Le gouvernement s’entête dans la défense du nucléaire en arguant notamment que les énergies renouvelables sont intermittentes et insuffisantes, explique l’auteur de cette tribune. Pourtant, des possibilités efficaces de stockage de ces dernières existent.
Olivier Daniélo est rédacteur énergie. Il a fondé l’antenne française du think tank Desertec (Club de Rome) qu’il a ensuite quitté : vouloir importer de l’électricité solaire africaine pour répondre aux besoins énergétiques des gloutons européens lui posait un problème d’ordre éthique.
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Des dogmes nucléocratiques obsolètes
Non seulement la vision macronienne est productiviste, et donc par essence anti-écologique, mais en plus elle repose sur des dogmes nucléocratiques obsolètes. Macron a en effet déclaré le 27 novembre 2018 qu’il était « faux de dire que le nucléaire pourrait être remplacé par les énergies renouvelables, ces dernières étant intermittentes ». Son Premier ministre, Édouard Philippe, ancien lobbyiste d’Areva, en a ajouté une couche le lendemain en affirmant que « tant qu’on ne sait pas stocker l’électricité, on a besoin d’un mix équilibré. On a besoin du nucléaire et des énergies renouvelables ».
Donc, pour Macron et Philippe les 200 GW de Step (stations de transfert d’énergie par pompage) qui fonctionnent dans le monde (dont 5 GW en France) n’existent pas. On peut pourtant les faire fonctionner avec de l’eau de mer, comme l’a si bien expliqué l’association Hydrocoop. La batterie Tesla géante que le groupe français Neoen a installée en Australie pour assister un parc éolien ? Elle non plus n’existe pas. L’île Tesla qui fonctionne au solaire + stockage batterie dans les Samoa étasuniennes ? Idem. Tout comme le système batterie + hydrogène qu’installe le groupe français HdF (Hydrogène de France) en Guyane pour délivrer de l’électricité solaire 24 heures sur 24 et toute l’année. Et puis les études réalisées par le cabinet d’étude Artelys grâce à des outils informatiques sophistiqués et qui démontrent par A + B que les énergies renouvelables peuvent remplacer des réacteurs nucléaires en France sont ignorées. Artelys a pourtant été fondé par des anciens d’EDF. Étrange. Le gouvernement espagnol, qui annonce 70 % d’électricité renouvelable dès 2030 ? Une farce. 95 % de l’électricité en Uruguay est renouvelable ? De la science-fiction. Le PDG du groupe Neoen qui annonce que la France peut passer à 30 % de solaire + éolien en cinq ans, et donc à 50 % de renouvelables en intégrant l’hydroélectricité déjà en place et les autres énergies renouvelables ? Du pipeau. L’atome, il n’y a que ça de vrai. Et comme il est plus facile de briser un atome qu’un préjugé, et bien nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Ou plutôt de la piscine à déchets radioactifs.