank (éd.), The Beautiful Warriors : Technofeminist Praxis in the 21st Century, Colchester, Minor Compositions, 2019, pp. 57-72. ↩
- Dušan Barok, Privatising Privacy : Trojan Horse in Free Open Source Distributed Social Platforms, Thèse de Master, Networked Media, Piet Zwart Institute, Rotterdam/Netherlands, 2011. ↩
- Voyez l’échange de correspondance Stallman-Ghosh-Glott sur l’étude du FLOSS, « Two Communities or Two Movements in One Community ? », dans Rishab Aiyer Ghosh, Ruediger Glott, Bernhard Krieger and Gregorio Robles, Free/Libre and Open Source Software : Survey and Study, FLOSS final report, International Institute of Infonomics, University of Maastricht, Netherlands, 2002. En ligne. ↩
- Consultez par exemple Felix von Leitner, « Mon Jul 6 2015 », Fefes Blog, 6 July 2015, en ligne. ↩
Qui sont les auteurs
- AYMERIC MANSOUX s’amuse avec les ordinateurs et les réseaux depuis bien trop longtemps. Il a été un membre fondateur du collectif GOTO10 (FLOSS+Art anthology, Puredyne distro, make art festival). Parmi les collaborations récentes, citons : Le Codex SKOR, une archive sur l’impossibilité d’archiver ; What Remains, un jeu vidéo 8 bits sur la manipulation des l’opinion publique et les lanceurs d’alerte pour la console Nintendo de 1985 ; et LURK, une une infrastructure de serveurs pour les discussions sur la liberté culturelle, l’art dans les nouveaux médias et la culture du net. Aymeric a obtenu son doctorat au Centre d’études culturelles, Goldsmiths, Université de Londres en 2017, pour son enquête sur le déclin de la diversité culturelle et des formes techno-légales de l’organisation sociale dans le cadre de pratiques culturelles libres et open-source. Il dirige actuellement le Cours de maîtrise en édition expérimentale (XPUB) à l’Institut Piet Zwart, Rotterdam. https://bleu255.com/~aymeric.
- ROEL ROSCAM ABBING est un artiste et chercheur dont les travaux portent sur les questions et les cultures entourant les ordinateurs en réseau. Il s’intéresse à des thèmes tels que le réseau, les infrastructures, la politique de la technologie et les approches DIY (NdT : « Faites-le vous-même »). Il est doctorant dans le domaine du design d’interaction à l’université de Malmö.
Classé dans : Contributopia, Dégooglisons Internet, Fédération, Internet et société, Libres Logiciels, Tales of FediverseAbbing, Fédération, Fediverse, Framalang, Internet, Mansoux, mastodon, Traduction
Connu / https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?1lMvQA
Jusqu’à présent, la grande majorité des discussions autour des licences FLOSS sont restées enfermées dans une comparaison cliché entre l’accent mis par le logiciel libre sur l’éthique de l’utilisateur et l’approche de l’open source qui repose sur l’économie31.
Qu’ils soient motivés par l’éthique ou l’économie, les logiciels libres et les logiciels open source partagent l’idéal selon lequel leur position est supérieure à celle des logiciels fermés et aux modes de production propriétaires. Toutefois, dans les deux cas, le moteur libéral à la base de ces perspectives éthiques et économiques est rarement remis en question. Il est profondément enraciné dans un contexte occidental qui, au cours des dernières décennies, a favorisé la liberté comme le conçoivent les libéraux et les libertariens aux dépens de l’égalité et du social.
Remettre en question ce principe est une étape cruciale, car cela ouvrirait des discussions sur d’autres façons d’aborder l’écriture, la diffusion et la disponibilité du code source. Par extension, cela mettrait fin à la prétention selon laquelle ces pratiques seraient soit apolitiques, soit universelles, soit neutres.
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inconcevables car l’un des aspects les plus importants des FLOSS est qu’ils ont été conçus comme étant de nature non discriminatoire. Par « non discriminatoire », nous entendons les licences FLOSS qui permettent à quiconque d’utiliser le code source des FLOSS à n’importe quelle fin.
Certains efforts ont été faits pour tenter de résoudre ce problème, par exemple au niveau de l’octroi de licences discriminatoires pour protéger les productions appartenant aux travailleurs, ou pour exclure l’utilisation par l’armée et les services de renseignement32.
Ces efforts ont été mal accueillis en raison de la base non discriminatoire des FLOSS et de leur discours. Pis, la principale préoccupation du plaidoyer en faveur des FLOSS a toujours été l’adoption généralisée dans l’administration, l’éducation, les environnements professionnels et commerciaux, et la dépolitisation a été considérée comme la clé pour atteindre cet objectif. Cependant, plus récemment, la croyance en une dépolitisation, ou sa stratégie, ont commencé à souffrir de plusieurs manières.
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celui du « dictateur bienveillant » ... créer des structures de compte-rendu et à migrer vers des formes de gouvernance orientées vers la communauté, telles que les coopératives ou les associations.
Deuxièmement, les licences tendent maintenant à être combinées avec d’autres documents textuels tels que les accords de transfert de droits d’auteur, les conditions de service et les codes de conduite. Ces documents sont utilisés pour façonner la communauté, rendre leur cohérence idéologique plus claire et tenter d’empêcher manipulations et malentendus autour de notions vagues comme l’ouverture, la transparence et la liberté.
Troisièmement, la forte coloration politique du code source remet en question la conception actuelle des FLOSS. Comme indiqué précédemment, certains de ces efforts sont motivés par le désir d’éviter la censure et le contrôle des plateformes sociales des entreprises, tandis que d’autres cherchent explicitement à développer des logiciels à usage antifasciste. Ces objectifs interrogent non seulement l’universalité et l’utilité globale des grandes plateformes de médias sociaux, ils questionnent également la supposée universalité et la neutralité des logiciels.
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Avec sa base relativement diversifiée d’utilisatrices, de développeurs, d’agenda, de logiciels et d’idéologies, le Fédiverse devient progressivement le système le plus pertinent pour l’articulation de nouvelles formes de la critique des FLOSS
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urgent de réévaluer nombre de ses caractéristiques qui étaient considérées comme acquises.
Si nous pouvons accepter le sacrilège nécessaire de penser au logiciel libre sans le logiciel libre, il reste à voir ce qui pourrait combler le vide laissé par son absence.
Connu / https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?1lMvQA
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un ensemble de pratiques, ou plutôt un ensemble d’attentes et de demandes concernant les logiciels de médias sociaux, dans lesquels les efforts disparates de projets de médias sociaux alternatifs convergent en un réseau partagé avec des objectifs plus ou moins similaires. Les différents modèles d’utilisation, partagés entre les serveurs, vont de plateformes d’extrême-droite financées par le capital-risque à des systèmes de publication d’images japonaises, en passant par des collectifs anarcho-communistes, des groupes politiques, des amateurs d’algorithmes de codage en direct, des « espaces sûrs » pour les travailleur⋅euse⋅s du sexe, des forums de jardinage, des blogs personnels et des coopératives d’auto-hébergement. Ces pratiques se forment parallèlement au problème du partage des données et du travail gratuit, et font partie de la transformation
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contribuer à façonner la culture des plateformes par leurs échanges et le contenu partagés. Twitter en est un exemple bien connu, où des fonctionnalités essentielles, telles que les noms d’utilisateur préfixés par @ et les hashtags par #, ont d’abord été suggérés par les utilisateurs. Les forums comme Reddit permettent également aux utilisateurs de définir et modérer des pages, créant ainsi des communautés distinctes et spécifiques.
Sur les plateformes alternatives de médias sociaux comme le Fédiverse, en particulier à ses débuts, ces formes de participation vont plus loin continuelle de ce que cela implique d’être utilisateur ou utilisatrice de logiciel.
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La manière dont les facilitateurs de services sont soutenus sur le Fédiverse, par exemple, est analogue à la manière dont les créateurs de contenu sur les plateformes de streaming au sein des communautés de jeux sont soutenus par leur public. Des appels à une meilleure gouvernance des projets logiciels sont également en cours dans les communautés FLOSS plus largement. L’élaboration de codes de conduite (un document clé pour les instances de la Fédiverse mis en place pour exposer leur vision de la communauté et de la politique) a été introduit dans diverses communautés FLOSS au début des années 2010, en réponse à la misogynie systématique et à la l’exclusion des minorités des espaces FLOSS à la fois en ligne et hors ligne29. Les codes de conduite répondent également au besoin de formes génératrices de résolution des conflits par-delà les barrières culturelles et linguistiques.
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La nature évolutive de l’utilisation du Fédiverse montre à quel point l’écart est grand entre les extrêmes stéréotypés du modèle capitaliste de surveillance et du martyre auto-infligé des plateformes de bénévolat. Ce qui a des implications sur le rôle des utilisateurs en relation avec les médias sociaux alternatifs, ainsi que pour le développement de la culture des FLOSS30.
Connu / https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?1lMvQA
Les grandes plateformes de médias sociaux, qui se concentrent sur l’utilisation de statistiques pour récompenser leur usage et sur la gamification, sont tristement célèbres pour utiliser autant qu’elles le peuvent le travail gratuit ... bienvenue dans le monde du capitalisme de surveillance 19.
... extrêmement difficile de réglementer ... lobbying intense des propriétaires de plateformes et de leurs actionnaires, mais aussi et peut-être de façon plus décisive, à cause de la nature dérivée de la monétisation qui est au cœur des entreprises de médias sociaux. Ce qui est capitalisé par ces plateformes est un sous-produit algorithmique, brut ou non, de l’activité et des données téléchargées par ses utilisateurs et utilisatrices. Cela crée un fossé qui rend toujours plus difficile d’appréhender la relation entre le travail en ligne, le contenu créé par les utilisateurs, le pistage et la monétisation.
Cet éloignement fonctionne en réalité de deux façons. D’abord, il occulte les mécanismes réels qui sont à l’œuvre, ce qui rend plus difficile la régulation de la collecte des données et leur analyse ... Ensuite, en faisant comme si aucune donnée personnelle identifiable n’était directement utilisée pour être monétisée ; ces plateformes dissimulent leurs transactions financières derrière d’autres sortes de transactions ... à l’ère de l’« entrepecariat » et de la connectivité quasi obligatoire au réseau.
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nouveaux utilisateurs21. Cela fait écho à ce que Robert Gehl désigne comme une des caractéristiques des plateformes de réseaux sociaux alternatifs. Le réseau comme ses coulisses ont une fonction pédagogique ... chacun peut, au-delà des permissions utilisateur limitées, participer à son développement, à son administration et à son organisation 22
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Actuellement, il est très facile d’explorer le Fédiverse et d’analyser les profils de ses utilisatrices et utilisateurs. Bien que la plupart des plateformes du Fédiverse combattent le pistage des utilisateurs et la collecte de leurs données, des tiers peuvent utiliser ces informations. En effet, le Fédiverse fonctionne comme un réseau ouvert, conçu à l’origine pour que les messages soient publics
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les habitudes et le faux sentiment de sécurité hérités des réseaux sociaux commerciaux de persister, surtout après deux décennies de désinformation au sujet de la vie privée numérique 23.
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des problèmes autour de la notion de travail. Pour les comprendre, nous devons d’abord admettre les dégâts causés, d’une part, par la merveilleuse utilisation gratuite des réseaux sociaux privés, et d’autre part, par la mécompréhension du fonctionnement des logiciels libres ou open source : à savoir, la manière dont la lutte des travailleurs et la question du travail ont été masquées dans ces processus 24.
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croire que le développement des logiciels, la maintenance des serveurs et les services en ligne devraient être mis gratuitement à leur disposition
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la tendance sur le Fédiverse consiste à rendre explicites les coûts de fonctionnement d’un serveur communautaire ... un système permettant aux contributeurs d’être rémunérés pour leur travail 25.
... étendre et maintenir ces projets sur du long terme demande un soutien plus structurel.... le logiciel libre peut être considéré comme un bien d’utilité publique qui devrait être financé par des ressources publiques26. À une époque où la régulation des médias sociaux commerciaux est débattue en raison de leur rôle dans l’érosion des institutions publiques, le manque de financement public d’alternatives non prédatrices devrait être examiné de manière plus active.
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la modération sont rémunérées par les communautés du Fédiverse. On peut se demander pourquoi, lorsqu’il existe une rémunération, certaines formes de travail sont payées et d’autres non ... soutenir une solidarité et une attention sans exploitation sur tous les maillons de la chaîne.
Connu / https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?1lMvQA
Par le passé, les débats sur les risques des médias sociaux commerciaux se sont focalisés sur les questions de vie privée et de surveillance, surtout depuis les révélations de Snowden en 2013. Par conséquent, de nombreuses réponses techniques, en particulier celles issues des communautés FLOSS, se sont concentrées sur la sécurité des traitements des données personnelles. Cela peut être illustré par la multiplication des applications de messagerie et de courrier électronique chiffrées post-Snowden17. La menace perçue par ces communautés est la possibilité de surveillance du réseau, soit par des agences gouvernementales, soit par de grandes entreprises.
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requièrent des connaissances techniques considérables de la part des utilisateurs.
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Le Fédiverse bascule alors d’une conception à dominante technique vers une conception plus sociale de la vie privée, comme l’ont clairement montré les discussions qui ont eu lieu au sein de l’outil de suivi de bug de Mastodon, lors de ces premières étapes de développement. Le modèle de menace qui y est discuté comprend les autres utilisateurs du réseau, les associations accidentelles entre des comptes et les dynamiques des conversations en ligne elles-mêmes. Cela signifie qu’au lieu de se concentrer sur des caractéristiques techniques telles que les réseaux de pair à pair et le chiffrement de bout en bout, le développement a été axé sur la construction d’outils de modération robustes, sur des paramétrages fins de la visibilité des messages et sur la possibilité de bloquer d’autres instances.
Ces fonctionnalités, qui favorisent une approche plus sociale de la protection de la vie privée, ont été développées et défendues par les membres des communautés marginalisées, dont une grande partie se revendique comme queer. Comme le note Sarah Jamie Lewis :
... Les communautés LGBTQI+ souhaitent parfois cacher des choses à certains de leurs parents et amis, tout en pouvant partager une partie de leur vie avec d’autres. Se faire des amis, se rencontrer, échapper à des situations violentes, accéder à des services de santé, s’explorer et explorer les autres, trouver un emploi, pratiquer le commerce du sexe en toute sécurité… sont autant d’aspects de la vie de cette communauté qui sont mal pris en compte par ceux qui travaillent aujourd’hui sur la protection de la vie privée18.
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Soudain, les outils de remontée de défauts techniques sont également devenus un lieu de débat de questions sociales, culturelles et politiques
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ont finalement été développées comprennent le blocage au niveau d’une instance, des outils de modérations avancés, des avertissements sur la teneur des contenus et une meilleure accessibilité. Cela a permis à des communautés géographiquement, culturellement et idéologiquement disparates de partager le même réseau selon leurs propres conditions. De ce fait, le Fédiverse peut être compris comme un ensemble de communautés qui se rallient autour d’un serveur, ou une instance, afin de créer un environnement où chacun se sent à l’aise. Là encore, cela constitue une troisième voie : ni un modèle dans lequel seuls ceux qui ont des aptitudes techniques maîtrisent pleinement leurs communications, ni un scénario dans lequel la majorité pense n’avoir « rien à cacher » simplement parce qu’elle n’a pas son mot à dire ni le contrôle sur les systèmes dont elle est tributaire. En effet, le changement vers une perception sociale de la vie privée a montré que le Fédiverse est désormais un laboratoire dans lequel on ne peut plus prétendre que les questions d’organisation sociale et de gouvernance sont détachées des logiciels.
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Les serveurs du Fédiverse ont tendance à être équipés de paramètres de « confidentialité par défaut », tels que le nécessaire chiffrement de transport et le proxy des requêtes distantes afin de ne pas exposer les utilisateurs individuels.
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Connu / https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?1lMvQA
... une des caractéristiques du Fédiverse tient aux différentes couches logicielles et applications qui la constituent et qui peuvent virtuellement être utilisées par n’importe qui et dans n’importe quel but. Cela signifie qu’il est possible de créer une communauté en ligne qui peut se connecter au reste du Fédiverse mais qui opère selon ses propres règles, sa propre ligne de conduite, son propre mode d’organisation et sa propre idéologie
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chaque communauté est capable de se définir elle-même non plus uniquement par un langage mémétique, un intérêt, une perspective commune, mais aussi par ses relations aux autres, en se différenciant. Une telle spécificité peut faire ressembler le Fédiverse à un assemblage d’infrastructures qui suivrait les principes du pluralisme agonistique. Le pluralisme agonistique, ou agonisme, a d’abord été conçu par Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, qui l’ont par la suite développé en une théorie politique. Pour Mouffe, à l’intérieur d’un ordre hégémonique unique, le consensus politique est impossible. Une négativité radicale est inévitable dans un système où la diversité se limite à des groupes antagonistes14.
La thèse de Mouffe s’attaque aux systèmes démocratiques où les politiques qui seraient en dehors de ce que le consensus libéral juge acceptable sont systématiquement exclues.
Le pari fait par l’agonisme est qu’en créant un système dans lequel un pluralisme d’hégémonies est permis, il devienne possible de passer d’une conception de l’autre en tant qu’ennemi à une conception de l’autre en tant qu’adversaire politique. Pour que cela se produise, il faut permettre à différentes idéologies de se matérialiser par le biais de différents canaux et plateformes. Une condition préalable importante est que l’objectif du consensus politique doit être abandonné et remplacé par un consensus conflictuel, dans lequel la reconnaissance de l’autre devient l’élément de base des nouvelles relations, même si cela signifie, par exemple, accepter des points de vue non occidentaux sur la démocratie, la laïcité, les communautés et l’individu.
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avec la présence apparemment irréconciliable de factions d’extrême gauche et d’extrême droite dans l’univers de la fédération, les réalités de l’antagonisme seront très difficiles à résoudre ... Mastodon a été confronté à la neutralité des licences FLOSS. D’autres projets du Fédiverse, tels que les clients de téléphonie mobile FediLab et Tusky, ont également été confrontés au même problème, peut-être même plus, car la motivation directe des développeurs de Gab pour passer aux logiciels du Fédiverse était de contourner leur interdiction des app stores d’Apple et de Google pour violation de leurs conditions de service. En s’appuyant sur les clients génériques de logiciels libres du Fédiverse, Gab pourrait échapper à de telles interdictions à l’avenir, et aussi forger des alliances avec d’autres instances idéologiquement compatibles sur le Fédiverse15.
Dans le cadre d’une stratégie antifasciste plus large visant à dé-plateformer et à bloquer Gab sur le Fédiverse, des appels ont été lancés aux développeurs de logiciels pour qu’ils ajoutent du code qui empêcherait d’utiliser leurs clients pour se connecter aux serveurs Gab. Cela a donné lieu à des débats approfondis sur la nature des logiciels libres et open source, sur l’efficacité de telles mesures quant aux modifications du code source public, étant donné qu’elles peuvent être facilement annulées, et sur le positionnement politique des développeurs et mainteneurs de logiciels.
Au cœur de ce conflit se trouve la question de la neutralité du code, du réseau et des protocoles. Un client doit-il – ou même peut-il – être neutre ? Le fait de redoubler de neutralité signifie-t-il que les mainteneurs tolèrent l’idéologie d’extrême-droite ? Que signifie bloquer ou ne pas bloquer une autre instance ?
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La tolérance et la liberté d’expression sont devenues des sujets explosifs après près de deux décennies de manipulation politique et de filtrage au sein des médias sociaux des grandes entreprises ; quand on voit que les plateformes et autres forums de discussion populaires n’ont pas réussi à résoudre ces problèmes, on n’est guère enclin à espérer en des expérimentations futures.
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il se pourrait que le Fédiverse crée au mieux une forme d’agonisme bâtard par le biais de la pilarisation. En d’autres termes, nous pourrions assister à une situation dans laquelle des instances ne formeraient de grandes agrégations agonistes-sans-agonisme qu’entre des communautés et des logiciels compatibles tant sur le plan idéologique que technique, seule une minorité d’entre elles étant capable et désireuse de faire le pont avec des systèmes radicalement opposés. Quelle que soit l’issue, cette question de l’agonisme et de la politique en général est cruciale pour la culture du réseau et de l’informatique. Dans le contexte des systèmes post-politiques occidentaux et de la manière dont ils prennent forme sur le net, un sentiment de déclin de l’esprit partisan et de l’action militante politique a donné l’illusion, ou plutôt la désillusion, qu’il n’y a plus de boussole politique. Si le Fédiverse nous apprend quelque chose, c’est que le réseau et les composants de logiciel libres de son infrastructure n’ont jamais été aussi politisés qu’aujourd’hui. Les positions politiques qui sont générées et hébergées sur le Fédiverse ne sont pas insignifiantes, mais sont clairement articulées. De plus, comme le montre la prolifération de célébrités politiques et de politiciens utilisant activement les médias sociaux, une nouvelle forme de démocratie représentative émerge, dans laquelle le langage mémétique des cultures post-numériques se déplace effectivement dans le monde de la politique électorale et inversement16.
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Les concepts d’ouverture, d’universalité, et de libre circulation de l’information ont été au cœur des récits pour promouvoir le progrès technologique et la croissance sur Internet et le Web. Bien que ces concepts aient été instrumentalisés pour défendre les logiciels libres et la culture du libre, ils ont aussi été cruciaux dans le développement des médias sociaux
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Cependant, ces systèmes ouverts étaient également ouverts à leur accaparement par le marché et exposés à la culture prédatrice des méga-entreprises. Dans le cas du Web, cela a conduit à des modèles lucratifs qui exploitent à la fois les structures et le contenu circulant11 dans tout le réseau.
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Historiquement, des projets de médias sociaux alternatifs tels que GNU Social, et plus précisément Identi.ca/StatusNet, ont cherché à s’extirper de cette situation en créant des plateformes qui contrevenaient à cette forme particulière d’ouverture sur-commercialisée.
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le Fédiverse de l’époque n’avait pas beaucoup dévié du projet d’origine d’un logiciel libre de média social fédéré, lancé une décennie plus tôt.
Par conséquent, le Fédiverse était composé d’une foule très homogène, dont les intérêts recoupaient la technologie, les logiciels libres et les idéologies anti-capitalistes. Cependant, alors que la population du Fédiverse s’est diversifiée lorsque Mastodon a attiré des communautés plus hétérogènes, des conflits sont apparus entre ces différentes communautés
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En cherchant la déconnexion sélective et en contestant l’idée même que le débat en ligne est forcément fructueux, les communautés qui se battaient pour la défédération ont aussi remis en cause les présupposés libéraux sur l’ouverture et l’universalité sur lesquels les logiciels précédents du Fédiverse étaient construits. Le fait qu’en parallèle à ces développements, le Fédiverse soit passé de 200 000 à plus de 3,5 millions de comptes au moment d’écrire ces lignes, n’est probablement pas une coïncidence. Plutôt que d’entraver le réseau, la défédération, les communautés auto-gouvernées et le rejet de l’universalité ont permis au Fédiverse d’accueillir encore plus de communautés. La présence de différents serveurs qui représentent des communautés si distinctes qui ont chacune leur propre culture locale et leur capacité d’action sur leur propre partie du réseau, sans être isolée de l’ensemble plus vaste, est l’un des aspects les plus intéressants du Fédiverse. Cependant, presque un million du nombre total de comptes sont le résultat du passage de la plateforme d’extrême-droite Gab aux protocoles du Fédiverse, ce qui montre que le réseau est toujours sujet à la captation et à la domination par une tierce partie unique et puissante13. Dans le même temps, cet événement a immédiatement déclenché divers efforts pour permettre aux serveurs de contrer ce risque de domination.
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étendre le protocole ActivityPub, l’un des protocoles les plus populaires et discutés du Fédiverse, en ajoutant des méthodes d’autorisation plus fortes à base d’un modèle de sécurité informatique qui repose sur la capacité des objets (Object-capability model). Ce modèle permet à un acteur de retirer, a posteriori, la possibilité à d’autres acteurs de voir ou d’utiliser ses données. Ce qui est unique à propos du Fédiverse c’est cette reconnaissance à la fois culturelle et technique que l’ouverture a ses limites, et qu’elle est elle-même ouverte à des interprétations plus ou moins larges en fonction du contexte, qui n’est pas fixe dans le temps. C’est un nouveau point de départ fondamental pour imaginer de nouveaux médias sociaux.
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On oublie trop souvent que de façon cruciale, les mèmes ne peuvent exister ex nihilo. Il y a des systèmes qui permettent leur circulation et leur amplification : les plateformes de médias sociaux.
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Dans une situation où la censure ou l’exil en isolement étaient les seules options, la fédération ouvre une troisième voie. Elle permet à une communauté de participer aux échanges ou d’entrer en conflit avec d’autres plateformes tout en restant fidèle à son cadre, son idéologie et ses intérêts.
Dès lors, deux nouveaux scénarios sont possibles : premièrement, une culture en ligne localisée pourrait être mise en place et adoptée dans le cadre de la circulation des conversations dans un réseau de communication partagé. Deuxièmement, des propos mémétiques extrêmes seraient susceptibles de favoriser l’émergence d’une pensée axée sur la dualité amis/ennemis entre instances, au point que les guerres de mèmes et la propagande simplistes seraient remplacés par des guerres de réseaux.
A la faveur du rachat de Twitter par Elon Musk (voir mes 2 articles d’analyse : “L’oiseau, le milliardaire et le précipice” et “Free as a Capitalist Bird. Quand dire c’est défaire“) et des diverses annonces et décisions totalement erratiques qui s’en sont suivies (licenciements en nombre jusqu’à diviser par 2 la masse salariale de l’entreprise, annonce d’une certification payante à 8 euros par mois, cadences infernales imposées …) je suis retourné sur Mastodon, un environnement venu du monde du logiciel libre, avec une architecture décentralisée et qui est une partie importante du “Fediverse” (Federated Universe).
Je veux livrer ici quelques éléments de ressenti et d’analyse.
Mastodon a été créé en 2016, 10 ans après la création de Twitter, et a toujours été présenté comme son alternative libre : c’est un réseau social de micro-publications (les “pouets” ou “toots” en anglais), on peut suivre des gens, et partager ce qui s’y dit (re-pouets). Le tout sans publicité (Ô joie). Et dans un cadre décentralisé, c’est à dire qu’il n’y a pas de serveur unique mais des “instances” que chacun peut créer, héberger et administrer, auxquelles on peut s’inscrire, et qui sont inter-reliées (le fait d’être inscrit à une instance permet de suivre aussi ce qui se dit dans les autres instances liées).
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Pour l’instant l’expérience Mastodon (la mienne en tout cas)
comprend une limite et une promesse.
- La limite c’est que beaucoup de comptes (dont le mien) sont “vierges” ou quasiment de toute publication (pouet). Or la dynamique d’adhésion à un compte tient souvent à la lecture (rapide) de ce qu’il raconte ...
- La promesse c’est celle d’une rupture avec “l’immersion informationnelle contrainte”. J’entends par là que nos comptes Twitter et surtout nos “fils” (feeds) Twitter sont une membrane poreuse et transparente à l’actualité la plus brute et la plus immédiate. C’est d’ailleurs le principe même de Twitter, et ce fut son affordance principale dès son commencement, que d’être en capacité de documenter directement et immédiatement le réel, en tout cas les effets de réel les plus susceptibles d’être repris dans les médias. L’expérience actuelle de Mastodon, son affordance informationnelle, est à ce titre tout à fait singulière au regard de ce qui constitue nos environnements informationnels numériques “standards”. Le contenu de l’instance à laquelle on appartient (“fil public local”) ou le contenu “public” de l’ensemble des instances reliées (“fil public global”) ne ressemble pour le coup à … pas grand chose de connu.
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Le hiatus cognitif entre mon fil Twitter et mon fil Mastodon est abyssal. Twitter est la métabolisation écrasante et invariante d’une homophonie globale, là où Mastodon demeure pour l’instant une polyphonie troublante et variante
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L’un des enjeux sera de voir si ce hiatus cognitif finit par se combler et de quelle manière il le fera
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Sur Mastodon apparaissent 3 fils de discussion
- Accueil : comme sur Twitter, il montre les publications de toutes les personnes que vous suivez quelle que soit l’Instance ;
- Fil public local : montre les publications publiques des membres de votre Instance ;
- Fil public global : montre les publications publiques des membres de votre Instance ainsi que les publications publiques des comptes suivis par les membres de votre Instance.
... la sérendipité fonctionne à plein régime https://affordance.framasoft.org/2010/02/ingenieries-de-la-serendipite/ et en dehors de déterminismes algorithmiques ne répondant qu’à des enjeux de maximisation d’audience au service de la plateforme qu’ils (des)servent.
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pouvoir sortir au moins un peu d’un continuum numérique fait uniquement de la juxtaposition d’architectures techniques toxiques. Et de retrouver un peu du rêve initial d’univers discursifs ouverts et décentralisés. Et cela, quoi qu’il advienne, est déjà une excellente nouvelle.
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Ndlr : fait par https://mamot.fr/@affordance
Comment protéger ses activités numériques de la surveillance et de la malveillance ? Un panorama didactique des solutions alternatives à la portée de tous.
"Nos libertés sont en train de s’évaporer sous nos yeux", s’alarme une jeune chercheuse hongkongaise. Tous les jours, les données personnelles que chacun laisse sur les outils gracieusement mis à sa disposition par les Gafam – messageries instantanées, réseaux sociaux, navigateurs, moteurs de recherche, services de cartographie en ligne et de géolocalisation... – fragilisent le droit à la vie privée. À des degrés divers, l’activité numérique nous expose à de multiples risques : hacking, espionnage commercial, policier ou étatique, cyberharcèlement… Dès lors, comment échapper en ligne à la surveillance et à la malveillance ?
Protection, mode d’emploi
Au travers des témoignages d’un performer berlinois désireux de s’émanciper de Facebook, d’enseignants du lycée français de Casablanca sensibilisant leurs élèves au harcèlement en ligne, de journalistes d’investigation qui s’ingénient à protéger leurs sources ou encore d’une jeune Hongkongaise, cible potentielle des autorités chinoises, ce documentaire didactique dresse un panorama des solutions pratiques alternatives pour échapper à la toute-puissance des algorithmes et protéger sa vie privée sur le Web.
Réalisation : Marc Meillassoux
Production : LuFilms
Producteur/-trice : Laurence Uebersfeld
Tr.: ... mobilizon et le fediverse à Berlin ; Framasoft ; Richard Stallman ; ... Tor+SecureDROP ; Lineage à la place de Android ; Moodle+BBB pour l'enseignement ; Tails ? ACT
A partir du 17 mai, Ouvaton accueille les #Framasites de @Framasoft qui cherchent un nouvel abri.
Toutes les informations:
https://ouvaton.coop/framasites-2021/
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si vous êtes sur ordi: en haut à droite de la page, à côté de votre nom, il y a un champ 'trouver des personnes".
Vous pouvez rentrer dedans, par exemple: g3l
(C’est un CHATONS qui a sa propre instance - une des plus importante en France -. Il est dans la liste des instances que nous regardons.)
Vous devriez voir apparaître 2 proposition (pod et support)
en cliquant sur “pod”, on va sur la page du compte, et là, en cliquant sur “ajouter aux contacts” on peut l’ajouter dans ses correspondants.
Depuis 5 ans, notre projet Outils Libres https://www.colibris-lemouvement.org/magazine/creons-linternet-local-demain (i à https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?WDBQRg) soutient les milliers de personnes qui pensent et développent un internet plus sobre, décentralisé et sécurisé. Et depuis 5 ans dans l’équipe opérationnelle, nous nous appliquons à utiliser ces outils au quotidien. Entre succès et galères, nous souhaitions partager avec vous le quotidien d’une association qui travaille grâce aux outils libres !
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Floriane travaille à coordonner les groupes locaux Colibris dans le grand Ouest mais est également notre lien avec le projet Près de Chez Nous et Transiscope
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Loïc est le coordinateur de la Fabrique des Colibris. Ce projet lancé en 2017 propose à des projets qui ont des besoins de se mettre en lien avec des citoyens qui peuvent les aider.
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La Fabrique dont j’ai repris la coordination en 2019 intègre des outils libres ... Aujourd’hui la Fabrique utilise Matomo https://fr.matomo.org/ pour mesurer son audience. Ça marche aussi bien que google analytics et ça respecte les données des utilisateurs. Elle est également connectée à un serveur ActivityPub lui permettant de créer des connexions avec d’autres acteurs du Fédiverse tout en contribuant modestement à l'émergence d’un web qui privilégie les communs à la propriété privée. Enfin, et c’est un plaisir quotidien, la Fabrique traite avec des prestataires de services (CHATONS) qui partagent les mêmes convictions et passent aisément du statut de fournisseur à celui de partenaire de confiance.
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vision du monde ... partage libre et décentralisé de communs contre l’hégémonie des propriétaires privés ... sensation de faire partie de la solution ...
Connu / https://twitter.com/mvtcolibris/status/1367565905375490057
Le Fediverse est un réseau social multiforme qui repose sur une fédération de serveurs interconnectés. C’est un phénomène assez jeune encore, mais dont la croissance suscite déjà l’intérêt et des questionnements. Parmi les travaux d’analyse qui s’efforcent de prendre une distance critique, nous vous proposons « Sept thèses sur le Fediverse et le devenir du logiciel libre ».
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traduction de Seven Theses on the Fediverse and the becoming of FLOSS https://monoskop.org/images/c/cc/Mansoux_Aymeric_Abbing_Roel_Roscam_2020_Seven_Theses_on_the_Fediverse_and_the_Becoming_of_FLOSS.pdf
Référence : Aymeric Mansoux et Roel Roscam Abbing, « Seven Theses on the Fediverse and the becoming of FLOSS », dans Kristoffer Gansing et Inga Luchs (éds.), The Eternal Network. The Ends and Becomings of Network Culture, Institute of Network Cultures, Amsterdam, 2020, p. 124-140. En ligne.
Traduction Framalang : Claire, dodosan, goofy, jums, Macrico, Mannik, mo, roptat, tykayn, wisi_eu.
SOMMAIRE
Préambule – À la rencontre du Fédiverse
- Le Fédiverse, de la guerre des mèmes à celle des réseaux https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?GXR4lA
- Le Fédiverse en tant que critique permanente de l’ouverture https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?qpHg3Q
- Le Fédiverse comme lieu du pluralisme agoniste en ligne https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?ntMk-Q
- Le Fédiverse, transition entre une vision technique et une perception sociale de la protection de la vie privée https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?fi__mA
- Le Fédiverse, pour en finir avec la collecte de données et la main-d’œuvre gratuite https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?nc9N-A
- Le Fédiverse, avènement d’un nouveau type d’usage https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?Va4psA
- Le Fédiverse : la fin des logiciels libres et open source tels que nous les connaissons https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?A9aAcw
Notes à https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?2fwl4Q
Classé dans : Contributopia, Dégooglisons Internet, Fédération, Internet et société, Libres Logiciels
Clés : Abbing, Fédération, Fediverse, Framalang, Internet, Mansoux, mastodon, Traduction
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Qu’ils soient motivés par l’éthique ou l’économie, les logiciels libres et les logiciels open source partagent l’idéal selon lequel leur position est supérieure à celle des logiciels fermés et aux modes de production propriétaires. Toutefois, dans les deux cas, le moteur libéral à la base de ces perspectives éthiques et économiques est rarement remis en question. Il est profondément enraciné dans un contexte occidental qui, au cours des dernières décennies, a favorisé la liberté comme le conçoivent les libéraux et les libertariens aux dépens de l’égalité et du social.
Remettre en question ce principe est une étape cruciale, car cela ouvrirait des discussions sur d’autres façons d’aborder l’écriture, la diffusion et la disponibilité du code source. Par extension, cela mettrait fin à la prétention selon laquelle ces pratiques seraient soit apolitiques, soit universelles, soit neutres.
Malheureusement, de telles discussions ont été difficiles à faire émerger pour des raisons qui vont au-delà de la nature dogmatique des agendas des logiciels libres et open source. En fait, elles ont été inconcevables car l’un des aspects les plus importants des FLOSS est qu’ils ont été conçus comme étant de nature non discriminatoire. Par « non discriminatoire », nous entendons les licences FLOSS qui permettent à quiconque d’utiliser le code source des FLOSS à n’importe quelle fin.
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plus récemment, la croyance en une dépolitisation, ou sa stratégie, ont commencé à souffrir de plusieurs manières.
Tout d’abord, l’apparition de ce nouveau type d’usager a entraîné une nouvelle remise en cause des modèles archétypaux de gouvernance des projets de FLOSS, comme celui du « dictateur bienveillant ». En conséquence, plusieurs projets FLOSS de longue date ont été poussés à créer des structures de compte-rendu et à migrer vers des formes de gouvernance orientées vers la communauté, telles que les coopératives ou les associations.
Deuxièmement, les licences tendent maintenant à être combinées avec d’autres documents textuels tels que les accords de transfert de droits d’auteur, les conditions de service et les codes de conduite. Ces documents sont utilisés pour façonner la communauté, rendre leur cohérence idéologique plus claire et tenter d’empêcher manipulations et malentendus autour de notions vagues comme l’ouverture, la transparence et la liberté.
Troisièmement, la forte coloration politique du code source remet en question la conception actuelle des FLOSS. Comme indiqué précédemment, certains de ces efforts sont motivés par le désir d’éviter la censure et le contrôle des plateformes sociales des entreprises, tandis que d’autres cherchent explicitement à développer des logiciels à usage antifasciste. Ces objectifs interrogent non seulement l’universalité et l’utilité globale des grandes plateformes de médias sociaux, ils questionnent également la supposée universalité et la neutralité des logiciels
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le Fédiverse devient progressivement le système le plus pertinent pour l’articulation de nouvelles formes de la critique des FLOSS
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En l’état, la culture FLOSS ressemble à une collection rapiécée de pièces irréconciliables provenant d’un autre temps et il est urgent de réévaluer nombre de ses caractéristiques qui étaient considérées comme acquises.
Si nous pouvons accepter le sacrilège nécessaire de penser au logiciel libre sans le logiciel libre, il reste à voir ce qui pourrait combler le vide laissé par son absence.
Connu /? Retrouvé / https://framapiaf.org/@pylapp/109299546465055331
*Ndlr : cette dernière phrase m'est ~incompréhensible. Questionner, approfondir ACT
Pour visionner tous les paragraphes indexés d'un coup : https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?searchterm=le-fediverse-et-lavenir-des-reseaux-decentralises&searchtags=#A9aAcw
Protocole, HTTP, interopérabilité, ça vous parle ? Et normes, spécifications, RFC, ça va toujours ? ... rendre accessibles ces notions fondamentales.
Protocoles
Le 21 mai 2019, soixante-neuf organisations, dont Framasoft, ont signé un appel https://www.laquadrature.net/2019/05/21/pour-linteroperabilite-des-geants-du-web-lettre-commune-de-45-organisations/ à ce que soit imposé, éventuellement par la loi, un minimum d’interopérabilité pour les gros acteurs commerciaux du Web.
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tout l’Internet, repose sur des protocoles de communication ... L’interopérabilité est la capacité à communiquer de deux logiciels différents, issus d’équipes de développement différentes ... Seuls les protocoles ont besoin d’être communs ...
Babel
... L’Internet est un réseau à « permission facultative » ... Certains services sur l’Internet bénéficient d’une bonne interopérabilité, le courrier électronique, par exemple. D’autres sont au contraire composés d’un ensemble de silos fermés, ne communiquant pas entre eux. C’est par exemple le cas des messageries instantanées. Chaque application a son propre protocole, les personnes utilisant WhatsApp ne peuvent pas échanger avec celles utilisant Telegram, qui ne peuvent pas communiquer avec celles qui préfèrent Signal ou Riot. Alors que l’Internet était conçu pour faciliter la communication, ces silos enferment au contraire leurs utilisateurs et utilisatrices dans un espace clos.
La situation est la même pour les réseaux sociaux commerciaux comme Facebook
...
Un exemple d’un succès récent en termes d’adoption d’un nouveau protocole est donné par le fédivers. Ce terme, contraction de « fédération » et « univers » (et parfois écrit « fédiverse » par anglicisme) regroupe tous les serveurs qui échangent entre eux par le protocole ActivityPub, que l’appel des soixante-neuf organisations mentionne comme exemple. ActivityPub permet d’échanger des messages très divers. Les logiciels Mastodon et Pleroma se servent d’ActivityPub pour envoyer de courts textes, ce qu’on nomme du micro-blogging (ce que fait Twitter). PeerTube utilise ActivityPub pour permettre de voir les nouvelles vidéos et les commenter. WriteFreely fait de même avec les textes que ce logiciel de blog permet de rédiger et diffuser. Et, demain, Mobilizon utilisera ActivityPub pour les informations sur les événements qu’il permettra d’organiser. Il s’agit d’un nouvel exemple de la distinction entre protocole et logiciel. Bien que beaucoup de gens appellent le fédivers « Mastodon », c’est inexact. Mastodon n’est qu’un des logiciels qui permettent l’accès au fédivers.
Le terme d’ActivityPub n’est d’ailleurs pas idéal. Il y a en fait un ensemble de protocoles qui sont nécessaires pour communiquer au sein du fédivers. ActivityPub n’est que l’un d’entre eux, mais il a un peu donné son nom à l’ensemble.
Tous les logiciels de la mouvance des « réseaux sociaux décentralisés » n’utilisent pas ActivityPub. Par exemple, Diaspora ne s’en sert pas et n’est donc pas interopérable avec les autres.
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L'appel réclame que l’interopérabilité soit imposée aux GAFA, ces grosses entreprises capitalistes qui sont en position dominante dans la communication. Tous sont des silos fermés. Aucun moyen de commenter une vidéo YouTube si on a un compte PeerTube, de suivre les messages sur Twitter ou Facebook si on est sur le fédivers. Ces GAFA ne changeront pas spontanément : il faudra les y forcer.
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défendre les intérêts des utilisateurs et utilisatrices ... le W3C (World-Wide Web Consortium) est notamment responsable de la norme ActivityPub
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Difficultés
... il existe beaucoup de moyens pour respecter la lettre d’un protocole tout en violant son esprit ... Jouer avec les normes est d’autant plus facile que certaines normes sont mal écrites, laissant trop de choses dans le vague (et c’est justement le cas d’ActivityPub)
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Autres infos : le podcast de l’APRIL https://www.april.org/ a parlé de l’interopérabilité https://www.april.org/sites/default/files/decrypt1923.ogg.
Classé dans : Claviers invités, Dégooglisons Internet, Fédération, G.A.F.A.M., Internet et société, MigrationActivityPub, Berners-Lee, Communication, DNS, Facebook, fédivers, Fediverse, HTTP, interopérabilité, mastodon, Mobilizon, normalisation, norme, protocole, spécification, Web
Par son attention à la préservation des ressources, le champ des pratiques et des expérimentations autour des biens communs est porteur d’espoir. Il nous donne en effet les outils nécessaires pour construire la transition écologique et sociale. C’est ce que souligne Philippe Eynaud https://www.iae-paris.com/fr/enseignants/annuaires/philippe-eynaud, Professeur en sciences de gestion à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, dont les travaux portent sur l’économie sociale et solidaire et les formes de gouvernance et de gestion des communs.
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Les travaux d’Elinor Ostrom ... Elle montre notamment que cette gestion collective, mise en avant par des communautés auto-organisées, est supérieure aux deux autres en matière de préservation des ressources partagées.
...
La catégorie des communs n’a de sens que par rapport à une communauté dont les membres sont eux-mêmes dans une relation d’interdépendance puisqu’ils partagent les mêmes ressources"
...
Le deuxième apport essentiel d’Elinor Ostrom est de ne pas en rester à l’analyse des communs naturels. Elle travaille avec Charlotte Hess sur les logiciels libres et les catégorisent comme des communs de connaissance. Cette ouverture est majeure car elle permet d’étendre la définition des communs à bien d’autres champs. C’est ainsi que de nouveaux espaces de connaissance se sont construits autour des communs culturels, urbains, d’infrastructure ou de santé.
...
porter l’attention sur le fonctionnement des communautés, sur leurs façons de s’auto-organiser, sur leurs capacités à délibérer et à co-produire des règles communes. Elle met ainsi en avant la question de la gouvernance démocratique.
...
Il y a donc osmose entre la communauté et les ressources dont elle dépend
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Gérer la crise écologique au niveau planétaire est complexe ; la gérer au niveau local n'est pas suffisant. Il faut donc prévoir une gestion à échelles multiples avec des possibilités d’échange entre les différents niveaux."
...
Plus grande est la taille, plus difficile sera le maintien de la richesse d’une vie démocratique. C’est pour cela que les acteurs des communs recherchent des alternatives. Cela passe par des réflexions autour de la sociocratie, par l’organisation de formes mutualisées, décentralisées, archipélisées, ou par des outils technologiques dédiés (comme par exemple Fédivers https://framablog.org/tag/fedivers/ que propose l’association de logiciel libre Framasoft).
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Jardins partagés, habitats partagés, tiers lieux, circuits courts, Amap, ressourceries, villes en transition, écovillage, fournisseurs coopératifs d’énergies renouvelables, œuvres culturelles participatives, logiciels libres et creative commons, plateformes numériques coopératives, incubateurs solidaires, monnaies solidaires sont autant d’expériences structurées autour de communs qu’il est important de faire connaître, d’accueillir et d’accompagner car elles sont intrinsèquement porteuses d’un avenir partagé et démocratique.
Pour aller plus loin
- Solidarité et organisation : penser une autre gestion, Philippe Eynaud, Cet ouvrage se propose d’étendre le champ de recherche de l’Économie Sociale et Solidaire à celui de la gestion sociale et solidaire. Il ouvre des perspectives pour penser une autre gestion, à l’aune de l’expérience d’associations et d’organisations de la société civile
- Podcast France Culture « Face à la catastrophe : le pire n’est jamais sûr ! » Épisode 1 : Organiser les solidarités et l’action collective
- La Tragédie des communs / Elinor Ostrom
- Commun, Pierre Dardot et Christian Laval, La Découverte / La Boutique des Colibris
- Utopie du logiciel libre, Sébastien Broca, Le Passager clandestin / La Boutique des Colibris
Les réseaux sociaux non fédérés/des GAFAM, ce sont des îlots qui on choisi de s'isoler des autres, des… silos. (sîlots #ironème)
La fédération, c'est quand on a plein d'îlots (qu'on appelle des instances) connectés entre-eux, qui peuvent donc communiquer. Les îlots fédèrent.
Tout un archipel d'îlots (=un logiciel) qui communique avec d'autres, c'est ça le/la fédiverse.
Connu / https://metacartes.net/?ArchipeL