VERSION NON CORRIGE LIBE 13 05 2020 http://www.bruno-latour.fr/sites/default/files/downloads/20-LIBE-COVID-SARDIER.pdf
Entretien dans Libération 13 mai par Thibaut Sardier (13 mai 2020)
-> https://my.framasoft.org/u/ind1ju/?wzidFg
A quoi peuvent ressembler les nouvelles classes sociales qui sortiront de cet exercice ?
Dans les années 1960, même si elles étaient déjà très disputées, on se repérait dans ces affaires de classes. Elles organisaient le paysage. Il faut donc reconstituer des classes, non plus en fonction des positions des individus dans le processus de production qui caractérisait les sociétés industrielles, mais selon les territoires dont ils dépendent pour satisfaire leurs besoins vitaux. C’est ce que je nomme les classes géo-sociales, dont l’intérêt est de permettre de faire émerger les conflits de classes nécessaires à l’organisation d’une future ligne politique. Il faut construire une conscience de classe géo-sociale qui permette à chacun de comprendre qu’il entre en lutte contre d’autres classes qui sont en train de bousiller ses conditions d’existence en vivant “hors sol” par leur niveau de consommation de pétrole et de ressources naturelles, la dégradation des écosystèmes qu’implique leur mode de vie, etc. Cela ne se fera que si l’on peut nommer ce sur quoi on est en désaccord, c’est-à-dire créer des lignes de conflit.
Extraits :
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Ce qui est commun à tout le monde, c’est que nous sommes tout à fait dépassés par la dimension de l’événement. Nos outils d’analyse sont insuffisants. Je voyais à peu près comment cerner la crise sanitaire. Mais la crise économique qui s’y articule me paraît tellement massive que je suis tenté de partir à la campagne et de m’écarter de ces problèmes sans plus penser à rien !
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[à propos de la Convention Citoyenne sur le Climat] ... changer pour s’adapter à la situation nouvelle que nous vivons. Tous les partis ont disparu, parce que le monde dont ils décrivaient les intérêts a disparu lui aussi. On n’a pas encore de nouvelle génération qui correspondrait aux cases géopolitiques, car on n’a pas de description par les gens eux-mêmes de ce à quoi ils tiennent. Les 150 personnes de la convention citoyenne ont fait un travail admirable et sont tous devenus des écologistes patentés, mais l’idée que leurs solutions seront suivies par 66 millions de Français parce qu’ils sont représentatifs de la population est naïve. Il faut avoir abandonné toute idée de ce que c’est que la vie politique pour croire que ça va marcher. C’est simplement l’opinion de 150 personnes soumises à un traitement admirable et fort coûteux, à qui on a fait prendre conscience des choses. Mais c’est 150 sur 66 millions ! Que fait-on pour les autres ?
Faire passer les idées, les doléances, d’un individu à l’autre jusqu’à la constitution des classes géo-sociales, plutôt que de passer par l’échelle englobante de l’Etat... Tout cela ressemble au modèle de circulation du virus.
Je ne peux m’empêcher de me réjouir que le virus nous donne une contre-leçon formidable :
il est entièrement en réseau ! ... le choix devant lequel nous sommes n’est pas une simple alternative entre l’action individuelle et la conquête de l’appareil d’Etat. Le virus n’a pas conquis l’appareil d’Etat, et il n’est pas non plus resté individuel ... Il est viral, il devient global en passant de l’un à l’autre. C’est le rappel d’un système d’action drôlement efficace.
Ndlr : métaphore car en fait, le virus ne fait RIEN ! Il bénéficie de NOTRE système planétaire !
Et /ccc, il démontre qu'elle est loin d'être décisive dans la médiation à opérer avec l'ensemble de la population...
Le directeur de recherche en sociologie Laurent Mucchielli a publié sur son blog un texte dénonçant la médiocrité médiatique et les intérêts pharmaceutiques se cachant selon lui « derrière la polémique Raoult ». Ce texte ayant participé à la désinformation et au complotisme délétères provoqués par les déclarations de Didier Raoult, pâtissant d’un fort biais de confirmation et d’une absence de vérification des informations, m’a d’autant moins laissée indifférente que j’y suis citée. Ma réponse à cette mise en cause me donne l’occasion d’exposer les faits qui sont au cœur de ce qu’il convient plutôt d’appeler l’affaire Raoult.
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L’invention de l’effet certain de la combinaison hydroxychloroquine/azithromycine
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Violation de protocole lié à l’expérimentation humaine
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Communication trompeuse scandaleuse
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Irrespect de la déontologie médicale
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La procureure de Marseille va-t-elle se saisir des éléments susceptibles de constituer des infractions au droit pénal, ou bien Didier Raoult va-t-il s’en sortir sans dommage avec l’appui de son solide réseau politique ?
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si le coup de poker de ce mandarin autoritaire et bouffi de confiance en soi[24] s’avérait être gagnant – ce que rien n’indique à ce jour –, se serait à mes yeux désastreux : les millions d’adeptes de la théorie du complot y verront la confirmation de celle-ci, toutes les personnes ayant critiqué Didier Raoult ou ses études seront discréditées, ce sera un encouragement à retourner à la bonne vieille eminence-based medicine d’antan et pire encore, au développement d’un véritable populisme médical, pour reprendre les mots de deux médecins indignés par les agissements de Didier Raoult et ayant été confrontés à leurs effets délétères concrets au sein des équipes en charge des patients Covid-19, et de manière plus générale la défiance vis-à-vis des institutions montera encore d’un cran, avec des conséquences qui pourraient à terme largement dépasser celles de cette maladie.
J’espère bien qu’au contraire, cette histoire servira de leçon, et pas qu’à Didier Raoult.
Les Patrick Cohen, Olivier Duhamel, Dany Cohn-Bendit et tous ces macronistes arrogants feraient bien de la jouer profil bas.
Deux études viennent de révéler l’efficacité du traitement à base d’hydroxychloroquine contre le Covid-19. La 1ère est chinoise https://www.lindependant.fr/2020/05/02/coronavirus-une-premiere-etude-confirme-lefficacite-de-lhydroxychloroquine-pour-les-patients-gravement-atteints,8871226.php ; la 2e sénégalaise http://www.rfi.fr/fr/afrique/20200502-coronavirus-une-%C3%A9tude-s%C3%A9n%C3%A9gal-confirme-l-efficacit%C3%A9-l-hydroxychloroquine. Dans sa dernière interview, Didier Raoult l’a rappelé. N’attendons rien de plus, aujourd’hui, que les traitements existants ! Le gain en matière d’espérance de vie d’hypothétiques molécules payées par les assurés sociaux à vil prix aux labos qui s’engraissent sur le dos de la bête ne sera pas significatif. Faisons donc avec ce que nous avons !
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Didier Raoult n’a rien inventé. Il n’a fait que reprendre les études des hôpitaux chinois qui préconisaient, dès le début de l’épidémie, d’appliquer l’hydroxychloroquine et l’azithromycine. A l’IHU de Marseille, ils ont testé l’efficacité des deux molécules en éprouvette. Et quand ils ont observé que la charge virale diminuait très rapidement, alors ils ont décidé d’appliquer le traitement préventivement, toute en prenant en compte les contre-indications du médicament.
Si nous avions dès le départ écouter notre bon docteur Didier Raoult, combien de morts auraient pu être évités ? Tous ces gens qui ont dénigré cet homme et surtout ce traitement sont responsables de ce carnage. A l’IHU de Marseille, Didier Raoult, preuves à l’appui, assure avoir eu 3 fois moins de morts en appliquant son protocole. L’infectiologue de Marseille se veut rassurant : la probabilité du 2e vague est très incertaine.
-> BFM TV - ENTRETIEN EXCLUSIF Didier Raoult https://www.youtube.com/cj4bGVszZP8
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Commentaire "Merci pour cet intéressant point. Autant je suis convaincu sur la compétence thérapeutique du Pr Raoult et la pertinence de sa stratégie de soins, autant il laisse dubitatif devant ses certitudes de non rebond de l'épidémie. Sans parler de son attitude perturbante. Même s'il amène des éléments de compréhension, il faudrait que les preuves soient rendues publiques et détaillées.
Sur la forme, je vous signale quelques fautes d'orthographe :-)"
Ndlr : commentaire n'a pas pu être publié avec url twitter, mais passe avec une autre (normal ?) :-( signalé /twitter ATT
Écologie - Entretiens
TAGS Anthropologie écologie relationnelle néolibéralisme philippe Descola transition écologique
Damien Deville est géographe et anthropologue de la nature. Il est l’auteur, avec Pierre Spelewoy, du récent Toutes les couleurs de la Terre – Ces liens qui peuvent sauver le monde paru aux éditions Tana. Il y développe plusieurs concepts, parmi lesquels celui « d’écologie relationnelle », qui s’oppose notamment à l’uniformisation du monde par le néolibéralisme. Dans ce riche entretien, nous avons demandé à ce jeune héritier de Philippe Descola comment il analysait les processus de destruction écologique, sociale et culturelle que nous traversons, et comment construire concrètement une autre approche de la relation, compatible avec la préservation de nos biens communs, a fortiori environnementaux. Réalisé par Clément Molinier et Pierre Gilbert, retranscrit par Manon Milcent.
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parti 6 mois travailler pour le ministère de l’Environnement du Queensland, dans une équipe de rangers, sur la protection des populations de koalas. Pour les protéger, les politiques publiques d’alors consistaient à les parquer dans des zones dédiées à la protection. Grillagées dans des forêts de protection, loin des activités humaines, le koala s’en porterait mieux. ... j’ai remis en cause mes acquis, car ce système de protection se confrontait à plusieurs biais. Un biais écologique d’abord, au sens scientifique du terme, dans le sens où parquer des koalas dans des zones spécifiques participait, sur du long terme, à limiter l’expression de la diversité génétique de la population. Une diversité pourtant nécessaire au renouvellement de l’espèce. Deuxième biais : on observait que certains koalas préféraient s’établir en zone péri-urbaine.
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dernier biais, davantage culturel, m’est apparu : les koalas sont énormément représentés dans les symboles australiens alors que la coexistence est refusée. C’était pour moi une instrumentalisation du vivant doublée d’une hypocrisie anthropologique. Cette expérience m’a dynamité l’esprit. D’ailleurs, je le découvrirai plus tard, la violence infligée aux koalas n’était que le miroir d’une pluralité de violences qui émergent des mondes occidentaux et qui fait de nombreuses victimes : les populations autochtones qui décident de vivre autrement, dont les aborigènes d’Australie – les violences faites aux koalas et les violences faites aux humains sont les deux faces d’une même médaille – mais aussi les territoires oubliés de l’économie monde, les violences faites aux femmes, aux Tsiganes, aux roms, les DOM-TOM marginalisés dans les démarches républicaines… Bref, par notre incapacité à penser la diversité, nous avons laissé sur le carreau nombre d’individus, de collectifs et de territoires.
De ce fait, contourner l’uniformisation des mondes demande, je crois, une réponse citoyenne et politique forte : remettre la diversité, qu’elle soit humaine ou non humaine, au cœur des modèles sociaux. Cette démarche peut offrir des dynamiques d’innovation majeures aux crises que nous connaissons tout en nous permettant de remettre de la poésie dans nos vies. En puisant dans la singularité de chaque être, de chaque imaginaire, de chaque territoire, des voies citoyennes et politiques se dégagent pour emmener le social et l’environnement dans un seul et même horizon.
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??????????? [TOUT ou RIEN copier ?!]
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En Cévennes par exemple, il y a beaucoup de conflits entre les néoruraux et les archéos cévenols. ... La culture de la résistance d’une part, et l’amour des montagnes d’autre part ! Deux symboles sur lesquels construire de l’inclusivité. Le lien au paysage comme projet territorial a également pour avantage de ne pas être anthropocentré. Il emmène anciens comme nouveaux, humains comme non humains dans un seul et même bateau. J’ai tendance à militer actuellement pour des politiques du symbole, au sens littéral du terme. Ça me fait penser à cette fameuse phrase de l’anthropologue Jean Malaurie : « sans symbole nous ne sommes rien, qu’un peuple de fourmis manipulées par le verbe, l’information et l’image ».
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tension très forte dans les milieux écolos, entre l’urgence climatique et sociale et les manières de cultiver des réponses qui demandent nécessairement du temps. Ce conflit, nous y sommes tous confrontés. Néanmoins, il reste impératif de cultiver le sens !
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se développent à Paris des fermes verticales, sans eau, sans sol. Elles sont très subventionnées au nom de l’autonomie alimentaire des villes. Elles entrent alors en concurrence avec l’agriculture des campagnes où les paysans cultivent pourtant les valeurs de la terre et n’arrivent plus à vivre de leurs métiers. Autrement dit, au nom de l’écologie à Paris, on détruit ce dont l’écologie est censée être la gardienne : la diversité des mondes.
Une deuxième clé de réponse se situe dans le dialogue entre la valorisation de la diversité à l’échelle locale et le sentiment d’appartenance à l’humanité. Il y a un imaginaire auquel j’aime me relier, même si en l’état il peut paraître de l’ordre de l’utopie. Le géographe Augustin Berque, qui a été très influent pour moi, propose dans ses travaux de penser la diversité via trois échelles à partir desquelles on pourrait déployer de nouvelles compétences politiques. La première est l’échelle de l’atmosphère, le matériau physico-chimique de la Terre. Cela correspondrait à des politiques internationales relevant d’un sens commun de l’humanité telle que la lutte contre le réchauffement climatique. Ajouter la vie sur terre permet de déployer une deuxième échelle : l’échelle écosystémique. C’est une échelle biorégionale en somme à partir desquelles se pensent et se préservent les grands équilibres de la vie. Il y a enfin l’échelle de l’habité, celle des symboles et de l’expérience partagée. Augustin Berque l’appelle « l’écoumène ». C’est une échelle beaucoup plus fine qui construit pourtant le vivre ensemble au quotidien. Un universel par-delà l’humain, se situe peut être dans un dialogue pertinent entre ces trois nouvelles échelles politiques et citoyennes.
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La crise du coronavirus montre à quel point nous avons besoin de relation et que l’expérience territoriale est tout ce qui compte face au présent. Y compris pour lutter contre la solitude qui est une bien grande maladie. Toute relation n’est pas physique, il y a également des espaces symboliques dans lesquels nous pouvons trouver des voies d’émancipation malgré le confinement qui a été mis en place. La crise sanitaire invite également à orienter des politiques décentralisées qui donnent les moyens à chaque lieu de faire face aux réalités qu’il traverse. Les relations entre individus laissent place ici à des relations de coopération entre territoires. Pendant des décennies nous les avons opposés. Peut-être arriverons-nous maintenant à les faire dialoguer ! Il y a une bataille culturelle à mener autour de cette égalité territoriale. Je crois même que cette bataille culturelle est mère de toutes les batailles, car, lorsque notre projection au monde change, tout change, à commencer par la vision politique d’une nation. Le coronavirus place l’humanité devant un tel choc qu’il permet ce pas de côté dans l’opinion.
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une feuille de route gouvernementale en deux temps : une rapide transition vers une économie décarbonée sur du court terme, demandant des arbitrages politiques nationaux assez forts tout en amorçant un retour aux territoires sur du moyen terme. Pour qu’il soit pertinent, le vivre ensemble ne peut pas être du ressort des états nations : il demande de placer au cœur des décisions des échelles d’action facilement appropriable par le tout citoyen, c’est-à-dire des échelles plutôt locales. L’un dans l’autre, face à l’uniformisation des mondes et aux précarités qui en émerge, il me semble inévitable de questionner non pas simplement le rôle de l’état, mais bien la place qu’il occupe dans les régimes démocratiques. Sur du long terme, je pense qu’il devra nécessairement s’effacer en partie pour laisser place à de nouvelles modalités d’interventions citoyennes et politiques. Expérimentons.
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réassumer notre propre vulnérabilité. Chaque être vivant a en commun d’être vulnérable, et pour s’adapter à cette condition, il a besoin des autres. Humains comme non humains sont interdépendants. Nous avons besoin des autres, et ce sont bien ces liens d’interdépendances qui doivent mobiliser l’action citoyenne. La deuxième, c’est la rencontre avec l’autre. La rencontre positionne les relations dans une dynamique créatrice. Un plus un, en géographie, ça n’a jamais fait deux. Lorsqu’on réussit à comprendre l’autre pour ce qu’il est vraiment, la rencontre ouvre des trajectoires d’innovations majeures.
Je me permets de préciser que rencontrer l’autre ce n’est pas nécessairement l’apprécier. Vivre la relation revient à accepter également les antagonismes, la différence, le refus. Enfin, puisque qu’on peut rencontrer l’autre en le dominant voir en le détruisant, il convient d’ajouter une troisième étape à cette société de la relation : la justice. Pour que les relations soient émancipatrices pour les deux parties prenantes, il est important d’exercer justice dans la coexistence. Ces trois thèmes sont suffisamment larges pour être mobilisés de manière extrêmement plurielle en fonction des réalités de chaque espace, de chaque communauté voir de chaque individu.
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la diversité que je projetais ailleurs est également présente ici, dans les moindres recoins de l’espace. Nous n’arrivons néanmoins plus à la voir et encore moins à la mettre au cœur de nos vies. Je crois que c’est lié en grande partie à nos modèles éducatifs qui ne valorisent pas assez les territoires. À la lumière de la relation, l’éducation devient également un objet de réforme. Philippe Descola milite effectivement pour davantage d’anthropologie à l’école. J’ajouterais pour ma part davantage de géographie et d’éthologie ! ... construire davantage de liens entre ce que l’on pense et ce que l’on fait de ses mains. Il n’y a presque plus d’activités manuelles dans les programmes pédagogiques et universitaires. Pourtant expérimenter un territoire passe également par le mouvement du corps et par les sens. ... dans les moments de bonheurs comme de malheurs, tout ce qui compte au final, c’est le vivre ensemble. La crise du coronavirus le confirme. Remettre ce vivre ensemble, par-delà l’humain, par-delà l’Occident et par-delà le visible, au cœur de l’action me semble être un beau chemin à suivre.
Ndlr : revisiter, approfondir, questionner notamment sur le lien entre république, fédéralisme et régionalisme / TdM ACT
Description
Antonio CASILLI, Maître de conférences en humanités numériques à Telecom ParisTech/EHESS
Nicole ALIX, Présidente de la Coop des Communs
55 minutes
66 commentaires
Dans cette commune de la Drôme, une liste citoyenne mène une expérience inédite entre « municipalisme » et « participalisme », depuis 2014. Sera-t-elle reconduite aux élections de mars ? Ou bien ces pratiques en rupture avec des décennies d'action publiques, certes perfectibles, seront-elles étouffées par les oppositions et la lassitude ? Reportage.
Mots-clés démocratie participative élections municipales liste citoyenne municipalité Saillans
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pour cette chercheuse ayant travaillé sur l’écologie et les nouvelles formes de démocratie, à son envie de documenter ce qui s’est passé ici pendant six ans. « Tout le monde parle aujourd’hui de Saillans à partir de l’idée qu’il s’en fait : municipalisme ou participalisme. ... courage de rompre avec les cadres existants pour faire une révolution lente qui dessine un modèle moins planificateur et plus adaptatif, sans doute mieux à même de répondre à la transition écologique ... contradiction intime qui s’est exprimée notamment lors de la réécriture du Plan local d’urbanisme (PLU), effectuée dans le cadre d’un dispositif innovant marqué en particulier par le tirage au sort de douze habitants pour y travailler en compagnie de quatre élus. Sabine Girard, en tant qu’adjointe à l’environnement, s’était portée garante de la méthode mais s’est retrouvée « prise dans un conflit de valeurs entre le processus et ce qu[’elle] pensai[t]
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abandon des commissions thématiques participatives au profit d’assemblées de village tous les deux ans, « votations » citoyennes fondées sur un nouvel outil numérique, réduction du nombre de réunions et clarification du fonctionnement, « sans tomber dans le maternage des gens, car la participation demande, de toute façon, un investissement… »
... ensemble de techniques et de normes pour les télécommunications mobiles, techniques qui peuvent être déployées ensemble ou séparément. Les promoteurs de la 5G promettent des miracles, mais il y a des opposants. ...
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Les deux chercheurs, impliqués dans le mouvement social, débattent sur les thèmes : propriété et pouvoir.
Catégorie Actualités et politique
Transcription : ... Piketty : socialisme participatif ... sortir des pouvirs monarchiques dans les grandes entreprises ... propriété temporaire ...
Lordon : ... réunir les myens de production, logique de l'avance, film les 400 coups ... si pas de contrepartie, pas d'apports privés. On distribue des droits de vote aux salariés, acheter des actions de l'entreprise ...faire oublier l'image du producteur-salarié au profit de ... s'interroger sur les conditions ... la radicalité est bien en haut. Social démocrate rendu impossible ... /position psychique déterminés à ne plus rien lâcher, plus d'espace intermédiaire de négociation.
TP : plafond à 10 % des droits de vote change tout.
FL : sortir des méchantes habitudes des habitants cf bernard friod proposition macroscopique : remplacement par la propriété sociale d'usage. le salaire à vie, reconnaissance incouditionnelle. affranchit à la plaie de la soumission de l'emploi. socialisation intégrale.
TP : /orga de la prod un pouvoir supplémentaire à l'apporteur de capital est normal. / petit héritage des projets coopératives, lucratif ou autre.
FL :penser l'articulation entre petites et grandes entreprises. Les apports privés sont interdits. La tpe reste dans la grammaire du capital. Le rapport social mobilisé est l'association.
TP : a infinité de projets, de tailles, etc. Donc ne pas être dogmatiques. /urss criminalisation des petites boites dans les années 20. ... petite propriété privée encadrée peut émanciper.
FL dépassable par la propriété sociale. son système est indépendant du pj. ... quelle advenue spontanée ? 0 !
Anim : la prise de pouvoir.
TP : le changement n'est jamais spontané. révolutions, conflits, crises, etc. conflictualité nécessaire mais pas suffisante. /rapports de force a impact sur le chgt. En 2017, j'ai pris parti, mais j'ai jamais conseillé. /Hamon /europe proposer des nouvelles orga entre états si chgt traités. En débattre. Sinon le RN ! internationalisme idéal. solidarité se construit.
FL : partage préoccupation du lendemain de grand soir. /épisode révolutionnaire chinois. /contemporain croit à l'inanité tendancielle /violence sociale n'est plus accomodée. /Traités ya des plans derrière. Le brexit est pourri. augm budget européen. souveraineté populaire concept de la démocratie ; dire que pb du verrou des traités actuels tout de suite. Constitutionnaliser les politiques économiques.
TP : /libre circulation des capitaux sacralisée ; cahuzac sentiment d'impunité ; sortie unilatérale ! idem / taxation des multinationales faire payer la différence / pousser à la coopération fiscale /changer les rapports de forces. Mais proposer les nouveaux traités tout de suite à côté.
Conclusion :
FL : /traités alternatifs => rapports de force ; l'uem peut faire toucher terre tout état ; proposition : préciser le périmètre dedans. Ne croit pas que ce soit possible. => sorties unilatérales. Croit à l'émulation.
TP : /grèce les reproches à l'allemagne et la fr qui n'a rien fait. /Histoire ne jamais repayer dettes publiques. Le japon idem. annuler les dettes a été possible et est encore nécessaire.
3 005 ont signé
AFPS FRANCE-PALESTINE a lancé cette pétition adressée à Emmanuel Macron (Président de la République française.)
Trump vient de rendre public son "plan" qui soutient l’annexion par Israël de Jérusalem-Est, du Golan, de la vallée du Jourdain et de toutes les colonies israéliennes en Palestine occupée. Tout ceci est absolument contraire aux résolutions de l'ONU !
En saluant cette initiative, le gouvernement français se déshonore.
La France doit se rappeler qu’elle est la patrie des droits de l’Homme et cesser immédiatement de se rendre complice des violations du droit par Trump et Netanyahou.
La France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, doit prendre des initiatives pour la mise en oeuvre des droits du peuple palestinien et non être complice du plan qui entend les enterrer.
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.#blackrock #grève
Catégorie Actualités et politique 563 commentaires
Le pamphlétaire Juan Branco a présenté sur Twitter l'enregistrement d'une conversation datant de 2016 entre François Ruffin et Emmanuel Macron comme une preuve inédite de la duplicité du député de la France insoumise. Une accusation qui ne résiste pas à l'épreuve des faits…
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François Ruffin aurait-il instrumentalisé des employés en difficulté pour, de connivence avec Emmanuel Macron, servir ses ambitions politiques avec cynisme ? C'est la thèse appuyée par Juan Branco, qui estime que le journaliste a "écumé les médias" grâce à cette affaire avant d'être élu député, et dresse un parallèle avec les face-à-face tendus qui se sont produits depuis lors, à deux reprises, entre Ruffin et Macron au siège de Whirlpool à Amiens. "Ils ne sont pas corrompus. Ils sont la corruption", martèle l'auteur de Crépuscule dans son style grandiloquent.
Ruffin assume
Une thèse accusatrice qu'une analyse plus froide vient pourtant vite démentir… Tout d'abord, l'enregistrement sonore n'a rien d'un scoop, puisqu'il avait déjà été publié en octobre 2016 par Radio Nova à l'occasion d'une émission intitulée "QG de campagne". Surtout, l'écoute intégrale fait lire la scène sous un jour différent : François Ruffin et Emmanuel Macron tiennent en effet ce dialogue... sous les yeux des représentants d'Ecopla, qui se sont rendus au QG de l'ancien ministre sur les conseils du fondateur de Fakir.
Donc le "scoop" sur la stratégie Ruffin-Macron pour aider les salariés d'Ecopla est un extrait d'une émission de @laRadioNova diffusée en 2016 qui, avec le contexte, prend tout son sens https://t.co/B1lfBAcPEW pic.twitter.com/ER2RfKBp9d
— Thomas Vampouille (@tomvampouille) November 26, 2019
C'est donc bien avec l'accord des salariés d'Ecopla, et non dans leur dos, que François Ruffin a "dealé" avec Emmanuel Macron cette stratégie, revendiquée comme telle dans l'émission puisque François Ruffin déclare à la journaliste de Radio Nova : "Là, celui qui est la clef du dossier, c'est Macron, parce que Macron, il est en pleine lumière donc il faut lui bouffer un peu de sa lumière pour les faire exister [les salariés d'Ecopla, ndlr]". Une subtilité qui n'apparaît pas dans le montage de Juan Branco... Le député picard répète au Figaro, qui a consacré un article à l'affaire : "Je n’ai pas envie de me cacher sur ce truc-là. Je n’ai pas honte. J’étais dans un combat pour sauver des salariés d’une boîte située au fin fond de l’Isère. J’avais une carte Macron à jouer, je l’ai jouée. Et j’ai d’ailleurs joué d’autres cartes avec d’autres candidats à la présidentielle au même moment". Ruffin précise qu'à cet instant, "le but n’était pas d’enfoncer Emmanuel Macron mais d’aider les salariés dans leur bataille". Un coup de communication savamment calculé, assurément. Mais assumé, et depuis trois ans.
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Du point de vue économique, l’exigence minimale est de mettre en place un écosystème de communs productifs, car les tentatives isolées de communs nouant des liens ou des contrats avec des entreprises privées ou des agences publiques, seront nécessairement vacuolisées par le système capitaliste. Benoît Borrits a posé les bases d’une « économie des communs »[2] https://silogora.org/que-serait-la-cite-en-commun/#_ftn2 en expliquant comment ils pourraient être au cœur d’une réorganisation de la production : tout en rencontrant les thématiques de la coopération, de l’autogestion ou de l’économie sociale et solidaire, ils les dépassent en permettant non seulement d’envisager des formes de production coopératives, mais aussi un véritable système d’échange économique en commun par la socialisation des revenus et de l’investissement, au-delà de toute propriété, privée comme collective.
L’« institution du commun » : un horizon révolutionnaire
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Comme l’ont montré Pierre Dardot et Christian Laval[3], les communs sont sous-tendus par un principe politique démocratique – le concept de « commun » au singulier – fondé sur l’autogouvernement contre le principe hiérarchique de la souveraineté, et sur le droit d’usage contre la propriété en général.
Un principe politique du commun qui rentre en conflit avec la logique marchande du privé comme avec la logique du public au sens bureaucratico-étatique du terme.
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L’« institution du commun » devient un horizon révolutionnaire qui propose une nouvelle version du communisme, non plus fondé sur l’effondrement du système capitaliste ni sur les seules luttes du monde du travail, mais sur la capacité humaine universelle à instituer l’autogouvernement et le partage.
La reconnaissance d’une sphère publique non-étatique portée par des citoyens
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Sur une trentaine de listes municipalistes qui avaient remporté les élections municipales de 2015 en Espagne, seules les plateformes de de Cadix, Valence et Barcelone, se sont maintenues aux dernières élections de 2019. Surtout, la mise en place de mécanismes participatifs n’a pas permis de remettre en cause la coupure entre élus et administrés sur laquelle repose la souveraineté municipale.
Pour un communalisme mondial
Devant cette limite, la voie du « communalisme » a été choisie pour les prochaines municipales par d’anciens Gilets jaunes réunis dans le processus d’« assemblées des assemblées » commencé début 2019 à Commercy. Appelé également « municipalisme libertaire », le « communalisme » a été théorisé par Murray Bookchin[7], l’un des fondateurs du mouvement écologique aux États-Unis, ancien ouvrier et syndicaliste complètement autodidacte qui est devenu enseignant sur le tard, et dont les thèses sont aujourd’hui discutées partout dans le monde.
Ce communalisme est révolutionnaire, anticapitaliste, anti-étatique, anti-hiérarchique, écologique et féministe : il consiste à créer un mouvement de communes confédérées pour en faire des « contre-institutions » face à l’État-nation et substituer à celui-ci une confédération de communes.
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Ndlr : la complexité fait peur... Questionner ACT
Le colloque, organisé le 3 décembre par l'Union française de l'électricité, a relancé le débat autour de l'usage du chauffage électrique qui serait avantagé par rapport au gaz, dans la réglementation environnementale des bâtiments neufs 2020.
« Il faut qu'on arrête d'avoir l'électricité honteuse dans le domaine du bâtiment (…). L'électricité est la solution pour pouvoir réussir l'atteinte de la neutralité carbone en 2050 », a déclaré, le 3 décembre, Olivier David, chef de service du climat et de l'efficacité énergétique à la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC), lors du colloque organisé par l'Union française de l'électricité (UFE), à Paris. De quoi faire à nouveau bondir les acteurs de la filière gaz, représentés par l'association Coénove, présidée par Bernard Aulagne.
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en fixant un coefficient de 2,1, la filière gaz fustigeait, en mai dernier, « le retour du chauffage électrique par convecteurs à effet Joule peu performants et énergivores, conduisant à augmenter les besoins de puissance électrique en hiver (pointe électrique) ». Un avis partagé par l'association NégaWatt.
Connu / https://twitter.com/nico_enr/status/1204394077938167808
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Aude Lancelin reçoit François Ruffin, député et fondateur de Fakir. Le réalisateur de « Merci Patron ! » publie « Il est où le Bonheur » aux éditions Les Liens qui Libèrent. Au menu de cet entretien intense: son rapport à la FI, à l'écologie, aux Gilets jaunes, au monde selon Macron.
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Catégorie Actualités et politique 359 commentaires
Transcription : ... écologie du consensus / écologie du conflit ...
Somalina Pa a retweeté
110 bis @lab110bis · 13 mai
Cette semaine au #110bis
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ÉCHANGER 🤝 avec des chercheurs sur les questions d'inégalités éducatives
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Image 29 Ko Éducation nationale et 9 autres
0 - ... un monde dit « moderne » bâti sur le modèle impérialiste qui prend en partie ses racines dans le patriarcat. Cette forme nourrit une relation duelle entre dominants et dominés.
Ce modèle a engendré des organisations centralisées, pyramidales et hiérarchiques. ... créent des systèmes déresponsabilisant, culpabilisants, parfois violents, pour certains et une façon démesurée de valoriser l’égo pour d’autres. C’est un modèle construit sur la peur. => confiance ...
Sortir des rapports dominants-dominés
... le pouvoir d’agir reprend sa place afin de s’extraire de sa position de victime ou de persécuteur. Le pouvoir est une face d’une pièce, dont l’autre est la responsabilité.
Une gouvernance en trois dimensions
Le fantasme du tout horizontal qui est une façon de faire opposition au tout vertical du modèle dominant peut induire une forme d’égalité dogmatique où tout devrait être décidé par tous. Le tout horizontal devient alors un dictat qui réinstalle en polarité les écueils du tout vertical. On remplace l’autoritarisme d’une personne par l’autoritarisme du groupe, c’est-à-dire que rien ne peut se faire sans son accord.
La dimension verticale en gouvernance partagée est assumée, souhaitée et entretenue. -> saine verticalité rendre à l’individu sa capacité à exprimer sa souveraineté, sa créativité singulière, sa différence, son talent.
... La dimension de la profondeur est cet espace sensible que nos organisations classiques ont mis de côté, voir considéré comme tabou ... Enfin, changer la culture du conflit stigmatisé comme négatif vers une vision du conflit fécond, qui quand il est accueilli et géré est source de croissance nous ouvre les portes vers la maturité du groupe et donc son efficience.
Le chemin autant que le résultat
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Une raison d’être évolutionnaire
... passer d’un paradigme du prévoir et contrôler, à un paradigme du ressentir et ajuster ... Si nous interagissons et produisons radicalement autrement, peut être produirions nous autre chose, vers d’autres objectifs ?
... revisiter l’ensemble de notre façon de penser la société
Article paru dans la revue Alternatives non-violentes N° 191 I juin 2019
L’art de partager le pouvoir, Nouvelles gouvernances
Ndlr :
- Le changement de paradigme (passer du prévoir&contrôler au ressentir&ajuster) colle formidablement bien avec celui du changement d'ère géologique, l'anthropocène donc PLPDLA ! Valoriser ACT
- cette "saine verticalité" coconstruite peut être qualifiée de "VERTICALITÉ ASCENDANTE", contrairement à la verticalité descendante traditionnelle. Dans les cas où les deux coexistent dans une organisation, si elles ne sont pas articulées, il y aura des problèmes ! Constat que l'on peut faire dans de nombreuses organisations actuelles... Valoriser ACT
Il y a 2 ansPlus / Universite du Nous - UdNPRO
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AdN ARCHE Octobre 2017
Commun de la connaissance produit au service de la communauté apprenante UdN dans le cadre d'un séminaire Hum!.
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Connu / https://my.framasoft.org/u/ind1ju/?n00QZg
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P26 "Ceux qui parlent d’écologie sans aborder frontalement la question de la vie quotidienne sous tous ses aspects, ceux qui n’ont à la bouche que les mots « compensation », « bilan carbone », « développement durable », « green tech », « transition », « empreinte écologique », ceux-là parlent une langue morte, celle de la comptabilité du désastre.
Pour esquisser les fondements d’une écologie communale et révolutionnaire, ancrée dans la vie quotidienne, peut être faudrait-il repartir de la notion d’écosophie de Félix Guattari. Pour lui, la question écologique se situe à la lisière de trois registres : « celui de l’environnement, celui des rapports sociaux, et celui de la subjectivité humaine ». Dans le bocage de Notre-Dame-des-Landes s’expérimentent des formes de vie commune à même de tenir inséparés ces trois registres de l’écologie, comme en témoigne notre relation à la forêt."
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un bien commun dont les habitants jouissent simultanément, apprenant laborieusement à concilier, à superposer et à ménager leurs multiples usages, apprenant aussi à prendre soin du bocage comme s’ils prenaient soin d’eux mêmes, à réparer le monde pour les prochaines générations d’habitants. Cette expérience
vécue est à rapprocher de la définition du communisme que donnait Karl Marx dans « l’idéologie allemande » comme le dépassement « de l’antagonisme entre l’homme et la nature, entre l’homme et l’homme. »
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p30 ... seule une forme de propriété collective peut garantir une dimension intergénérationnelle qui dépasse l’espérance de vie des usagers actuels. Tant que nous n’aurons pas renversé la propriété privée de la terre et des moyens de productions pour y substituer une propriété d’usage ... C’est dans cette tentative d’invention coutumière, plus que les stratégies de détournement d’outils juridiques existants (bail de fermage, fonds de dotation) que réside tout l’intérêt de ce qui se vit dans le bocage de Notre-Dame-des-Landes ... Pour que l’absence de l’État ne reconduise ni le règne libéral du chacun fait ce qu’il veut, ni la loi du plus fort, ni la guerre de tous contre tous, encore faut-il constituer les germes d’une autonomie communale ... L’État se pose comme le garant de l’absence de guerre civile tout en s’adonnant bel et bien à des formes plus ou moins euphémisées de guerre civile contre sa population. La dimension la plus explicitement visible de ce double-jeu est la militarisation du maintien de l’ordre. Aurait-on seulement imaginé il y quelques années, qu’un tank puisse faire face à des manifestants sur lesquels il est devenu banal de tirer avec des armes de guerre ?
Jusqu’où nous mènera l’extension illimitée de l’état d’exception dans les démocraties occidentales ? ... Renverser le pouvoir en place est absolument nécessaire mais notoirement insuffisant. Pour que la destitution signifie plus qu’un simple renversement du régime, voire même pour qu’un tel renversement soit possible, encore faut-il constituer, ou plutôt faire consister autre chose localement.
La ZAD nous a confronté de plein fouet à l’extrême difficulté de retisser de la communauté politique, de réinventer des us et coutumes, de substituer à la loi républicaine des règles communes élaborées par et pour une communauté d’habitants suffisamment soudée, solide et puissante pour les faire appliquer.
Pendant cinq années entre 2013 et 2018, l’apparente absence du pouvoir institué nous a cruellement mis face à tout ce qu’il reste en nous de pouvoir incorporé : libéralisme existentiel, individualisme, recroquevillement dans les identités et les idéologies, incapacité à faire communauté sans tradition. ... Ou pour le dire plus subtilement : d’une communauté d’abord fondée sur un refus (même si elle portait en elle une positivité), à une communauté avant tout soudée autour d’une affirmation, d’un devenir ... L’une de nos erreurs, c’est d’avoir laissé dire que la diversité de la communauté négative était une force en soi et pour soi. C’est aussi d’avoir eu besoin du mythe de l’unité dans la diversité au point de faire passer les six points pour l’avenir de la ZAD comme la position du mouvement anti-aéroport. Or si toutes les composantes du mouvement ont validé le texte, c’est au forceps. En réalité, les six points incarnaient plutôt la position d’une frange active de chaque composante.
Trop longtemps, nous avons occulté les violents conflits qui ont toujours traversé le mouvement afin de donner à l’ennemi l’apparence d’une indéfectible unité. Nous nous sommes efforcés de ne rien laisser transparaître des batailles internes qui nous ont traversées entre 2013 et l’abandon du projet. Celles-ci venaient toucher des questions extrêmement sensibles : les conséquences pratiques de la vie sans police; l’accès aux champs et aux parcelles agricoles; l’usage des routes, chemins et sentiers; la cohabitation de rapports antagonistes à la nature et à l’agriculture; certains comportements individualistes et actes de malveillance envers nos voisins des bourgs alentours ou envers d’autres habitants de la ZAD, etc ... Ce que nous apprend l’expérience de la ZAD, c’est que si la communauté négative recèle une considérable puissance de destitution, construire une commune depuis une simple juxtaposition de différences, une addition d’identités antagonistes est en revanche impossible. La commune exige un liant bien plus consistant que la diversité tactique face à l’ennemi commun. ... En l’absence de tradition séculaire comme au Chiapas, c’est dans l’avènement de nouvelles formes contemporaines de créolisation que se situe l’assise culturelle des nouvelles communalités à venir. ... Ce que la créolisation recèle de magique et de sublime, c’est qu’elle relie ensemble des identités absolument hétérogènes. Elle leur offre un langage commun, sans pour autant les fondre et les confondre. ... une forme de créolisation politique qui reste à inventer.
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XI COMMUNISATION ? ... la communisation des terres ne peut être octroyée par l’État. La communisation est un processus. Elle ne se décrète pas. C’est une mise en partage en acte par et pour les habitants de chaque localité. La communisation se construit. ... Le temps que l’inconséquence libérale-libertaire ne fragmente absolument tous les liens. ... Que l’on se penche par contraste sur les communes rurales aragonaises de 1936, ou sur le mouvement révolutionnaire zapatiste, alors on découvrira des tentatives de communisation des terres. Un processus qui commence par une prise et répartition des terres à l’échelle de chaque localité, et qui ménage toujours de l’espace pour une multiplicité d’usages collectifs, individuels et familiaux. Le commun ne s’impose pas mais s’appose à des expériences et des solidarités qui se tissent au long cours. On pourrait même dire qu’il s’apprend. ... nous avons la naïveté de nous réjouir que le bocage de Notre-Dame-des-Landes abrite de telles expériences de communisation des terres plutôt que des parkings, une tour de contrôle et un duty-free. Là réside notre victoire. ... souligner comment la ZAD, du 22 Février 2014 aux émeutes de 2016 contre la loi travail en passant par celles pour Rémi Fraisse, a contribué à sa mesure au retour de l’offensivité dans les rues de Nantes. Elle a apporté une pierre à l’émergence du contexte politique agité que nous connaissons aujourd’hui, comme en témoignent les cabanes de palettes qui ont fleuri l’année dernière sur tous les ronds-points de France. ... situation insurrectionnelle » une situation dans laquelle il y a une vacance du pouvoir en un lieu et un temps donné ... Depuis le mouvement contre la loi travail jusqu’au surgissement des gilets jaunes, la combativité dans la rue est remontée d’un cran, renouant avec des formes de conflictualité dont tout laissait à croire qu’elles appartenaient à un passé historique révolu.
Mais si nous ne voulons pas que ces insurrections en puissance continuent de « s’étrangler au stade de l’émeute », si nous désirons qu’elles accouchent d’un moment révolutionnaire, il s’agit de commencer partout à préfigurer localement le monde que nous voulons voir advenir. Nul besoin d’attendre le renversement total de l’économie ou la destitution de l’État républicain pour s’auto-organiser dans et contre le monde capitaliste. ... Aucun village, aucune ville moyenne n’a été épargné par la fièvre jaune ... stratégie d’encerclement qui débute aux portes des hypercentres métropolitains. ... Si notre époque n’est pas pré-révolutionnaire, alors elle est sans avenir.
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Prendre de la hauteur, du recul. Sortir de la médiocrité sentencieuse du commentaire
Dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, Rémi Fraisse était tué par un gendarme. Il s’opposait à la construction du barrage de Sivens, déclaré par la suite illégal. Cinq ans plus tard, la famille du jeune homme réclame toujours justice et la possibilité d’un nouveau barrage émerge.
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Apifera, l’association des naturalistes locaux, qui a quitté le collectif Testet en début d’année 2019 afin de retrouver sa liberté de parole : après avoir à nouveau alerté sur le risque d’un nouveau projet de barrage au début de l’été https://www.liberation.fr/france/2019/07/19/a-sivens-le-barrage-refait-surface_1741048, l’association s’est retirée des négociations à la suite de la réunion du 9 septembre dernier.
... De leur côté, les collectifs d’habitants comme Tant qu’il y aura des Bouilles ou les ex-zadistes ont maintenu leur refus de participer à ces discussions, jugeant que le résultat était connu d’avance https://reporterre.net/La-concertation-a-Sivens-un-jeu-de-dupes-pour-faire-avaler-une-nouvelle-pilule.
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La situation des zones humides dans la vallée de Sivens reste précaire https://reporterre.net/A-Sivens-la-bataille-pour-restaurer-la-zone-humide-commence
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Une vérité qui reste toujours empreinte de nombreuses zones d’ombres sur la nature réelle des ordres donnés ce week-end là https://reporterre.net/Remi-Fraisse-les-gendarmes-ont-tente-de-saboter-l-enquete-Voici-comment.
La mémoire de la mort de Rémi Fraisse reste, elle, encore vive dans l’esprit des militants locaux. En écho aux violences policières subies par d’autres dans les manifestations, ils organisent avec les Gilets jaunes du Tarn un Acte 50 « contre la répression d’État des mouvements sociaux », à Gaillac, près de Sivens, ce samedi 26 octobre.
Les réponses sur le potentiel futur barrage comme sur l’avenir judiciaire de l’affaire Fraisse seront, elles, connues dans l’hiver.
Voulue par Emmanuel Macron, la convention citoyenne pour le climat se réunit pour la première fois aujourd’hui avec pour mission d’« accélérer la transition écologique ». Cette démarche originale suscite cependant des questions. Reporterre les analyse.
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On retrouve ainsi parmi les signataires de la lettre adressée au gouvernement, où le collectif mentionne pour la première fois une assemblée citoyenne, Bertrand Pancher, naguère proche de François Fillon, pronucléaire et favorable au projet Cigéo d’enfouissement des déchets radioactifs, ou Carole Delga, l’ancienne secrétaire d’État chargée du Commerce et de l’Artisanat sous le gouvernement Valls.
Ce collectif est suspecté par plusieurs militants d’avoir opéré une forme de trahison et de récupération de la lutte des Gilets jaunes. Alors que le mouvement était matraqué et gazé chaque samedi par les forces de l’ordre, tandis que les groupes de Gilets jaunes refusaient dans leur majorité l’hypocrisie du « grand débat national » et qu’ils tentaient de se structurer avec des assemblées populaires, les Gilets citoyens ouvraient un espace de négociation avec le pouvoir. Le terme Gilet citoyen est en soi « une violence symbolique », selon le philosophe Maxime Chedin membre de la revue en ligne Terrestres, contacté par Reporterre. « Il y aurait d’un côté les Gilets jaunes, factieux, incontrôlables que l’on conspue et de l’autre côté des Gilets citoyens, sérieux et responsables, ouverts au dialogue. »
« En proposant cette convention, reprise par Macron à l’issue du “grand débat”, ils ont offert une sortie politique au gouvernement. Ils l’ont aidé à passer la contestation sans rien lâcher sur l’ISF [impôt de solidarité sur la fortune], le CICE [crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi] ou la fiscalité écologique des entreprises les plus pollueuses », poursuit le chercheur.
Cette convention aurait servi en quelque sorte de bouée de sauvetage. « Quand le monde réel est trop conflictuel, il est tentant pour le pouvoir de créer un micro-espace sous contrôle, une “France miniature” plus maîtrisable », pense le sociologue Christophe Bonneuil.
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Greenpeace voit dans cet outil, « une manière de faire diversion » et une forme de procrastination : « Par cette manœuvre, le gouvernement se dédouane de ses responsabilités et repousse le moment d’agir, alors que les solutions sont connues depuis longtemps et que des textes importants pour le climat, comme la loi d’orientation des mobilités ou la loi Climat-Énergie, sont déjà en cours d’examen », écrit l’ONG dans un communiqué.
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Un gouvernement qui frappe et mutile les manifestants est-il réellement capable de laisser les citoyens décider à sa place ? Il est permis d’en douter, comme le montre l’exemple des États généraux de l’alimentation ou la récente consultation sur les pesticides. « L’enfumage écologique du gouvernement a depuis quelques mois la finesse d’un nuage de gaz lacrymos, note Maxime Chedin, il vise d’ailleurs le même effet de dispersion. »
La convention pourrait être une manière de faire peser sur les citoyens le poids d’une relance de la taxe carbone, qui obtiendrait, de ce fait, une onction démocratique.
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À l’échelle de la France, les 10 % les plus riches émettent huit fois plus de gaz à effet de serre que les 10 % les plus pauvres. Cent firmes sont à elles seules responsables de plus de 70 % des émissions mondiales de carbone. Des auditions de chefs d’entreprise ou d’acteurs du monde économique sont déjà prévues, comme celle d’Augustin de Romanet, le PDG d’Aéroports de Paris.
Mathilde Imer, du comité de gouvernance, assume cette position. « Voulue par Emmanuel Macron, la convention citoyenne pour le climat se réunit pour la première fois aujourd’hui avec pour mission d’« accélérer la transition écologique ». Cette démarche originale suscite cependant des questions. Reporterre les analyse.La convention doit permettre de faire bouger tout le monde, y compris des gens du Medef, des entreprises. Sans cela on ne pourra embarquer toute la société française. »